Présidentielle 2025 : Vincent Toh Bi Irié dénonce le parrainage comme un obstacle à la démocratie

L’ancien Préfet d’Abidjan alerte sur les dangers du parrainage électoral

Lors d’une conférence de presse tenue à Abidjan ce jeudi 19 juin 2025, Vincent Toh Bi Irié, ancien préfet et candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre, a vigoureusement critiqué le mécanisme de parrainage citoyen exigé pour se présenter. Selon lui, ce dispositif constitue « un obstacle majeur à la participation démocratique en Côte d’Ivoire ».

Dans une déclaration détaillée intitulée « Les 5 raisons qui font du parrainage un obstacle à la participation démocratique », le président du mouvement citoyen Aube Nouvelle a passé en revue les failles du système introduit en 2020, et récemment renforcé par les autorités en mai 2025.
Un dispositif inadapté et opaque

Premier grief de Vincent Toh Bi : l’archaïsme du processus. Le candidat dénonce une procédure manuelle, fastidieuse, et peu transparente.

« Ce sont des dizaines de milliers de fiches remplies à la main. Le croisement des données est exclusivement géré par la CEI. En cas de litige, que peut réellement faire un candidat ? », a-t-il questionné, soulignant l’asymétrie d’information entre les candidats et l’administration électorale.

Un filtre élitiste déguisé

Au-delà de la technique, l’ancien préfet pointe une dérive plus grave : la restriction volontaire de la compétition démocratique. En ajoutant aux exigences de parrainage une caution de 50 millions de FCFA, le processus selon lui écarte de facto les candidats non issus des grands appareils politiques ou du monde des affaires.

« L’élection est censée être un moment d’ouverture. Or tout, dans ce dispositif, vise à filtrer, écarter, exclure. »

Il a aussi réagi aux propos du président de la Commission électorale indépendante (CEI), qui aurait affirmé que « l’inclusivité n’est pas une condition essentielle à une élection ». Une déclaration jugée « grave » par Toh Bi, qui estime au contraire que l’inclusivité est le socle de toute élection légitime.
Une tension sociopolitique sous-jacente

Autre point d’alerte : les implications sociologiques du parrainage dans un pays marqué par de fortes appartenances communautaires. L’ancien préfet estime que ce système risque de raviver des tensions régionales et ethniques, en créant des zones de blocage pour certains candidats.

« Dans plusieurs régions, des mots d’ordre empêchent déjà certains leaders d’accéder aux populations. Demander à des citoyens d’apposer leur signature nominative à la CEI dans ce contexte est une exigence à haut risque », a-t-il mis en garde, en référence aux traumatismes post-électoraux encore vivaces dans le pays.

Un modèle en décalage avec les standards internationaux

Vincent Toh Bi Irié évoque également un décalage flagrant entre le modèle ivoirien et les pratiques électorales observées ailleurs en Afrique. Il cite les cas du Kenya ou de la RDC, où les conditions d’entrée dans la compétition sont moins contraignantes, et l’accent est mis sur les résultats électoraux plutôt que sur la sélection des candidats.

Il propose que la Côte d’Ivoire s’inspire d’expériences inclusives, telles que le Best Loser System mauricien ou la proportionnelle sénégalaise, des systèmes conçus pour favoriser la stabilité par la diversité.
Un appel à la réforme immédiate

Au terme de son intervention, Vincent Toh Bi Irié a lancé un appel clair au retrait du parrainage électoral, estimant qu’aucune paix durable ne peut s’enraciner dans l’exclusion politique :

« La CEI ne peut pas se réfugier derrière les textes. Elle a un devoir moral de prévention. L’élection présidentielle ne doit pas être un moment de péril, mais un moment de respiration démocratique. »

Dans un climat politique déjà tendu, sa sortie pourrait bien relancer le débat sur la transparence et l’inclusivité du processus électoral ivoirien à l’orée de la présidentielle de 2025

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