Comment le soutien de l’État dope la filière hévéa
Développement de la filière hévéicole : L’accompagnement du gouvernement permet d’améliorer la productivité
C’est une filière prometteuse et en plein essor. La Côte d’Ivoire est aujourd’hui le premier producteur africain de caoutchouc naturel et le troisième producteur mondial avec 12 % de la production mondiale.
De 164 138 tonnes en 2005, la production s’élève à 1 678 000 tonnes en 2023 soit une production multipliée par 10 en 18 ans. C’est fort de cette progression que le Premier Ministre Robert Beugré Mambé lors de la 1ère édition des Journées nationales du Caoutchouc naturel, le 25 octobre 2024 à Abidjan, a exhorté les acteurs de la filière à se hisser rapidement au 2eme rang mondial, tout en relevant le défi de la transformation. Premier pays africain avec 82 % de la production continentale, la Côte d’Ivoire veut exploiter les potentialités de la filière et en faire un autre pilier de l’économie nationale.
Selon l’Association des professionnels du caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (Apromac), le secteur compte 40 usines fonctionnelles de première transformation. La capacité nominale des usines est de 1 815 000 tonnes sec/an et la capacité opérationnelle est de 1400 000 tonnes sec/an. Cette association insiste sur l’impact économique crucial de cette filière pour le développement rural et la création d’emplois. La filière joue un rôle important dans la lutte contre la pauvreté en milieu rural.
Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières, Kobenan Kouassi Adjoumani, lui, relève que les progrès réalisés ont été possibles grâce à l’amélioration du climat des affaires et des conventions fiscales signées entre l’Etat et les entreprises. Et à en croire le ministre, cette capacité de production et de transformation va continuer à s’accroitre avec la mise en œuvre de nouveaux projets. Il souligne l’engagement du gouvernement ivoirien à soutenir les producteurs et à favoriser des conditions propices à capter les investissements dans ce secteur prometteur.
Le gouvernement a mis en place un organe de régulation, le Conseil hévéa palmier à huile (Chph) qui depuis le mercredi 12 février 2025, intègre la filière coco. Cette structure de régulation a pour mission d’améliorer la productivité et la compétitivité des filières et garantir de meilleures conditions de vies aux différents acteurs.
L’ambition des acteurs de la filière hévéicole est le développement de la deuxième transformation, permettant la fabrication de produits finis tels que les pneus et les pièces techniques.
« En 2023, la filière hévéa a injecté plus de 1200 milliards de FCFA dans l’économie ivoirienne », affirme le président du Conseil d’administration de l’Association des usiniers producteurs de caoutchouc naturel (Aupcn), Lamine Sanogo. La Côte d’Ivoire, a-t-il souligné, dispose d’un potentiel énorme en matière de production de caoutchouc naturel. Pour lui, il est crucial de valoriser cette richesse sur le territoire en développant les industries de transformation. « Cela permettra de créer de l’emploi, de générer des revenus supplémentaires et de renforcer notre économie. », explique-t-il.
La filière a été retenue pour faire partie du Projet des chaînes des valeurs compétitives pour l’emploi et la transformation économique (Pccet), dont l’objectif est de permettre aux planteurs d’atteindre un niveau de développement qui favorisera une vie décente.
Le nombre de producteurs villageois est estimé à 180 000. L’Apromac a initié une opération d’identification des planteurs à travers le géoréférencement des vergers hévéicoles.
L’association a aussi annoncé le projet de création de l’Académie des métiers de l’hévéa, qui formera les jeunes aux métiers de cette industrie en croissance. Elle souhaite également labelliser le caoutchouc naturel produit en Côte d’Ivoire pour mieux valoriser cette importante production sur l’échiquier mondial. Autant d’initiatives qui devraient faciliter la mise en conformité avec les nouvelles réglementations environnementales internationales, telles que la loi européenne contre la déforestation, en mettant l’accent sur la traçabilité du caoutchouc naturel.
L’hévéa figure parmi les spéculations agricoles ciblées par les normes européennes pour une agriculture durable. Les acteurs ivoiriens, eux, sont bien décidés à relever les défis qui ne manquent pas et surtout à construire une industrie du caoutchouc respectueuse de l’environnement, résolument tournée vers l’innovation et la durabilité.
CICG
Commentaires Facebook