Par instinct de survie, le PDCI/RDA et le PPA-CI se mettent ensemble pour sauver la Côte-d’Ivoire
Le PDCI-RDA (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement Démocratique Africain) et le PPA-CI (Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire) ont signé un accord politique le jeudi 19 juin 2025. À cette occasion, le Président Laurent Gbagbo a officiellement lancé son mouvement « Trop c’est Trop » et présenté ses animateurs. L’objectif de cet accord politique entre les deux principales formations de l’opposition ivoirienne, dirigées respectivement par Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, est de créer les conditions d’une élection présidentielle inclusive, juste et transparente en octobre 2025.
Depuis la disparition du premier Président Félix Houphouët-Boigny en 1993, la Côte d’Ivoire traverse une crise politique et identitaire persistante. Trente-deux ans plus tard, le pays vit une situation extrêmement tendue à la veille de cette nouvelle échéance électorale. Le PDCI-RDA, héritier politique du « Père de la Nation », a vu sa responsabilité engagée dans la situation actuelle du pays, notamment à travers son alliance controversée avec le RDR d’Alassane Ouattara en 2005, jugée à l’époque comme un front anti-Gbagbo.
Avec l’arrivée de Tidjane Thiam à sa tête, petit-fils de Houphouët-Boigny et ex-DG du Crédit Suisse, le PDCI semble amorcer un retour à ses valeurs fondamentales. Toutefois, des tensions internes subsistent, alimentées par les ennuis judiciaires du nouveau président du parti et les accusations autour de sa double nationalité.
Sur le plan national, les difficultés sociales s’accentuent : flambée des prix, taux de chômage élevé (25 % selon le gouvernement), corruption endémique, et régression des indicateurs de développement (166ème sur 193 pays à l’IDH du PNUD 2024).
Malgré des discours optimistes, la réconciliation nationale reste superficielle. Le climat sociopolitique est plombé par les frustrations, l’arrogance perçue de certains dirigeants et les tensions intercommunautaires. Des dérives verbales comme celles du maire RDR d’Issia, tenues sur une chaîne nationale, illustrent ce malaise profond. La politique de « rattrapage ethnique », les expropriations foncières, les démolitions de logements sans relogement accentuent le sentiment d’injustice.
En toile de fond, la question d’un quatrième mandat d’Alassane Ouattara déclenche l’inquiétude. Le souvenir de la crise électorale de 2020 reste vif : taux de participation historiquement bas (15 %), boycott de l’opposition, 150 morts, dont l’emblématique Nguessan Koffi Toussaint à Daoukro.
Depuis la rupture PDCI-RDR en 2018, l’opposition réalise des avancées électorales : aux législatives de 2021 et aux municipales de 2023, plusieurs victoires sont enregistrées grâce à des alliances locales entre militants du PDCI et du FPI devenu PPA-CI.
L’analyse des tendances politiques montre que les alliances entre PDCI-RDA et PPA-CI vont se renforcer, naturellement, à la base. Il est temps d’institutionnaliser cette dynamique par un programme de gouvernement commun, au-delà des divergences idéologiques, pour sortir la Côte d’Ivoire de l’impasse.
Comme en 2005, mais avec une conscience accrue des erreurs passées, l’opposition, la société civile, et même certains membres lucides du RDR s’organisent pour barrer la route à un éventuel embrasement. En octobre 2025, l’alternance apparaît comme une nécessité historique, un acte de survie politique et sociale.
Dr. Ben ZAHOUI-DÉGBOU
Géographe-Journaliste, spécialiste de géopolitique et de commerce international (glouziletnews.com)
Masterant en théologie, BIBLEDOC,
Institut de Théologie, P.O. BOX 118, STAFFORD, VA – USA
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