Colère de la jeunesse togolaise face à la dynastie Gnassingbé : vers un tournant politique ?

 

La jeunesse se soulève contre le régime dynastique, la répression s’intensifie

Du 26 au 28 juin, de violentes manifestations ont secoué Lomé, la capitale togolaise, en réaction à une réforme constitutionnelle accusée de prolonger indéfiniment le pouvoir de Faure Gnassingbé, président depuis 2005 et héritier d’un règne familial de près de 60 ans. La réforme supprime notamment l’élection présidentielle directe et la limitation des mandats pour le nouveau poste de président du Conseil des ministres.

La répression a été brutale : au moins quatre morts, des dizaines de blessés, plus de 60 arrestations, selon la société civile. Des vidéos montrent des exactions policières, tandis que des voix comme celle de l’ancienne ministre de la Défense, Marguerite Gnakadé, dénoncent publiquement la dérive du pouvoir.

Une mobilisation portée par la jeunesse et la société civile

Les manifestations, majoritairement composées de jeunes de moins de 25 ans, expriment un rejet global du régime dynastique et des conditions de vie marquées par le chômage, les coupures d’électricité et la pauvreté. L’arrestation de l’artiste engagé Aamron a servi de catalyseur à cette mobilisation spontanée, née hors des partis traditionnels désormais affaiblis ou cooptés.

Des militants de la diaspora, artistes et ONG locales ont pris le relais d’une opposition usée. Des organisations civiques exigent des enquêtes indépendantes et dénoncent l’usage excessif de la force.

Un système répressif enraciné

Pour des observateurs comme Amnesty International, cette répression est structurelle et non conjoncturelle : arrestations arbitraires, tortures, impunité sont devenues des pratiques systématiques. L’espace civique au Togo est de plus en plus restreint.

Un changement est-il possible ?

Malgré le retour au calme apparent, la crise politique reste ouverte. Le pays ne dispose toujours pas de gouvernement deux mois après l’entrée dans la Ve République. L’absence d’alternatives crédibles et la militarisation du pouvoir rendent incertain l’avenir démocratique du Togo, même si la jeunesse, de plus en plus mobilisée, semble décidée à rompre avec l’ordre établi.

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