Résidant en France, Donatien Robé était à fin mai à la mi-juin 2025. Au cours de son séjour, il s’était déclaré candidat à l’élection d’octobre. Avant son retour pour les activités liées à sa candidature, il jette ici, depuis Paris, un regard sur les conditions de préparation et d’organisation de la présidentielle. Il s’invite dans la contradiction au Ppa-Ci entre Ahoua Don Mello et Laurent Gbagbo dont il se déclare proche. Entretien …
Que pensez-vous du processus d’organisation de la future présidentielle à laquelle vous vous êtes déclaré candidat lors de votre séjour à Abidjan ?
Selon moi, toutes les conditions ne sont pas réunies pour des élections apaisées et inclusives. Il y a encore les leaders des principaux partis d’opposition qui ne sont pas sur la liste électorale pour diverses raisons qu’ils contestent. Je pense qu’on aurait pu éviter ces tensions, surtout que nous avons en mémoire l’histoire récente de notre pays. Je suis candidat déclaré à cette élection présidentielle mais j’ai un autre centre d’intérêt, à savoir proposer des idées de fond pour véritablement améliorer les conditions de vie des populations. Que je sois à cette élection ou pas n’est pas mon premier objectif. Mais j’aurais voulu que les conditions d’organisation de l’élection soient assouplies notamment en simplifiant les critères de parrainage.
Vous évoquez les principaux leaders des partis à savoir Gbagbo, Thiam, Blé et Soro qui sont éliminés pour le moment. Certains pensent qu’il est possible d’y aller sans eux avec des plans alternatifs dits plans B. Partagez-vous cette position ?
Je viens de le dire : exclure tous ces leaders n’est pas le signe de l’apaisement. Maintenant, le gouvernement peut bien ignorer toutes ces mises en garde et organiser les élections. Ce n’est pas ce qui n’a jamais été fait en Côte d’Ivoire. Mais les risques sont énormes et multiformes pour la Côte d’Ivoire.
Au Ppa-Ci Ahoua Don Mello a, dans sa note au président Gbagbo, suggéré la désignation par celui-ci de 2 ou 3 candidats de précaution comme palliatif à une éventuelle élimination de sa candidature. En tant que candidat déclaré et donc adversaire potentiel, une telle proposition vous semble-t-elle à propos ?
Je rappelle que je suis un partisan idéologique de Laurent Gbagbo même si je ne suis pas encarté au PPACI. Tous les pro Gbagbo ne sont pas obligés d’être militants de son parti. C’est comme le gaullisme en France. Mon souhait est donc que Laurent Gbagbo soit candidat afin que les idées de la gauche de gouvernement, c’est-à-dire la gauche social-démocrate soient à cette élection présidentielle. D’ailleurs, s’il est candidat, ma candidature n’aura plus d’objet. Sur la question de la note d’analyse du ministre Don Mello, il faut savoir que depuis l’époque du FPI, je sais que le débat interne a toujours été la règle de fonctionnement. Je pense que cette note s’inscrit dans cette logique. Le souci est que cette note s’est retrouvée dans la presse et sur les réseaux sociaux. Mais cela ne change rien sur le fond du sujet. Si Laurent Gbagbo ne peut pas être à cette élection, mon souhait est qu’une autre personne qui incarne les idées de gauche y soit. Je ne suis pas du PPACI mais de loin, je pense que Don Mello peut être cette personne. Bien évidemment, il y en a d’autres et c’est le PPACI qui choisira. Je pense aussi que dans toute stratégie, quel que soit le domaine, on prévoit toujours une solution de secours au cas où la principale ne marche pas. Il me semble que le ministre Ahoua Don Mello est dans cette logique. C’est ainsi que je comprends sa démarche. Visiblement, la direction de son parti ne partage pas sa vision. On verra bien ce que propose cette direction si jamais une solution politique n’est pas trouvée au cas du président Gbagbo. Je rappelle que le président Gbagbo avait lui-même dit que son parti ne ferait plus l’impasse sur les élections et qu’il participerait à toutes les élections. Par ailleurs du point de vue des intérêts géopolitiques, je continue à croire qu’une candidature du ministre Ahoua Don Mello pourra favoriser l’inscription du président Laurent Gbagbo sur la liste électorale. C’est ma profonde conviction. Je le dis parce que Laurent Gbagbo est moins radical sur les intérêts stratégiques de la France en Côte d’Ivoire. Il est très politique sur certains dossiers comme le FCFA. Or Don Mello est plus radical sur le FCFA et bien d’autres dossiers. Une candidature de Don Mello voulue ou non par le PPACI peut inviter les BRICS, surtout la Russie à l’élection présidentielle ivoirienne. Selon moi, le seul moyen d’éviter cela, c’est d’empêcher la candidature d’une personnalité proche des BRICS, en l’occurrence Ahoua Don Mello. Vraisemblablement, seule la candidature du président Gbagbo peut amener le représentant des BRICS en Afrique occidentale et centrale à ne pas se présenter.
Par SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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