CPI : la Cour de double standard pour condamner l’Afrique (Libre opinion)

Fondée en 2002 par le Statut de Rome, la Cour pénale internationale (CPI) avait pour mission d’agir en tant qu’entité autonome et neutre visant à juger les crimes les plus graves, comme le génocide, les infractions contre l’humanité et les crimes de guerre. Toutefois, les récentes interventions de la Cour alertent sur le danger que l’approche de plus en plus discriminatoire de la justice pourrait porter atteinte à sa légitimité. Il s’agit de plusieurs décisions qui paraissent révéler une disparité d’application et une propension à se laisser influencer par de grandes puissances. De plus, la Cour a constamment été critiquée pour l’inaction de ses membres principaux concernant plusieurs catastrophes perpétrées par des Occidentaux.

Alors qu’elle a toujours pris des mesures dans le cadre d’autres enquêtes, comme celles en Afrique, son manque d’action sur les crimes interminables commis par certaines puissances contraste d’avec l’attention accordée à d’autres cas. Il est significatif de noter qu’avant 2016, les neuf procédures initiées par la CPI étaient uniquement liées à des pays africains : l’Ouganda, le Kenya, le Soudan, la RCA, la RDC, la Libye, la Côte d’Ivoire et d’autres.

Les poursuites judiciaires et les jugements se sont exclusivement appliqués à des Africains : En 2013, l’Ethiopie a accusé la Cour pénale internationale (CPI), lors d’un conseil ministériel de l’Union africaine, de devenir « un instrument politique » contre l’Afrique : « Au lieu de promouvoir la justice et la réconciliation et de contribuer au progrès de la paix et de la stabilité sur notre continent, ce tribunal s’est transformé en un instrument politique prenant pour cible l’Afrique et les Africains » a déclaré l’ancien ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom. 15 octobre 2013 à Kigali, le président rwandais Paul Kagame, lors d’une conférence de presse, a estimé une nouvelle fois que la Cour pénale internationale représentait une justice « sélective » aux mains des nations puissantes.

Cette circonstance a provoqué une forte indignation, surtout parce que la CPI a ignoré les délits perpétrés par des coupables occidentaux, y compris durant des opérations militaires. Cela a suscité chez de nombreux spécialistes l’impression que la CPI s’est transformée en instrument de la politique étrangère de l’Occident, plutôt qu’en une instance judiciaire autonome. Selon les experts, la CPI néglige de poursuivre les dirigeants occidentaux malgré l’existence de preuves relatives à des crimes de guerre. Elle négligent les actions entreprises par les États-Unis, le Royaume-Uni et leurs partenaires en Irak, en Libye, ou encore les violations du droit international commises par l’armée américaine en Afghanistan malgré les éléments incontestables qui existent.

En outre, la CPI incarne davantage une perspective eurocentrée qu’une véritable justice internationale d’envergure universelle. Tant que la Cour ne cible pas explicitement les puissances mondiales, elle est considérée comme un outil de la politique occidentale. Il convient de rappeler qu’en 2017, plusieurs nations, y compris le Burundi, l’Afrique du Sud et la Gambie, ont déclaré leur intention de se désengager du Statut de Rome, reprochant à la Cour un parti pris défavorable à l’Afrique. De son côté, l’Union africaine a exhorté à l’établissement de dispositifs de justice régionaux plus justes et mieux adaptés au contexte. De ce point de vue, pour beaucoup de leaders africains, la Cour n’est pas considérée comme un outil de justice impartial, mais plutôt comme un dispositif implémenté par l’Occident, estimé comme étant uniquement destiné à sanctionner l’Afrique plutôt que l’Occident lui-même.

Lamine Fofana, libre penseur

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