Bénin: « il n’y a pas plus souverain que nous » ou quand Talon tance les extrémistes de la souveraineté

Le 28 juillet 2025, à l’occasion d’un dialogue avec la jeunesse béninoise, le président Patrice Talon a livré un discours fort sur la notion de souveraineté. Sans jamais les citer, il a répondu aux discours extrémistes de dirigeants dits souverainistes ou d’activistes comme Kemi Seba, figure du panafricanisme radical originaire du Bénin, qui prône une rupture totale avec les puissances occidentales. Patrice Talon a proposé une lecture plus pragmatique, plus responsable et moins émotionnelle de la souveraineté, loin de l’anti-occidentalisme caricatural promu par certains.

Pour le président béninois, la souveraineté n’est pas un slogan de rejet, ni un prétexte pour se fermer au monde : « On peut être dans un partenariat et être souverain. On peut être dans la coopération et être souverain. Notez-le pour de bon. » Dans un monde globalisé, clamer l’indépendance en chassant la France, les États-Unis ou l’Allemagne pour mieux se précipiter dans les bras de la Russie ou de la Chine n’est pas une preuve de maturité politique. C’est juste changer de dépendance.

Talon a pointé cette incohérence : « Ceux qui ont chassé les Français, les Américains, les Allemands… ça y est, ils ont vaincu le terrorisme ? » Une manière de rappeler que les postures symboliques n’ont jamais fait reculer les djihadistes ni sorti un pays de la pauvreté.

Au lieu de cette radicalité contre-productive, le président béninois défend une souveraineté fondée sur la conscience de soi, la responsabilité et l’ambition collective : « La souveraineté, c’est la conscience qu’on a de soi. C’est la volonté qu’on a de soi à agir avec responsabilité, sans se courber devant l’autre. » Pour lui, un État souverain est un État capable de défendre ses intérêts, même en partenariat : acheter des armes à l’étranger, oui, mais avec ses propres ressources et en fixant ses conditions.

Le président va plus loin en déconstruisant l’illusion selon laquelle la souveraineté s’obtient par la rupture : « On n’a pas besoin de rompre tous les liens de partenariat, tous les liens de coopération pour programmer sa souveraineté. » Il répond ainsi à ceux qui pensent que rejeter l’Occident est synonyme d’émancipation, oubliant qu’on peut se soumettre à d’autres puissances sous des formes différentes.

Dans ce discours, Patrice Talon rappelle que l’indépendance réelle ne se crie pas, elle se construit dans la durée, avec discipline, travail et dignité. « Le fait de solliciter l’autre en s’ignorant soi-même, en refusant de faire les efforts soi-même, peut vous amener à perdre votre souveraineté », prévient-il. Une leçon directe à ceux qui attendent des aides étrangères tout en fustigeant les partenaires occidentaux.

Pour Talon, le Bénin peut être petit en taille et en population, mais grand par sa vision, son ambition et son exigence envers lui-même. « Petit territoire, petite population, mais grand peuple. Et ça, il n’y a pas plus souverain que nous », déclare-t-il avec fierté, soulignant que les échecs actuels ne relèvent pas d’une domination étrangère, mais d’un déficit temporaire de moyens et de capacités.

En somme, ce discours du chef de l’État béninois remet les pendules à l’heure face aux surenchères populistes et aux slogans panafricanistes déconnectés de la réalité. Il rappelle que l’avenir de l’Afrique ne réside ni dans le rejet dogmatique de l’Occident ni dans une nouvelle forme de soumission, mais dans la capacité de chaque État à dialoguer d’égal à égal avec le monde, en s’adossant à sa propre force intérieure.

Wakili Alafé

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire