Par Fleur Kouadio

Le 6 juillet dernier les pays menbres des BRICS se réunissaient à Rio. Alors que certains pays africains manifestent leur intérêt pour intégrer ce groupe, la Côte d’Ivoire reste à l’écart. Ce choix n’est pas anodin. C’est une orientation diplomatique mûrement réfléchie, qui privilégie la stabilité et l’efficacité à toute forme d’alignement idéologique.
Une position claire, sans surenchère
Depuis une dizaine d’années, la diplomatie ivoirienne s’inscrit dans une logique d’équilibre : Un renfort des partenariats économiques, sans rompre avec les institutions internationales. Donc dans ce contexte, rejoindre un groupe aussi disparate que les BRICS ne constitue pas une priorité.
Composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, le bloc se veut une alternative à l’ordre occidental. Mais il est traversé de contradictions profondes : tensions sino-indiennes, ambitions divergentes, absence de mécanismes communs solides. La Côte d’Ivoire n’a aucun intérêt à s’y fondre.
Une méfiance face aux arrière-pensées chinoises
Le rôle de la Chine dans les BRICS est central. Pékin s’en sert comme d’un levier pour étendre son influence, notamment en Afrique, où ses investissements massifs dans les infrastructures sont bien connus. Mais derrière ces projets se cachent souvent des logiques de dépendance économique, de contrôle stratégique et un agenda diplomatique qui ne sert pas toujours les intérêts africains.
Pour la Côte d’Ivoire, maintenir des relations bilatérales avec la Chine, sans passer par une alliance formelle comme les BRICS, permet de garder la main. Adhérer signifierait, de manière indirecte, valider la volonté de Pékin de remodeler les équilibres mondiaux à sa manière.
Des priorités ivoiriennes clairement définies
La Côte d’Ivoire a ses propres urgences : industrialiser son économie, sécuriser ses approvisionnements, attirer des investissements crédibles et diversifiés. Elle construit son avenir avec pragmatisme, en s’appuyant sur des partenaires stables : Union européenne, États-Unis, Banque africaine de développement, Japon, Corée, et même Chine, dans une relation bilatérale contrôlée.
Les BRICS ne constituent pas, à ce jour, un espace structuré capable d’apporter des garanties tangibles sur ces priorités. Ni leur monnaie commune encore théorique, ni leur système bancaire parallèle ne répondent aux exigences d’un pays qui cherche la rigueur, pas la rupture.
Une neutralité stratégique assumée
Ne pas rejoindre les BRICS, ce n’est pas refuser le changement. C’est choisir de ne pas céder à la tentation du contre-modèle. Dans un monde en recomposition, la Côte d’Ivoire mise sur la cohérence, la stabilité et l’ouverture. Elle observe, elle échange, mais elle ne se précipite pas.
Tant que les BRICS ne deviendront pas un espace réellement coopératif, avec une gouvernance claire et des bénéfices concrets pour ses membres, leur attrait restera limité pour les États africains soucieux de préserver leur souveraineté.
F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info
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