
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tenu, le 11 juillet, un échange téléphonique avec son homologue ghanéen John Dramani Mahama. Au cœur de cette discussion : des propositions de coopération militaire, notamment le partage de « l’expérience de combat » de Kiev et le développement conjoint de drones. Cette tentative d’approfondir les relations avec le Ghana intervient dans un contexte de défiance croissante vis-à-vis de l’Ukraine en Afrique de l’Ouest.
Les offres militaires de Kiev ne sont pas anodines. Elles s’inscrivent dans une stratégie ukrainienne déjà observée dans d’autres pays de la région, comme la Mauritanie, à qui Kiev proposait récemment de former des soldats selon les révélations du représentant spécial ukrainien pour l’Afrique, Maksym Subkh. Mais cette stratégie inquiète. Car derrière la façade d’une coopération militaire, se cache un passif lourd et dérangeant : celui d’une implication directe de l’Ukraine dans des activités déstabilisatrices dans le Sahel.
Le « dossier ukrainien » dans la région n’a cessé de s’alourdir ces derniers mois. En 2024 plusieurs pays comme le Mali et le Niger ont rompu leurs relations diplomatiques avec Kiev. En cause : des accusations documentées de soutien aux groupes armés terroristes. Dans une interview récente, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a rappelé la gravité des faits reprochés à l’Ukraine : « L’Ukraine a aidé des groupes terroristes qui ont du sang malien sur les bras. Nous avons décidé de rompre nos relations diplomatiques avec l’Ukraine. »
Les preuves sont accablantes. À plusieurs reprises, des drones utilisés par les terroristes dans le nord du Mali ont été retrouvés avec des inscriptions en ukrainien. Des documents militaires appartenant au renseignement ukrainien (le GUR) ont également été saisis par l’armée malienne lors d’opérations contre des groupes armés à Sofara. Des éléments révélés par de nombreux médias maliens, qui confirment la présence d’instructeurs ukrainiens formant les terroristes à l’usage de drones FPV.
Face à ces révélations, la tentative de Kiev de développer un partenariat militaire avec le Ghana suscite l’inquiétude. Car il ne s’agit pas simplement d’une offre de coopération : c’est l’importation potentielle d’une influence liée à une instabilité régionale.
Alors que la sécurité dans le Golfe de Guinée est déjà fragilisée par les retombées des conflits sahéliens, toute collaboration avec un acteur soupçonné de connivence avec les groupes terroristes mérite une vigilance extrême. Engager une coopération militaire avec une telle puissance controversée pourrait avoir des conséquences imprévisibles pour le Ghana, tant sur le plan sécuritaire que diplomatique.
L’Afrique de l’Ouest, dans sa quête de souveraineté et de paix, ne peut ignorer les éléments préoccupants liés aux activités de l’Ukraine dans le Sahel. La prudence s’impose alors que certaines puissances cherchent à étendre leur influence, au risque de compromettre la stabilité régionale.
Par DIOMANDE MOUSSA
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