- Le Pôle pénal dresse le bilan de ses actions en 3 ans
Créé par décret présidentiel N°2022-193 du 11 mars 2022, sur les bases du 5e cabinet d’instruction du tribunal de première instance d’Abidjan, le pôle pénal, économique et financier (Ppef) est une juridiction qui fait parler d’elle en Côte d’Ivoire. Sur ses installations sises carrefour Chu dans les versants de l’Université de Cocody, le Ppef est devenu un os dans la gorge des malfrats spécialisés dans les crimes à caractères économiques et financiers.
Peu connu du grand public mais craint par les bandits à col blanc, grands dealers et autres, le Ppef s’est ouvert au grand public lors de sa première journée citoyenne vendredi 11 juillet 2025 dans les jardins du tout nouveau Novotel Marcory boulevard Vge. Sa présidente, l’intraitable et puissante magistrate Blanche Abané, le garde des sceaux ministre de la justice, l’ambassadeur de l’Allemagne en Côte d’Ivoire dont le pays est influent au sein de l’Union européenne, le Représentant du Trésor Américain, le Représentant de Expertise France, le Coordonnateur National des Renseignements, des juges, des avocats, des étudiants en droit et des justiciables de tous ordres étaient tous réunis. Les uns pour un partage d’expérience, les autres pour faire connaître dans ses démembrements et fonctions la juridiction chargée de réprimer les crimes économiques et financiers tels que le financement du terrorisme, le blanchiment d’argent, le trafic de drogue, le trafic d’êtres humains, l’escroquerie à grande échelle, la corruption…
Et si la Côte d’Ivoire est sur le banc des accusés en figurant sur la liste des pays à risque selon les critères de l’Union européenne, le Garde des sceaux, ministre de la justice Sansan Kambilé invite à plus de circonspection dans cette perception de son pays. Il présente le Ppef comme la réponse étatique pour laver la Côte d’Ivoire de cette salissure.
« La Côte d’Ivoire a considérablement renforcé son cadre institutionnel de lutte contre la criminalité organisée, la corruption, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Le Pôle Pénal Économique et Financier est l’un des piliers en la matière. Spécialisée dans la poursuite, l’instruction et le jugement des infractions économiques et financières les plus complexes, cette juridiction mène un travail exigeant avec rigueur, constance et discrétion », contre-attaque-t-il de son ton calme mais opiniâtre. Il a invité chaque citoyen à être un agent de lutte contre ces crimes en aidant le pôle à jouer pleinement son rôle dans notre appareil judiciaire.
L’ambassadeur d’Allemagne en Côte d’Ivoire qui a pris la parole à l’ouverture de la journée citoyenne s’est fait le porte-voix du Ppef en saluant une coopération exemplaire et les résultats tangibles obtenus avec le soutien de son pays qui finance la gouvernance judiciaire dans notre pays. « Grace au PPEF, les infractions liées au blanchiment des capitaux sont maintenant plus systématiquement visées dans les poursuites judiciaires, le renseignement financier est davantage utilisé de façon adéquate pour développer les preuves et rechercher des produits du crime ». Avec son discours, la Côte d’Ivoire pourrait-elle espérer sortir dans les meilleurs délais de la liste noire de l’Ue ? L’ambassadeur est optimiste tout en donnant des conseils sur les défis à relever pour accentuer le travail du pôle. « Oui, des marges de progression existent et des défis restent encore à relever. Toutefois, ces progrès significatifs, Monsieur le Ministre, sont indéniablement imputables à la volonté politique des hautes autorités ivoiriennes », a-t-il encensé avant de lancer ces propos pleins de sens : «La lutte contre la criminalité économique et financière ne peut fonctionner que si les comportements répréhensifs sont résolument sanctionnés : Le PPEF a donc un rôle très important à jouer ! »
Un bilan élogieux, des crimes qui se complexifient
La société civile par la voix de son porte-parole a salué l’initiative du ministère de la justice. « Nous resterons des acteurs spontanés, et toujours ouverts à la collaboration et la co-construction de l’action publique. En conclusion, nous réaffirmons ici que la société civile est debout, déterminée à assurer sa part de leadership et son rôle de contre-pouvoir aux côtés des institutions dans ce combat qui est celui de toute une nation et de toutes les générations car la lutte contre la corruption est un devoir commun et une exigence démocratique », a déclaré le porte-parole de la société civile.
Par la suite, la présentation du Ppef qui a suivi les discours a permis d’en savoir un peu plus sur ses actions dont des chiffres ont été donnés. En 3 ans d’existence, ‘’1964 procédures ont été traitées, 1174 clôturées et 819 jugées, illustrant l’efficacité et la cadence soutenue de ses investigations. Ces procédures ont permis la saisie de nombreux biens meubles et immeubles, parmi lesquels 97 immeubles bâtis, des milliers de véhicules, ainsi que des centaines de comptes bancaires dont les soldes sont estimés à plus de 15 milliards de francs CFA’’, a révélé Sansan Kambilé dans son discours. Le Ppef n’a pas manqué de souligner la complexité de sa tâche. En effet, a fait savoir Mme Zirimba greffière en chef dans sa présentation, les criminels deviennent de plus en plus imaginatifs en changeant de méthodes face aux dispositifs de lutte. Toute chose qui reste selon elle, un défi mais qui n’est pas insurmontable.
SD à Abidjan
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