Depuis l’apparition de Nady Bamba-Gbagbo dans le premier cercle de Laurent Gbagbo, le récit politique et personnel de l’ancien président ivoirien semble avoir basculé. De son retour en Côte d’Ivoire en juin 2021 – loin du triomphe espéré après dix années passées à La Haye – à l’isolement progressif des figures historiques de la galaxie Gbagbo, tout donne à penser que les choix relationnels du leader du PPA-CI ont lourdement pesé sur la dynamique de son camp.
Dans les coulisses du parti, nombreux sont ceux qui pointent du doigt l’influence grandissante de Nady Bamba, considérée par certains comme la vraie maîtresse des horloges au sein du PPA-CI. Son nom revient systématiquement lorsqu’il s’agit d’expliquer l’éloignement de figures majeures comme Simone Ehivet-Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan ou Charles Blé Goudé etc. Pour beaucoup, le PPA-CI – que Laurent Gbagbo a fondé après son divorce politico-conjugal – aurait été façonné en partie à l’image de cette alliance nouvelle, sans réelle assise militante.
Selon plusieurs sources internes, Nady Bamba nourrirait des ambitions politiques personnelles, au point de verrouiller toute tentative d’émergence de nouveaux visages dans le parti. Aucun dauphin ne semble toléré dans le système actuel. Résultat : un parti vieillissant, à la direction figée par ses vieillards, dont le seul candidat pour l’élection présidentielle de 2025 reste un homme de 80 ans, encore frappé d’inéligibilité et affaibli par la décennie de prison.
Ce décalage devient de plus en plus criant face aux attentes de la jeunesse ivoirienne, avide de renouvellement et de leadership alternatif. Le contraste est saisissant avec l’émergence de nouvelles figures politiques plus en phase avec leur contemporain, notamment Assalé Tiémoko ou encore Tidjane Thiam.
Mais c’est la récente passe d’armes – feutrée mais bien réelle – entre Nady Bamba et Ahoua Don Mello, vice-président du parti, qui semble cristalliser une fracture profonde. En contestant la simple idée d’une « candidature de précaution » en cas d’empêchement de Gbagbo, la garde rapprochée autour de Nady semble prête à sacrifier toute stratégie d’anticipation sur l’autel d’un absolutisme politique. Une posture qui pourrait s’avérer périlleuse pour l’avenir même du parti.
À trop vouloir protéger un héritage, on risque parfois de le précipiter dans l’oubli. Et à force d’écarter les esprits indépendants, on finit par gouverner dans le vide. Le PPA-CI survivra-t-il à cette ligne rigide et centralisée ? Rien n’est moins sûr. Une chose est cependant certaine : la politique ivoirienne est en train de tourner une page, avec ou sans ceux qui refusent d’en écrire ses pages suivantes.
Présidentielle 2025 – Le PPA-CI minimise la lettre de Don Mello et accuse le RHDP de faire « diversion »
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