Utilisation frauduleuse d’un élément d’identification, obtention frauduleuse de numéraires par le biais de système d’information et blanchiment de capitaux, telles sont les charges retenues contre BMM et DL par le Pôle pénal économique et financier (PPEF) d’Abidjan, le 2 juillet 2025.
Les accusés sont passés à la barre pour répondre de leurs actes ciblant M. Durant, une Européenne d’origine espagnole. DL, Ivoirien, âgé de 24 ans, supposé vendeur de vêtements dans un magasin à Adjamé, a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Son complice, BMM, commerçant d’origine guinéenne et âgé de 25 ans, lui, n’a pas reconnu les faits. Pourtant, dans son téléphone, figurent des informations d’échanges et de transactions financières avec Mme Durant.
« Je ne la connais pas. Moi, je vends dans kiosque. Les clients prennent mon téléphone pour me payer par mobile money. Je vends également des habits avec DL. J’expose les habits sur internet avec mon téléphone. Si des clients sont intéressés, ils viennent au magasin. Je ne savais pas qu’il y avait des informations sur Durant dans mon téléphone », déclare-t-il pour se défendre.
C’est à BMM que les agents de police de la Plateforme de Lutte contre la Cybercriminalité (PLCC) se sont présentés comme des clients pour prétendre acheter des vêtements. Il a indiqué le magasin à Adjamé. A sa grande surprise, ce sont des agents de la PLCC qui se présentent. BMM et DL ont été arrêtés le 17 novembre 2024.
DL, interrogé à son tour, explique avoir tissé une amitié avec Mme Durant sur les réseaux sociaux. Il obtient d’elle une photo qu’il va transformer en une vidéo érotique grâce aux artifices informatiques. Voilà sa trouvaille de chantage. « C’est un montage informatique. J’ai mis sa photo dans une vidéo de perversité. Après, je lui ai demandé de l’argent, sinon je vais publier la vidéo. C’était en mars 2024 », précise-t-il.
Après plusieurs intimidations, il n’obtenait rien. DL se fera alors passer pour un agent d’Interpol. Avec un indicatif téléphonique d’Espagne, il contacte Mme Durant et l’informe être au courant d’une affaire de vidéo sur elle. Il demande à la dame de se soumettre aux recommandations du malfaiteur afin de quitter ce bourbier le plus vite possible. Durant ne sait pas qu’elle a affaire à une double fausse identité d’un « brouteur ». Elle finit par obéir aux ordres de du prétendu agent d’Interpol et suivre les instructions DL pour recevoir la rançon. Elle envoie l’argent par des versements mensuels qui atteindront le cumul de 600 000 francs CFA.
Les transferts de fonds sont reçus par DL sur le numéro et le téléphone de BMM. Mais DL tente de blanchir son compère en disant qu’ « il n’y est pour rien ». Son argument est rejeté par le procureur qui accuse BMM de complicité : « Vous savez lire et quelqu’un utilise votre téléphone plusieurs fois pour faire des choses sans que vous soyez informés. C’est impossible. Monsieur le Président, (Ndlr : président de l’audience) BMM et DL sont des complices coupables de fraude sur identité et rançonnage à travers l’outil informatique. C’est de la cybercriminalité, une infraction pénale. L’argent obtenu est investi dans l’achat de vêtements. C’est du blanchiment de capitaux puni également par la loi. Je requiers contre BMM et DL cinq ans d’emprisonnement et une amende de 20 millions de francs CFA chacun ».
L’Etat, constituant partie civile dans le procès, accule les accusés. Il soutient que la cybercriminalité est une source de troubles économiques pour les investisseurs. Il est d’accord avec les charges retenues contre les accusés. Le juge, quant à lui, donnera le verdict final le 23 juillet 2025.
Moussa I. Koné
Lebanco.net
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