Inculpé depuis le 19 juin pour « discrédit sur l’institution judiciaire » et « discrédit sur une décision de justice de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice », Joël N’Guessan, cadre du RHDP (parti au pouvoir), a présenté publiquement ses excuses aux magistrats ivoiriens, reconnaissant que ses propos tenus dans une interview ont pu heurter les acteurs de la justice.
Dans une note transmise par son avocat, Me Rodrigue Dadjé, l’ancien ministre des Droits de l’Homme indique avoir pris conscience, à l’issue de son audition ce vendredi, du caractère offensant de ses déclarations.
« J’ai réalisé que mon interview avait choqué beaucoup d’acteurs de justice, notamment les magistrats », écrit M. N’Guessan, en regrettant « sincèrement » l’impact de ses propos.
Il précise que son intention n’a jamais été de remettre en cause l’autorité de la justice ni de porter atteinte à l’honneur des magistrats :
« Loin de moi l’idée de les exposer à une quelconque forme de désapprobation publique. »
Des propos jugés graves par la justice
C’est à travers une interview accordée au média en ligne Lemondeactuel.com, publiée le 17 juin, que Joël N’Guessan s’est attiré les foudres du corps judiciaire. Dans cet entretien, il pointait directement la responsabilité des magistrats dans la non-délivrance d’un certificat de nationalité ivoirienne à Tidjane Thiam, potentiel candidat à la présidentielle de 2025.
« Ce ne sont pas les hommes politiques, ce sont les magistrats les premiers responsables si demain il y a des troubles dans le pays », avait-il déclaré.
« Ce sont certains magistrats qui sont à la base de tous les problèmes que nous avons connus. »
Ces propos ont été jugés suffisamment graves pour que le parquet décide de son inculpation et de son incarcération au Pôle pénitentiaire d’Abidjan, depuis le 19 juin.
Un geste d’apaisement dans un contexte tendu
Dans un climat politique de plus en plus tendu à l’approche de l’élection présidentielle, cette affaire intervient alors que les relations entre justice et sphère politique font l’objet d’un débat croissant, notamment autour de l’éligibilité de certaines figures de l’opposition ou de potentiels challengers du pouvoir en place.
La démarche de Joël N’Guessan, bien que tardive, vise clairement à désamorcer une crise naissante entre le pouvoir judiciaire et les responsables politiques.
Reste à savoir si ses excuses publiques seront suffisantes pour atténuer les poursuites judiciaires engagées contre lui, ou s’il devra en répondre jusqu’au bout devant les tribunaux.
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