Côte-d’Ivoire PPA-CI : Don Mello appelle à des candidatures de précaution et plaide pour une alliance stratégique avec les BRICS et l’AES

Ahoua Don Mello alerte le PPA-CI et plaide pour un tournant géopolitique majeur – Il alerte et propose une double riposte : candidatures de précaution et arrimage stratégique aux BRICS et à l’AES

Dans une lettre au ton ferme et à la portée géopolitique assumée, adressée au président Laurent Gbagbo, l’ancien ministre et intellectuel panafricaniste Ahoua Don Mello tire une véritable sonnette d’alarme. À moins de trois mois d’une présidentielle décisive pour l’avenir démocratique du pays, il appelle la direction du PPA-CI à ne pas sous-estimer les manœuvres d’empêchement et à envisager, dès maintenant, des « candidatures de précaution ». Une stratégie défensive pour éviter une éviction du parti du jeu électoral, dans un contexte de plus en plus imprévisible.

Mais le propos de Don Mello va bien au-delà des considérations électoralistes. Ingénieur-docteur et analyste avisé des rapports de force internationaux, il appelle à un changement profond d’orientation stratégique pour la Côte d’Ivoire. Selon lui, le temps est venu de rompre la dépendance historique à l’égard de l’Occident, dont il dénonce le déclin accéléré, et de s’aligner clairement sur les blocs émergents du Sud global. Il plaide pour une adhésion déterminée de la Côte d’Ivoire au groupe des BRICS élargis (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Égypte, Émirats, etc.) et à l’Alliance des États du Sahel (AES), perçus comme des pôles d’émancipation et de souveraineté.

« Il est temps de cesser de s’accommoder d’un monde en déclin, celui de l’Occident, et de rejoindre le camp de l’avenir », écrit-il, dans une critique directe du positionnement diplomatique actuel d’Abidjan. Il poursuit : « Le Sud global, sous l’impulsion des BRICS, monte en puissance sur tous les plans, tandis que l’hégémonie occidentale entraîne dans sa chute tous ses alliés. Nous ne sommes plus seuls comme en 2011. Le régime est désormais isolé. »

Dans sa ligne de mire : la reconfiguration totale des alliances stratégiques de la Côte d’Ivoire. Pour Don Mello, seule une refondation géopolitique autour de la souveraineté monétaire, économique, militaire et politique permettra au pays de ne pas rater le virage du nouveau monde en gestation.

Cette intervention forte et assumée ne se contente donc pas de défendre la position de Gbagbo ou du PPA-CI ; elle repositionne la bataille électorale dans un contexte global de rééquilibrage des puissances et des valeurs. En affirmant la nécessité d’un ancrage résolu dans l’axe BRICS-AES, Don Mello redonne au combat politique ivoirien une dimension historique et civilisationnelle.

Et l’avertissement final est sans détour : soit l’Occident — en particulier la France — accepte de jouer le jeu démocratique et garantit à la Côte d’Ivoire une présidentielle sans trucage ni exclusion, comme récemment au Sénégal ; soit le pays basculera irrémédiablement vers une nouvelle sphère d’influence géopolitique, plus conforme aux aspirations des peuples africains.

Le choix est désormais entre la continuité d’un système à l’agonie, ou l’entrée dans un avenir multipolaire.

LA LETTRE DE DON MELLO

Abidjan, le 29 Juin 2025

OBJET : Élections présidentielles d’Octobre 2025 en Côte d’Ivoire.

Camarade Président,

J’ai l’honneur de porter à ta connaissance ce qui suit :

Nous sommes à un tournant décisif de l’Histoire de l’humanité et de celle de la Côte d’Ivoire. Ces deux Histoires sont intimement liées.

En effet, l’Histoire de l’humanité connaît aujourd’hui un grand basculement :

Le Sud global, sous la direction des BRICS, monte en puissance sur tous les plans, tandis que l’hégémonie occidentale entraîne dans son déclin tous ses alliés.

La Côte d’Ivoire doit éviter d’être un des wagons du monde en déclin et un de ses chevaux de Troie.

Empêcher le Président Ouattara ou son régime de faire un autre mandat, c’est éviter à la Côte d’Ivoire d’être entraînée dans ce déclin dont les signes avant-coureurs résident dans l’incapacité du régime à faire face aux échéances de la « digna dette » sur fonds propres et à relever un Indice de Développement Humain (IDH) trop faible qui plonge chaque jour davantage le peuple dans la pauvreté.

Ainsi, deux solutions s’offrent au peuple et à l’opposition ivoirienne qui incarne ces aspirations : soit empêcher sa candidature, soit battre M. Ouattara ou son candidat dans les urnes.

Sauf cas de force majeure, empêcher sa candidature est une bataille perdue d’avance car le Conseil Constitutionnel, clone de l’Exécutif, exprimera la volonté de M. Ouattara en ignorant le Droit.

Depuis sa candidature exceptionnelle de 2010 jusqu’à sa candidature pour cause de décès de son successeur, en passant par sa candidature par dérivation, M. Ouattara n’a fait que piétiner le Droit et les Institutions de la République.

Si par extraordinaire M. Ouattara est empêché, le régime se régénérera avec un nouveau candidat, sans adversaire de poids en face ; ce qui prolongera d’une décennie encore la souffrance du peuple sous le même régime.

Lâché par le peuple et par ses voisins qui ont servi de relais et de masques à l’hégémonie occidentale pour le porter au pouvoir, celui-ci ne tient que par les béquilles d’une minorité de partisans qui se nourrit de l’État comme d’un butin de guerre et pour nourrir l’Occident qui renforce sa présence militaire afin de compenser et de contenir ses anciennes puissances déclinantes en régime.

Il est donc temps pour l’opposition qui l’incarne, de reprendre l’avantage avec sa propre Commission électorale, sa propre liste électorale, son propre électorat en combattant la fraude et en initiant une diplomatie active pour inverser les rapports de forces internes et géopolitiques.

Nous ne sommes plus seuls comme en 2011 et le régime est isolé.

Seule notre désunion, l’absence d’une vision et d’une stratégie réaliste, font la force de ce régime.

Malheureusement les deux poids lourds de l’opposition qui viennent de faire alliance ont un carton rouge :

Toi et Tidiane THIAM.

La colère que cette situation engendre est légitime mais la colère est souvent mauvaise conseillère et autodestructrice. La tentation d’abandonner le match est donc grande mais, comme les élections précédentes, cela ne donnera pas la victoire à l’opposition, n’empêchera pas M. Ouattara de faire un quatrième mandat ni de précipiter le déclin de la Côte d’Ivoire dans l’abîme de la paupérisation et du surendettement.

En lieu et place d’une légitime colère alimentée par l’incertitude sur l’issue de la lutte ou d’un abandon du match qui déroulera le tapis rouge à M. Ouattara, par conséquent, celui-ci activera le rouleau compresseur contre le peuple et l’opposition qui l’incarne.

De ce qui précède et étant donné que tu as engendré plusieurs GBAGBO capables de relever le défi, je propose que tu autorises, en plus de ta candidature, deux ou trois autres Camarades à déposer leurs dossiers de candidature et qu’une Convention extraordinaire puisse choisir le candidat du Parti parmi ceux qui passeront au filtre du Conseil Constitutionnel.

Ces candidatures ne sont pas des candidatures de substitution à la tienne mais des candidatures de précaution. Elles deviennent caduques au cas où ta candidature est retenue par une solution politique.

Il faut éviter de répéter la politique de la chaise vide au risque de vider le Parti de sa substance non idéologique et non résiliente après les élections de 2025 et de perdre toute influence sur la scène politique.

Cette stratégie est l’unique condition pour éviter au PPACI une absence à ce grand rendez-vous de l’Histoire.

Ce qui permettra à notre pays de s’échapper du monde en déclin et d’être à la table des Grands pour la conception et la mise en œuvre d’un monde multipolaire et d’un destin commun avec l’Alliance des États du Sahel, de l’Afrique de l’Ouest et du continent Africain.

Je propose, en cas de victoire de notre candidat, une transition civile de deux ans, à toute la classe politique et à la société civile, pour rendre justice et honneur au peuple qui a tant souffert et tant perdu, et aux leaders politiques injustement exclus du jeu politique afin d’asseoir les bases de la Côte d’Ivoire réconciliée, souveraine et panafricaniste, sur les fondations d’une démocratie durable dans un monde multipolaire.

Je te prie d’agréer, Camarade Président, l’expression de ma très haute et déférente considération.»

(Ahoua DONMELLO)

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