Le Parlement européen examine ce lundi à Strasbourg une motion de censure visant la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Un acte exceptionnel — le dernier en date remonte à plus de dix ans — qui reflète une accumulation de tensions autour de son style de gouvernance et de plusieurs polémiques persistantes.
Le “Pfizergate”, symbole d’un déficit de transparence
Au cœur de cette fronde parlementaire figure le désormais célèbre “Pfizergate”. Durant la crise du COVID-19, Ursula von der Leyen aurait négocié directement par SMS avec le PDG de Pfizer pour l’achat de près de 2 milliards de doses de vaccin. Or, ces échanges demeurent confidentiels, malgré une décision de la Cour européenne exigeant leur publication. Ce refus alimente les accusations de manque de transparence formulées par ses opposants.
La motion de censure est portée par le juriste roumain Gheorghe Piperea, membre du groupe conservateur ECR, qui a réussi à recueillir les 72 signatures nécessaires pour son dépôt. Bien que la probabilité de voir la motion adoptée soit très faible — le vote prévu jeudi ne devrait pas réunir la majorité des deux tiers requise —, le débat en séance plénière, en présence de von der Leyen et de l’ensemble de ses commissaires, révèle une Commission fragilisée politiquement.
Un soutien politique en recul, une présidente de plus en plus contestée
Ursula von der Leyen bénéficie encore du soutien du Parti populaire européen (PPE), sa famille politique, ainsi que de la position de principe des sociaux-démocrates, des libéraux et des Verts, qui refusent de s’associer à une initiative portée par l’extrême droite. Toutefois, le climat n’est plus à l’enthousiasme. Nombre de ses anciens soutiens s’inquiètent de son glissement vers la droite, de son recul sur les politiques climatiques et de sa réserve face aux violations du droit international à Gaza.
Critiques internes : autoritarisme et centralisation du pouvoir
Au sein même de la Commission, des voix s’élèvent contre un mode de gouvernance jugé trop autoritaire. Ursula von der Leyen est accusée de marginaliser ses commissaires et de prendre seule les décisions importantes. L’ancien négociateur français du Brexit, Michel Barnier, a dénoncé des “tendances autoritaires”. Plusieurs eurodéputés se sentent également exclus du processus décisionnel, ce qui accentue le malaise institutionnel.
Une motion vouée à l’échec, mais un signal politique fort
Malgré ces critiques, la motion n’a aucune chance d’aboutir, tant le seuil requis reste hors d’atteinte. Mais cet épisode envoie un signal politique clair : la présidente von der Leyen entame son second mandat dans un climat de méfiance généralisée. Si elle reste respectée pour sa gestion des crises passées, elle apparaît désormais isolée et contestée, même dans son propre camp.
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