La succession d’Alassane Ouattara n’est pas une question de date, mais une certitude politique à venir

Que ce soit en 2025 ou en 2030, la succession du président Ouattara reste une question inévitable

Le clou du deuxième congrès ordinaire du parti présidentiel le 22 Juin dernier au stade olympique d’Ebimpé, fut une véritable démonstration de force, cela a été relevé par la presse. Oui il y avait du monde. Un parti au pouvoir a toujours la dynamique avec lui. C’est tout à fait normal, que ce genre d’évènement rassemble autant de foules. Dans son discours, le président Ouattara n’a pas répondu à la question présente dans tous les esprits. Comme on pouvait s’y attendre, il a mis en avant la stabilité, la croissance, l’ expansion économique que connait la nation sous son règne.

Pourtant ce bilan, aussi impressionnant soit-il, doit composer avec le phénomène naturel d ’usure du pouvoir, cette sorte de lassitude qu’on éprouve du fait qu’on a affaire à la même équipe, aux mêmes visages depuis un certain temps. L’usure du pouvoir s’accompagne toujours d’une certaine corruption du régime, parce qu’avec le temps la routine s’installe et on finit par baisser la garde. Dans un tel contexte, quelles que soient les avancées économiques, la population a tendance à voir ce qui ne marche pas, plutôt que ce qui marche, ce qui a été accompli. Le président Houphouët fut victime du phénomène vers la fin de son règne. Il avait dû passer la main au président actuel, Alassane Ouattara, qui avait été nommé premier ministre avec les pleins pouvoirs.

Aujourd’hui le président Ouattara est à son tour confronté au même phénomène. Son bilan est impressionnant, mais contrebalancé par l’usure de son pouvoir. Ainsi que ce soit en 2025 ou en 2030, la question de sa succession, bien que taboue, reste inévitable. Quoi qu’en dise son entourage, la question est bien présente dans les esprits. A 83 ans, avec un quatrième mandat en ligne de mire, il ne pourra pas toujours remettre à demain le choix de son successeur. Il devra passer la main, c’est la loi de la vie, pas forcément en 2025, mais avant la fin du quatrième mandat si celui-ci venait à être effectif.

Plus le président tarde à régler la question, plus la bataille de positionnement se durcit entre les protagonistes. Son jeune frère Téné Birahima Ouattara, ministre de la défense, qui avait la côte mais dont l’ascension fut brisée par l’affaire des soldats détenus au Mali, où responsabilité était entière. Kandia Kamissoko Camara, présidente du Sénat, la femme à poigne qui a fini par s’imposer. Le vice-président Tiémoko Meyliet, un homme discret mais en embuscade. Le président du parlement Adama Bictogo, l’homme aux ambitions présidentielles établies. L’ex-PM Patrick Achi, qui semble revenir dans le jeu après en avoir été écarté. L’actuel PM Beugré Mambé, l’outsider qui a une lueur calculatrice dans les yeux. On peut aussi citer le gouverneur Bacongo, et même l’ex-ministre Mabri Toikeusse, un homme qui n’ a jamais caché ses ambitions.

Il y a certes unité autour du président Ouattara, mais cette bataille interne crée des lignes de fracture à l’intérieur du parti présidentiel. Des clans, des alliances se forment, ce qui fragilise la formation. Si la participation du président Ouattara à la présidentielle de 2025 est quasiment une certitude, le prochain défi pour l’homme reste le choix d’un successeur et la mise en orbite de ce dernier. L’histoire nous apprend que beaucoup de royaumes se sont écroulés faute d’une succession convenablement assurée. Et bien souvent la faute incombe au roi qui a cédé sa place.

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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