Côte-d’Ivoire: cinq gendarmes enlevés par des VDP burkinabè à Doropo

Doropo, 24 juin 2025 – La tension est montée d’un cran à la frontière ivoiro-burkinabè. Cinq gendarmes ivoiriens ont été enlevés dans la nuit du 23 juin à proximité de Kalamon, dans le département de Doropo (nord-est), à seulement deux kilomètres de la ligne frontalière. Selon des sources sécuritaires concordantes, l’opération aurait été menée par un groupe armé composé d’environ cinquante éléments identifiés comme des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), supplétifs de l’armée burkinabè.

Une patrouille de routine vire à l’incident transfrontalier

Les faits se sont déroulés sur l’axe Kalamon–Lagbo, un secteur notoirement instable. Les cinq gendarmes — un élément de la brigade territoriale de Doropo et quatre du Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie (PSIG) — effectuaient une patrouille nocturne lorsque leur véhicule aurait été intercepté dans une embuscade par ce groupe armé lourdement équipé.

Selon les premiers éléments de l’enquête, les militaires ivoiriens ont été contraints de franchir la frontière en direction du territoire burkinabè, sous la menace de leurs ravisseurs. Le gouvernement ivoirien considère cet acte comme une violation manifeste de sa souveraineté territoriale et un précédent grave dans une région déjà minée par les tensions sécuritaires, les trafics et l’orpaillage clandestin.

Souveraineté en jeu et tensions latentes

L’incident intervient dans un contexte déjà explosif à la lisière des deux pays. Des sites d’orpaillage illégal pullulent dans cette zone grise, nourrissant des frictions entre groupes armés, populations locales et forces régulières. Si les VDP burkinabè sont officiellement engagés contre les groupes jihadistes, cette incursion armée à l’intérieur du territoire ivoirien soulève de nombreuses questions sur leur autonomie et leurs intentions réelles.

Des renforts de sécurité ont été immédiatement déployés dans la région, tandis qu’une enquête a été ouverte. Des discussions diplomatiques sont également en cours entre Abidjan et Ouagadougou pour obtenir des éclaircissements et œuvrer à la libération des cinq militaires captifs.

Des précédents inquiétants dans la zone

Parallèlement à cette affaire, deux jeunes Burkinabè ont récemment été interpellés et déférés devant la justice ivoirienne. Selon les services d’enquête, ils sont accusés d’avoir dérobé l’arme de service d’un membre de la garde présidentielle burkinabè, en état d’ébriété. L’arme avait été dissimulée dans un car de transport à destination de la Côte d’Ivoire avec la complicité du chauffeur, avant d’être retrouvée et récupérée par les autorités.

Un climat de méfiance grandissant

Cette succession d’incidents transfrontaliers fragilise davantage les relations entre les deux pays voisins, alors que la coopération sécuritaire est censée être renforcée face à la menace jihadiste. Pour les autorités ivoiriennes, l’affaire de Doropo est une ligne rouge, et les appels à une réaction ferme — diplomatique comme sécuritaire — se multiplient dans les cercles politiques et militaires d’Abidjan.

« La souveraineté nationale n’est pas négociable », a déclaré un haut responsable sécuritaire sous couvert d’anonymat.

L’opinion publique, elle, s’interroge sur l’ampleur réelle de l’incursion, sur la capacité des forces burkinabè à contrôler leurs supplétifs, et sur la réponse à venir d’un État ivoirien dont les frontières nord sont de plus en plus poreuses.

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