Un tournant historique dans le rapport de force mondial
Lorsque Donald Trump, figure majeure de la politique américaine, annonce un cessez-le-feu total entre l’Iran et Israël ainsi que l’ouverture de négociations, il ne s’agit pas d’un simple épisode diplomatique. Cette annonce marque un tournant majeur, voire une humiliation symbolique pour deux puissances longtemps perçues comme intouchables: les États-Unis et Israël. Depuis des décennies, Washington impose sa volonté sur l’ordre mondial en s’appuyant sur une domination militaire et financière. Tel-Aviv, de son côté, a bâti sa survie sur une doctrine de force permanente, refusant tout recul stratégique dans une région en perpétuelle tension.
Or, en quelques jours, Téhéran est parvenu à briser cette dynamique, à forcer le dialogue, à imposer sa stature. La République islamique d’Iran, en résistant militairement, diplomatiquement et moralement, a prouvé que ni Israël ni les États-Unis ne sont invincibles. Cette leçon restera gravée dans l’histoire des relations internationales comme un moment où un pays du Sud global, longtemps diabolisé, a fait plier deux des plus puissantes armées du monde.
La revanche silencieuse d’un pays debout
Ce qui rend la position iranienne d’autant plus impressionnante, c’est qu’elle repose non sur une alliance de circonstance ou sur le soutien d’un bloc idéologique, mais sur une autonomie stratégique construite dans la douleur, les sacrifices, le silence et la discipline collective. Face aux sanctions économiques asphyxiantes, à l’isolement diplomatique, aux cyberattaques et aux sabotages, l’Iran n’a ni fléchi ni imploré. Il a travaillé. Et ce travail a porté ses fruits.
La mise au point de missiles hypersoniques 100 % iraniens, capables de transpercer les systèmes de défense occidentaux les plus sophistiqués, a brisé le mythe de l’invulnérabilité militaire de l’Occident. Ces engins ont « traversé les boucliers occidentaux comme un couteau dans du beurre », humiliant des technologies américaines vendues comme infaillibles. C’est un message fort: désormais, un pays qui mise sur l’endurance, la rigueur et l’innovation peut tenir tête aux géants.
Un message pour l’Afrique: le respect se gagne, il ne se mendie pas
Au-delà du choc stratégique mondial, c’est surtout à l’Afrique que cette leçon devrait parler. Depuis des décennies, le continent attend un respect international qui ne viendra jamais sans puissance réelle. L’Iran montre qu’un pays peut, en s’appuyant sur son génie propre, développer une industrie militaire, résister aux pressions extérieures et imposer ses intérêts. Pour ce faire, il faut des sacrifices, un dépassement de soi, un renoncement au divertissement permanent.
L’écrivain congolais Henri Lopes avait déjà alerté sur ce danger dans Tribaliques (Cle, Yaoundé, 1971), en dénonçant une Afrique qui « à force de rire et de chanter, s’était laissée surprendre par des peuples plus austères » qui l’avaient ensuite asservie. Ce constat n’a rien perdu de sa pertinence. L’Afrique, aujourd’hui encore, peine à s’organiser collectivement, à maîtriser ses ressources, à penser ses souverainetés industrielles, énergétiques et militaires. Pendant ce temps, d’autres nations, parfois moins dotées, s’arment, se projettent, et finissent par commander le respect.
L’Iran n’a pas seulement défié deux puissances ennemies. Il a montré à tous les peuples humiliés de la planète que la dignité ne s’achète pas, qu’elle se construit. Et cette construction passe par un sérieux quotidien, une vision à long terme, une patience révolutionnaire.
L’Occident n’a peur que de la force
Un autre enseignement fondamental de cette crise est que l’Occident ne recule que devant la force. Pas la force brutale ou gratuite, mais celle qui résulte d’une organisation nationale efficace, d’une discipline collective, d’un patriotisme éclairé. L’Iran ne doit pas sa résilience à l’idéologie ou à une pure rhétorique islamiste, mais à sa capacité à se structurer autour d’un objectif stratégique national.
Cette vérité est dérangeante pour les idéalistes: les grandes puissances ne sont sensibles ni aux larmes, ni aux cris, ni aux pétitions. Elles reculent lorsque le coût de l’affrontement devient trop élevé. Elles respectent les peuples qui peuvent leur opposer une force crédible. Le désarmement unilatéral, la dépendance technologique, les dettes sans fin, les classes dirigeantes corrompues, tout cela nourrit le mépris des puissants. À l’inverse, un peuple fier, discipliné, cohérent dans sa volonté de souveraineté, finit toujours par inverser le rapport de force.
Conclusion: le réveil iranien comme appel à la lucidité
La crise Iran–Israël est bien plus qu’un épisode de tension au Moyen-Orient. Elle est une métaphore du monde nouveau qui se dessine. Un monde où les anciens équilibres s’effritent, où les anciennes superpuissances sont contraintes de négocier, non parce qu’elles le veulent, mais parce qu’elles y sont forcées. L’Iran a su imposer ce rapport, au prix de décennies de résistance.
Pour les peuples du Sud, et particulièrement pour l’Afrique, cette victoire stratégique n’est pas à applaudir passivement. Elle doit inviter à un profond examen de conscience. Que voulons-nous réellement ? Être respectés ou simplement aidés ? Être libres ou simplement tolérés ? L’exemple iranien montre que l’indépendance et la paix se construisent à la sueur du front, dans le silence du travail bien fait, loin du bruit des réjouissances vides.
L’Afrique ne manque ni d’intelligences ni de ressources. Elle manque d’organisation, de rigueur, et de la volonté politique de devenir redoutable. Sans cette volonté, elle restera à la marge. Avec cette volonté, elle peut reprendre sa place. Le moment est venu de moins s’amuser, de plus travailler, et de croire en sa propre capacité à renverser l’ordre établi.
Jean-Claude DJEREKE
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