Frappes iraniennes: Israël durcit la censure des médias

Dans le contexte de l’opération militaire « Lion qui se lève » lancée le 13 juin contre l’Iran, les autorités israéliennes ont considérablement renforcé les restrictions imposées aux médias. Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir – figure de l’extrême droite suprémaciste – a menacé de recourir à des mesures sévères contre toute personne révélant la localisation des impacts de missiles.

Le jeudi 19 juin, le Bureau de presse du gouvernement israélien a adressé un nouveau courriel aux correspondants étrangers, précisant les règles en vigueur concernant la censure. Il s’agit du quatrième message de ce type en moins d’une semaine. Le ton se veut ferme : « Toute diffusion en provenance des zones de combat ou des lieux frappés doit recevoir l’approbation préalable du censeur militaire », indique le document. Une autorisation écrite est désormais obligatoire pour mentionner ou décrire les sites touchés.

Une ligne téléphonique dédiée, disponible 24 heures sur 24, a été mise en place pour contacter cette unité, qui dépend directement des services de renseignement militaire et est dirigée par le brigadier-général Kobi Mandelblit.

Une censure encadrée par la loi

Dès le lendemain des premières frappes israéliennes, les autorités avaient rappelé les obligations légales en matière de couverture médiatique : selon la législation israélienne, tout contenu lié à la sécurité nationale, qu’il soit publié par des médias classiques ou diffusé sur les réseaux sociaux, doit être validé par le censeur militaire avant sa mise en ligne ou sa diffusion.

Mais c’est surtout la retransmission en direct depuis les zones d’impact qui inquiète les autorités. Ces images, diffusées sans filtre par les chaînes de télévision, peuvent offrir à l’Iran des indications précieuses sur la précision des frappes. Si les autorités tolèrent parfois ces diffusions lorsqu’elles concernent des zones civiles, elles interviennent sans délai lorsqu’il s’agit de sites jugés sensibles, notamment des installations militaires.

Une censure sans équivalent dans les démocraties comparables

Aucun des pays avec lesquels les dirigeants israéliens aiment comparer leur système – qu’il s’agisse des États-Unis, de la France ou du Royaume-Uni – ne possède d’institution équivalente à la censure militaire imposée aux médias en Israël. Ce dispositif unique, héritier d’un cadre d’exception sécuritaire permanent, soulève des inquiétudes croissantes quant au recul des libertés fondamentales dans le pays.

Selon le Classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF) en 2025, Israël occupe une position alarmante : 112e sur 180 pays, derrière des nations souvent décrites comme instables ou autoritaires, telles qu’Haïti, la Guinée-Bissau, le Soudan du Sud ou encore le Tchad.

RSF constate un durcissement marqué depuis le début de la guerre à Gaza, enclenchée par Israël le 7 octobre 2023 en riposte à l’attaque meurtrière du Hamas. « La liberté de la presse, le pluralisme des médias et l’indépendance éditoriale sont de plus en plus restreints en Israël », alerte l’organisation.

L’influence du pouvoir politique s’étend jusque dans la gouvernance des autorités de régulation de l’audiovisuel. RSF dénonce des nominations fondées sur l’allégeance partisane plutôt que sur la compétence professionnelle. Certaines chaînes clairement pro-gouvernementales, comme Channel 14, bénéficient d’un accès privilégié aux hauts responsables, à qui elles offrent une tribune sans contradiction.


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