JEU D’AFFICHAGE en Côte-d’Ivoire

À la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI), il y a une révolution de palais. Un peu plus de quatre mois après sa naissance, en grande pompe le 10 mars 2025, ce regroupement initial de 25 partis et mouvements politiques n’a plus de coordonnateur principal mais une présidente.

Le 19 juin, le PDCI-RDA, fer de lance de cette Coalition, a choisi de faire bande à part; il s’est allié avec le PPA-CI dans le « Front commun ». Cheick Tidjane Thiam, son président, a déserté le navire de la CAP-CI où il était le seul capitaine. Le siège de ce parti septuagénaire n’accueille plus les réunions de la Coalition.
Ainsi, Mme Simone Ehivet Gbagbo, anciennement porte-parole principale, en est désormais la tête de file. Et c’est au siège de son parti, le MGC, ou à sa résidence privée que les dirigeants de CAP-CI se retrouvent désormais.
Ceux qui voyaient l’ancien parti unique jouer un rôle de tampon entre les anciens leaders de l’ex-majorité présidentielle (LMP, sous le pouvoir de Gbagbo), devenus aujourd’hui ennemis jurés, en sont restés pour leurs frais. Il a simplement tourné casaque. Et le 16 juillet, le divorce a été consommé, malgré des revendications politiques identiques (présidentielle inclusive et transparente, reforme de la CEI, reprise du dialogue politique avec le pouvoir, révision de la liste électorale avant le scrutin présidentiel).

Pendant que le « Front commun » était au siège du PDCI-RDA pour présenter ses organes constitutifs et déclarer sa guerre pour « éviter un mandat de trop » d’Alassane Ouattara, CAP-CI, de son côté, recevait une délégation du RHDP, conduite par Cissé Ibrahim Bacongo, secrétaire exécutif du parti présidentiel, dans un jeu d’affichage.
Après avoir perdu un membre très influent et un partenaire de poids, CAP-CI veut prouver qu’elle n’est pas à l’article de la mort. Mais, elle se trouve d’autant à la croisée des chemins que, sans image tutélaire, elle est traversée par de forts courants contraires, face aux centres d’intérêt et aux agendas des uns et des autres.
Et elle a commencé à courir le risque du panier de crabes. À l’instar du « Front commun », qui a suspendu sa participation à la CEI, elle a récusé, le 20 juin, l’organe électoral pour défaut de crédibilité et légitimité et refusé, dans la foulée, de donner la liste de ses coordinateurs pour la formation au parrainage.
Mais très vite, elle va négocier un virage à 180 degrés. Le 11 juillet, elle décidait de s’engager, à son corps défendant, dans le processus électoral et de participer au parrainage citoyen.

C’est dans cette navigation à vue que CAP-CI a rencontré le parti présidentiel alors que c’est le gouvernement, et non son appareil politique, qu’elle interpelait sur la nécessité du dialogue politique. Et à cette étape, elle a présenté des failles. Le FPI, ancien partenaire du RHDP, a boycotté la rencontre qu’il a assimilée à une perte de temps et à une opération cosmétique.

En réalité sans sceau de l’État, toute discussion relève de la poudre de perlimpinpin dans le sens où aucune décision ne peut engager aucune partie.

Ce n’est pas tout. Au cours des échanges, CAP-CI n’a pas présenté un visage uni; des divergences apparaissant entre les uns et les autres dans les débats. Et c’est Mme Simone Éhivet Gbagbo qui a vu juste, en déclarant: « Nous parlons d’une même voix, mais pas d’une seule voix. »

La menace d’une cacophonie est donc réelle avec le risque accru d’une dispersion dans un désordre de bataille.

F. M. Bally

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire