Côte d’Ivoire, ou pays des exceptions / par Charles Koudou

Bref Historique

Depuis 1958, la Côte d’Ivoire vit d’exceptions avec la fusion des
partis politiques au stade Géo André (actuel stade Houphouët
Boigny) pour ne retenir que le PDCI-RDA. Le prétexte était
qu’il fallait construire d’abord une nation et progressivement
aller vers le multipartisme (exception). L’idée pouvait être noble
si les conditions y étaient réunies, bref. De 1960 jusqu’en 1990,
l’exception a continué avec l’élimination des opposants en 1963,
1968, 1970, 1983. En 1990, la Côte d’Ivoire a raté son train de
démocratie se contentant du multipartisme. La plupart des
ivoiriens pensent d’ailleurs que le multipartisme est la
démocratie, ce qui est faux. Certains se prennent même pour les
parents de la démocratie alors qu’elle n’existe pas en Côte
d’Ivoire.

Je pense que nos constitutions depuis 1960 sont nos réels
problèmes parce qu’elles sont fondées sur l’esprit des accords
d’indépendance. Qui ne se souvient de cette phrase “En Côte
d’Ivoire l’étranger est roi” sous le règne du PDCI. Les
gouvernements successifs ont toujours été bourrés d’étrangers.
Les constitutions ivoiriennes cherchent à faire plaisir aux leaders
du moment alors que la constitution doit être écrite sans
complaisance et dans l’intérêt du pays tout entier.
Ainsi, jusqu’en 1990, le PDCI gérait seul le pays depuis 1960
tuant et emprisonnant tout opposant. C’est en cette année 1990
que les opposants venus de l’Université de Cocody ont profité du
vent de l’Est avec la tombée du mur de Berlin et la Conférence
de la Baule en France pour exiger non pas la démocratie mais le
multipartisme. Le multipartisme a donc été obtenu. Mais et
après?

Ne vivons-nous toujours pas comme au temps du parti unique?
Celui qui est au pouvoir contrôle tout sans contre pouvoir
(l’armée, le trésor, la communication, la justice, le parlement, le
sénat, etc)? Celui qui est au pouvoir (PR) n’a pas de salaire fixe,
s’octroie un fond de souveraineté. Des partis politiques
d’opposition existent certes mais qui sont l’ombre d’eux mêmes.
Le PR s’octroie donc un fond de souveraineté dont le montant
varie et est décidé à sa guise. Il nomme qui il veut sans avis de
qui que ce soit, nomme une partie de sénateurs, contrôle tout
sans rendre compte à qui que ce soit, est obligé de se rendre
constamment en France pour rendre compte selon l’esprit des
accords d’indépendance. Voilà en gros comment le pays a
toujours fonctionné et ADO n’a rien inventé.

ADO et le RDR/Rebellion

En 2002 il y a eu une tentative de coup d’État transformée en
rébellion créant la division du du pays en deux. Ce conflit mal
géré a débouché néanmoins sur des élections bidons en 2010
aggravant du coup la situation. Les rebelles n’ont pas été
désarmés et leur mentor a été autorisé à se présenter aux
élections (exception).

La France, grand supporter de ce mentor, veillait au grain
comme dans un match de football. L’ arbitre corrompu dit à
l’équipe qui corrompt faites tout pour tomber dans la surface de
réparation et je sifflerai un penalty. Alors Alassane, pourvu que
tu sois candidat et nous les français on s’occupent du reste, c’est
ce qui s’est passé. Alors il a été candidat exceptionnel parce que
non éligible. Celui qui l’a rendu candidat exceptionnel à oublier
naïvement qu’un candidat exceptionnel peut gagner une
élection. Aujourd’hui des gens se plaignent qu’il gouverne mal
et refuse de partir. Mais à ceux-là, je réponds que le pays a de
tout temps été gouverné ainsi en complicité avec la France.
Ainsi Ouattara a été candidat exceptionnel en 2010, puis
candidat dérivé en 2015 selon son président de la cour
constitutionnel décédé. Au passage en 2005, l’autre adepte des
exceptions est restait au pouvoir sans élections alors qu’il disait
que “la guerre était derrière nous et que le pays n’était plus
coupé”.

En 2020 Ouattara disait qu’il se présentait comme candidat
parce qu’on était dans la deuxième république avec la nouvelle
constitution de 2016 donc il pouvait se présenter et personne ne
pouvait broncher. De plus, son dauphin constitutionnel était
décédé, la même France le soutenant disait que “c’était un fait de
force majeur”, d’après M. Emmanuel Macron. Ce qu’ils ne
peuvent jamais accepter chez eux en Occident. Des opposants à
cette candidature pour le troisième mandat ont été tués en Côte
d’Ivoire. La tête d’un jeune homme a servi de ballon de football
à Dimbokro. A la justice, le procureur de la République n’a rien
vu. La constitution ivoirienne on s’en fout, l’application des lois
ne nous concerne pas.

Puis arrive 2025, que faire? Va t-il se présenter au quatrième
mandat et en tant que qui? Ouattara sera encore
exceptionnellement candidat au même titre que tout le monde
afin que le pays soit en paix, voilà le plan qui se murmure à
l’ONU. L’application de nos lois et même la constitution peut
attendre, moi Ouattara je ne suis pas concerné. Je serai candidat
si je le veux sans fournir de dossier, sans respecter les délais de
la Commission électorale, etc (exception ivoirienne).
Tous les potentiels candidats avaient jusqu’au 20 Juin de délai
de rigueur pour déposer la liste de leurs représentants pour les
parrainages. Le RDR ne l’a pas fait, s’accrochant au bon vouloir
de leur mentor qui est en train de réfléchir. Et pourtant et fait
paradoxal, sa campagne est déjà lancée avec la nouvelle vidéo
d’Aicha Koné “Merci Ado” financée sur fonds publics, et le
rapprochement de CAP-CI avec le RDR. Les leaders de CAP-CI
(Simone Gbagbo, Blé Goudé, Affi Nguessan, Boni Claverie, etc)
tous sont désormais pro-Ouattara.

Le PDCI et Thiam

En 2025 le même PDCI qui nous avait imposé Alassane revient
nous imposé un autre et presque dans les mêmes conditions: il a
fait des études en économie, il a été directeur de Credit suisse,
etc avec une nationalité controversée. Pour être président d’un
pays on a pas besoin de tous ceux que le PDCI cite. J’invite le
PDCI à regarder autour de nous en Afrique et ailleurs dans le
monde.

Alors, dès le décès d’Henri Konan Bédié, le clan majoritaire au
PDCI sort son joker, Tidjane Thiam avec une nationalité
controversée comme Ouattara, humiliant presque tous les
potentiels candidats et compagnons de Bédié. Les membres de
ce clan qui le supportent savent très bien que ses deux parents
Marietou et Amadou Thiam n’ont jamais été ivoiriens. Mais
Mariétou sa mère fut nièce du président Houphouët.
Voilà le prétexte tout trouvé pour faire de lui le candidat du
PDCI aux présidentielles. Yamoussoukro est le village maternel
de sa maman Mariétou dont la mère fut cousine du président
Houphouët. Amadou Thiam a été ministre de l’information sous
Houphouët puis Ambassadeur de Côte d’Ivoire au Maroc. Il a
pris sa retraite à Dakar, ville où il a été enterré par ses enfants
après sa mort.

Le PDCI est dominé par les adeptes du matriaka qui disent qu’il
est ivoirien en tant que nièce d’Houphouët. Soit, peut être mais
être ivoirien ne veut pas forcément dire qu’on est éligible. Selon
la constitution il n’est pas éligible parce que ces deux parents
biologiques ne sont pas ivoiriens, même pas un. Laissons même
cette histoire de double nationalité de côté mais regardons bien
la constitution, ses deux parents ne sont pas ivoiriens même pas
naturalisés, ils ont gardé leur nationalité française ou sénégalaise
même quand ils bénéficiaient des privilèges du Président
Houphouët. Alors que le PDCI arrête sa comédie. D’ailleurs,
pourquoi chercher toujours des candidats aux nationalités
controversées?

Comment le PDCI veut que les gens nous regardent nous
ivoiriens? Que depuis 1960, le pays a été incapable de former
des intellectuels ivoiriens qui peuvent diriger la Côted’Ivoire?
Aujourd’hui on s’achemine vers des candidatures exceptionnelles
de Thiam, Soro, Blé, Gbagbo et même Ouattara.

Les supporteurs de Thiam sont de mauvaise fois en même temps
que lui-même. Pour quelqu’un qui veut diriger un pays, il ne
devrait pas jouer avec les lois du pays. On ne regarde pas le
corrigé d’un devoir avant d’aller composer, c’est de la tricherie,
rien que pour ça il ne devrait même pas prétendre être candidat,
moralité oblige. Un tricheur ne peut pas prétendre être président,
juste pour question de moralité et d’éthique.

Président du PDCI, qu’il était quelqu’un l’a dénoncé et
rapidement il s’est vu obligé de décliner son titre pour
réorganiser un nouveau congrès pour être réélu après avoir
engagé des démarches pour renoncer à sa double nationalité.
C’est une demande qu’il a faite, elle n’a pas encore abouti
d’ailleurs et on réorganise un autre congrès pour refaire de lui le
président encore. Tout ça c’est de la comédie. Il devrait le faire
avant sinon c’est placer la charrue avant les bœufs, pauvre
PDCI. Thiam est forclos en 2025, 2030, 2035, 2040, etc tant que
la constitution reste en état.

Le cas Gbagbo.

Voici quelqu’un qu’on a été incapable de juger et que la CPI a
jugé sur ordre de Ouatara. Le régime Ouattara a payé plusieurs
témoins sur fond du contribuable ivoirien. Il a même fait appel
et a échoué à le faire condamner. Les témoins de Gbagbo n’ont
même pas comparus. Il a remporté le procès et est autorisé à
rentrer en Côte d’Ivoire. A son arrivée, on lui colle une
condamnation de 20 ans sous prétexte de vol à la BCEAO.
A quelle occasion derrière lui ce fameux jugement a été
prononcé et par quel juge ? Pourquoi le régime RDR n’a-t-il
donc pas suspendu le procès à la CPI au lieu de gaspiller des
milliards de francs dans un procès qui n’a servi à rien? Pourquoi
Ouattara le plaignant ne demande-t-il pas à la CPI si c’est pas
Gbagbo c’est qui alors l’auteur des 3,000 morts? L’exception
ivoirienne.

Je ne blanchis pour autant pas Gbagbo, lui qui se dit démocrate
en prenant précipitamment l’article 48 pour nous envoyer un
candidat d’exception? D’après lui c’est Ouattara qui interprétait
en Anglais pour lui devant Thabo Mbeki comme s’il ne pouvait
pas s’offrir les services d’un interprète à lui. Qui a-t-il consulté
avant de faire de lui un candidat exceptionnel? Même pas ses
collaborateurs encore moins le peuple par référendum, lui qui est
devenu vagabond de partenariat. Hier c’était le front republicain
avec le RDR, aujourd’hui c’est le front commun avec le PDCI.
Tout cela juste pour avoir le pouvoir et jouer avec ce pouvoir,
retourner à la rue Princesse, rien de plus. Le pouvoir est devenu
une fixation. Ce n’ira nulle part. Le PDCI ne votera jamais
pour Gbagbo.

Mais à mon avis lui et Soro méritent bien cette correction que
Alassane leur inflige. Gbagbo et Soro ont été très naïfs tout
comme Bédié l’avait été avec son appel de Daoukro. Ils savent
ce qu’ils veulent c’est à dire le pouvoir mais ne savent pas
comment y arriver. Gbagbo, lui avait toutes les cartes en main
quand il était au pouvoir. Il avait l’armée et le peuple avec lui
mais n’en a pas profité. On le traitait de xénophobe de ceci de
cela. Regardez le monde: tous les dirigeants du monde sont
devenus xénophobes. Depuis le 21 Juin 2024, Gbagbo a encore
échoué lui que le monde entier voulait célébrer pour avoir
remporté un procès historique. Lui qui mélange politique donc
les affaires et les affections personnelles.
Était- il obligé d’humilier son épouse qui fut aussi sa camarade
de lutte au profit d’une maîtresse? Pourquoi a-t-il été
incapacable de faire la paix avec Affi N’guessan, Mamadou
Koulibaly et Blé Goudé? Il veut le pouvoir pour lui et lui seul
sans contestation interne et externe, drôle de démocrate. Se
rend-il compte qu’à part le PDCI de Thiam, l’opposition au RDR
ne se résume qu’à l’ensemble de ses compagnons d’hier qu’il
dénigre audjourdhui?

Quelle élection demogratique compte t-il remporter dans ces
conditions en réduisant son électorat ? Il les expose dans les bras
de Ouattara et de Thiam. Il refuse de prononcer le nom de Blé
Goudé mais est devenu l’ami de Soro, drôle de Gbagbo Laurent.
Gbagbo fabrique ses propres ennemis, ses propres adversaires.
Sait-il qu’un autre front est en train de se préparer contre lui à
partir de l’Est du pays? Il lui suffirait tout simplement de faire la
paix avec tous ses collaborateurs d’hier en distinguant les
affaires et le sexe. Thiam et son clan matriaka du PDCI ne lui
accorderont jamais leurs voix. De toutes les façons c’est un front
juste pour faire barrage au quatrième mandat pas plus.

Soro Guillaume

Si on était dans un pays équilibré, Soro serait aujourd’hui à la
CPI pour répondre de ses crimes et non chercher à être
président. Son seul langage devrait être mes excuses à tout le
peuple de Côte d’Ivoire et la suite viendrait après.

Blé Goudé

C’est un jeune qui a certes de bonnes intentions mais il parle
trop, s’éparpille et se contredit même dans beaucoup de cas.
Je déduis de tout ça que les politiciens ivoiriens n’ont pas de
conviction, ils sont guidés par leurs intérêts personnels. Ils ne
travaillent pas pour le pays. Un pays doit être dirigé selon sa
constitution et ses lois et tout le monde doit les respecter sans
exception jusqu’à les changer un jour par des mécanismes
démocratiques. Voici ce qui arrive lorsqu’on va d’exceptions à
exceptions dans un pays. C’est sur cette base que la
communauté internationale s’apprêterait à sortir la liste des
candidats à la prochaine élection présidentielle.

Ma suggestion

● Une nouvelle constitution débarrassée des gènes du
système politique post colonial qui nous gouverne jusqu’à
présent et qui consiste à partager le pouvoir entre le PR et
la France
● Réduire les pouvoirs du PR sources de toutes les
convoitises et palabres
● Equilibrez en pratique les pouvoirs entre les institutions de
la république
● Supprimez le budget ou fond de souveraineté accordée au
PR sources de toutes les convoitises également
● Les principales nominations doivent être approuvées par le
sénat
● Plus de nominations de certains sénateurs par le PR. Tous
les sénateurs doivent être votés au même titre
● Les salaires du PR, Ministres, Présidents d’institutions, etc
doivent être approuvés par la cour suprême et confirmée
par le congrès et publiés
● Mettre fin à la mainmise du parti au pouvoir sur les médias
d’Etat (RTI et Frat Mat). Chaque partie a sa propre chaîne
privée.
● Éviter les exceptions du genre l’application de l’article 48.
Une loi est une loi. Elle ne peut pas plaire à tout le monde
mais tout le monde est contraint de l’appliquer. Supprimer
donc cet article dans la constitution.
● Retirez de la commission électorale les représentants des
partis politiques et ceux des présidents de l’Assemblée
nationale, du président de la république, du sénat, etc. La
commission électorale doit être constituée par des citoyens
sur appel de candidatures individuelles. Ils voteront par la
suite leur président sans aucune ingérence.

J’estime que ce sont là l’origine de nos problèmes politiques en
Afrique et en Côte d’Ivoire. Tout le monde veut le pouvoir ou
avoir son homme au pouvoir à cause des bénéfices financiers.
Enfin, aux leaders des partis politiques, arrêtez de manipuler les
populations et surtout vos membres, expliquez leur plutôt la
constitution et les lois qui en découlent, qu’ils soient des
citoyens modèles. Il n’y a pas que la présidence pour servir son
pays.

Je vous remercie

Dr. Charles Koudou, Administrateur de la Santé
Consultant Indépendant en Santé et Développement
Fondateur Conscience Nationale pour le Développement, un
parti politique en gestation.
koudoucharles@gmail.com facebook@charleskoudou

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