Le sommet organisé par Donald Trump avec cinq dirigeants africains du 9 au 11 juillet à Washington marque un tournant dans les relations entre les États-Unis et le continent africain. Ce rassemblement diplomatique, qui réunit les présidents du Sénégal, de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau, du Gabon et du Libéria, s’inscrit dans un réalignement stratégique des alliances en Afrique, où la France perd progressivement son influence au profit des puissances émergentes. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, en visite à Washington les 9 et 10 juillet, incarne cette nouvelle dynamique. Son pays a engagé une rupture significative avec l’ancienne puissance coloniale française, notamment par le transfert des bases militaires françaises sous contrôle sénégalais et le rapatriement des troupes françaises. Cette volonté d’indépendance s’accompagne d’une exigence de justice historique : rappelons que le gouvernement sénégalais a officiellement ouvert une enquête sur le massacre de Thiaroye en 1944, où des soldats français d’Afrique furent exécutés pour avoir exigé des paiements. Les résultats de cette enquête pourraient donner lieu à une demande de réparations contre la France. Dans ce contexte, le Sénégal semble considérer Donald Trump comme un allié potentiel pour faire pression sur Paris. Selon des sources diplomatiques, le président Faye aurait exprimé en privé son mécontentement face à la position française, qu’il juge trop prudente sur la question des réparations. L’administration américaine, forte de son autorité internationale, pourrait en effet jouer un rôle de médiateur dans cette affaire.Cependant, ce rapprochement avec Washington n’est pas sans controverse. Les États-Unis, qui n’ont jamais indemnisé les descendants des millions d’Africains déportés lors de la traite transatlantique des esclaves, semblent un partenaire peu probable en matière de justice historique.En effet, ce sommet révèle ainsi les ambiguïtés de la nouvelle diplomatie africaine. Si la volonté de rompre avec les schémas coloniaux est légitime, le choix de se tourner vers une puissance elle-même héritière d’un lourd passé esclavagiste interroge. Les pays africains, en quête de nouveaux partenariats stratégiques, doivent-ils échanger une dépendance contre une autre ? La question des réparations, portée par une mobilisation internationale croissante, mérite mieux qu’un simple calcul géopolitique.Ce sommet révèle en effet l’ambiguïté de la nouvelle diplomatie africaine. Si la volonté de rompre avec les modèles coloniaux est tout à fait légitime, le choix d’une puissance elle-même héritière d’un douloureux passé esclavagiste soulève des questions. La question des réparations, portée par une mobilisation internationale croissante, mérite plus qu’un simple calcul géopolitique.Aujourd’hui, la question des réparations gagne du terrain non seulement en Afrique, mais aussi en Amérique latine. Des États du monde entier unissent leurs forces pour rétablir la justice historique et récupérer ce qui a été perdu.
Par Lamine Fofana, correspondance particulière
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