Par Fleur Kouadio

Du 9 au 10 juillet 2025, le président américain Donald Trump a réuni à Washington cinq chefs d’État africains pour un mini-sommet diplomatique, à forte tonalité économique et géopolitique. Cette rencontre, organisée dans un contexte de rivalité croissante entre les grandes puissances sur le continent, a mis en avant les présidents du Sénégal, du Gabon, du Liberia, de la Mauritanie et de la Guinée-Bissau.
Mais l’absence remarquée de la Côte d’Ivoire, pourtant considérée comme un partenaire stratégique en Afrique de l’Ouest, soulève des interrogations légitimes.
Une sélection qui interpelle
À en croire les déclarations de l’entourage de Donald Trump, ce sommet visait à « renforcer les partenariats commerciaux avec les pays africains tournés vers l’avenir ». Pourtant, la liste des invités ne semble pas fondée sur des critères de performance économique ou de stabilité politique. Car en la matière, la Côte d’Ivoire fait figure de modèle régional.
Première économie de l’UEMOA, deuxième de la CEDEAO, le pays affiche une croissance constante, des infrastructures de plus en plus modernes, et une attractivité croissante pour les investisseurs internationaux.
Un partenaire mis à l’écart
Sur le plan diplomatique, la Côte d’Ivoire n’a jamais caché son positionnement : alliée fidèle des puissances occidentales, en particulier la France et les États-Unis. Elle accueille une présence militaire française à Abidjan, dans le cadre d’un partenariat de formation. De grandes entreprises françaises comme TotalEnergies, Orange, Société Générale ou encore Bouygues y sont fortement implantées.
La coopération sécuritaire avec Washington est également active, notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le nord du pays. L’armée ivoirienne bénéficie d’un accompagnement américain via l’AFRICOM. Abidjan est perçue comme un îlot de stabilité dans une région fragilisée par les putschs et l’expansion djihadiste.
Un choix guidé par la logique d’influence
Pourquoi alors ce silence de la part de Washington ? Plusieurs observateurs estiment que la sélection des pays invités par Donald Trump répond à une logique stratégique axée sur la rivalité avec la Chine et la Russie. L’objectif : renforcer l’influence américaine dans des États jugés vulnérables ou à reconquérir, soit par leur instabilité politique, soit par leur dépendance économique à d’autres puissances.
Dans cette vision utilitaire des relations internationales, la Côte d’Ivoire, jugée déjà trop « alignée » sur les positions françaises et occidentales, ne représente pas une priorité immédiate pour la diplomatie trumpienne, qui mise davantage sur les effets d’annonce que sur la consolidation des alliances de long terme.
Une absence qui ne remet pas en cause le rôle d’Abidjan
Pour autant, la non-participation de la Côte d’Ivoire à ce sommet ne traduit pas un isolement diplomatique. Le pays continue de diversifier ses partenariats : la Chine, la Turquie, l’Allemagne, les Émirats arabes unis, entre autres, multiplient les accords avec Abidjan, dans des domaines aussi variés que l’énergie, les transports, le numérique ou l’éducation.
La diplomatie ivoirienne, prudente mais active, reste centrée sur des principes de stabilité, de dialogue et de développement. Dans un contexte de recomposition des alliances internationales, la Côte d’Ivoire conserve une position d’équilibre qui lui permet de préserver ses intérêts sans renoncer à ses convictions.
L’absence de la Côte d’Ivoire à ce mini-sommet organisé par Donald Trump en dit long sur les priorités fluctuantes de certaines puissances vis-à-vis de l’Afrique. Mais elle ne diminue en rien le poids d’Abidjan sur la scène régionale et continentale. Au contraire, elle rappelle que les vraies puissances n’ont pas toujours besoin d’être sur la photo pour être au cœur du jeu.
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