Ralliement de Guillaume Soro à Gbagbo : Blé Goudé reste sur ses gardes

Depuis Paris, l’ex-leader de la galaxie patriotique appelle les pro-Gbagbo à la vigilance face au retour d’anciens adversaires. En ligne de mire : Guillaume Soro.

En déplacement à Paris, Charles Blé Goudé a tenu, ce samedi 28 juin 2025, un discours sans ambiguïté devant des membres de la diaspora ivoirienne. Le président du COJEP (Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples) a appelé les militants pro-Gbagbo à faire preuve de prudence face à l’afflux, selon lui, de « frustrés politiques » au sein de l’opposition.

« Ivoiriens, méfiez-vous des frustrés politiques. Nous qui avons souffert, tous les pro-Gbagbo, méfions-nous des frustrés politiques », a-t-il lancé devant une salle attentive, sans nommer directement Guillaume Soro, mais en dressant un portrait qui ne laisse guère de doute.

Selon Blé Goudé, un homme politique véritable s’inscrit dans la durée et la cohérence, tandis que le « frustré politique » n’agit que par opportunisme :
« L’homme politique, on le met en prison, il sort, il continue. Le frustré politique, lui, revient vers toi quand il n’a plus de bonbons ailleurs. »

Ce message sonne comme une critique claire de Guillaume Soro, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, autrefois proche d’Alassane Ouattara, et désormais rallié au mouvement Trop c’est Trop lancé par Laurent Gbagbo pour contester une éventuelle nouvelle candidature du président sortant.

Blé Goudé n’a pas oublié les propos de Soro à l’époque où ce dernier soutenait activement le régime d’Abidjan :
« On nous met en prison, il dit “c’est très bien”. On est en exil, il dit : “S’ils ne se reprochent rien, ils n’ont qu’à rentrer !” »

Ironie de l’histoire : aujourd’hui, c’est Soro qui se trouve en exil, et qui en appelle à l’union des forces d’opposition – y compris avec ceux qu’il combattait hier. Une volte-face que Blé Goudé ne digère manifestement pas.

Face aux militants de son parti en France, l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo a rejeté tout rapprochement avec celui qui fut l’un des artisans de la rébellion armée de 2002 :
« Ça sera sans moi ! Quand quelqu’un t’a mis à terre et que Dieu t’a aidé à te relever, ne retourne plus vers lui. »

Ces déclarations mettent en lumière les lignes de fracture persistantes au sein de l’opposition ivoirienne, malgré les appels à l’unité. Et rappellent que les blessures du passé restent encore vives.

Avec Samuel Kadio

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