Affaire Fabrice Lago: Quand l’honneur d’un parti se heurte à la justice

Lors d’un échange sur une chaîne de télévision ivoirienne, un épisode est
survenu, suscitant de vives interrogations parmi les observateurs de la vie
politique nationale. En effet, M. Fabrice LAGO, plus connu sous le
pseudonyme de STEVE BEKO, a été la cible d’une accusation grave, proférée
en direct par M. KOKORA, son contradicteur du jour. Ce dernier a affirmé sans
ambages que M. LAGO aurait perçu une somme mensuelle de 3 000 euros de
la part de feu Hamed BAKAYOKO, ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire,
et ce jusqu’au décès de ce dernier.

Ces propos, d’une extrême gravité, ont été immédiatement rejetés par M.
LAGO, qui a su conserver un calme et une posture posée en plateau — une
attitude digne, qu’il convient de saluer.

Toutefois, au-delà de la forme maîtrisée de cette réaction, le fond de l’affaire soulève de nombreuses
préoccupations, notamment au regard de la fonction politique qu’occupe M. LAGO Fabrice.

En tant que représentant public du PPA-CI, s’exprimant régulièrement au nom
des militants, sympathisants et responsables de ce parti, ces accusations ne
visent pas uniquement sa personne. Elles jettent un discrédit dangereux sur
l’ensemble d’un mouvement politique, de ses engagements, de son histoire et
de ses figures emblématiques, au premier rang desquelles le Président
Laurent GBAGBO. Elles laissent planer un doute malsain sur l’intégrité de
celles et ceux qui ont fait le choix d’une opposition assumée, exigeante et
enracinée dans une certaine éthique politique.

Or, les propos tenus par M. LAGO dans les jours suivants, notamment à
travers un panel sur les réseaux sociaux, n’ont pas forcément permis d’apaiser
les esprits ou de dissiper les malentendus. En évoquant des échanges
téléphoniques avec M. KOKORA après l’émission, des envois de SMS, et
même une forme de familiarité avec certaines figures du pouvoir telles que le
ministre de la Jeunesse, M. Mamadou TOURÉ qu’il cite, M. LAGO semble
déplacer le débat vers un terrain informel, presque personnel. Ces
déclarations du type « On se parle, on se téléphone, on se taquine », aussi
sincères soient-elles, laissent perplexe.

Est-ce vraiment ce que les militants et sympathisants du PPA-CI attendent
d’un de leurs porte-parole face à une accusation aussi lourde ? Est-ce à
travers des appels privés ou des taquineries entre acteurs politiques que l’on
rétablit la vérité et que l’on défend l’honneur d’un parti, de ses militants et de
ses sympathisants ?

Face à une attaque publique, seule une réponse publique, claire et formelle
est à la hauteur. C’est pourquoi nous appelons solennellement M. Fabrice
LAGO à saisir sans délai la justice, afin de faire toute la lumière sur ces
allégations. Ce recours n’est pas une option secondaire. Il s’impose comme un
devoir moral et politique, car il en va de la crédibilité non seulement de sa
personne, mais surtout de l’ensemble des structures et personnes qu’il
représente lorsqu’il s’exprime dans les médias.

À moins que M. KOKORA ne décide de reconnaître publiquement le caractère
mensonger et diffamatoire de ses propos — ce qui mettrait fin à cette
polémique — il ne peut y avoir d’autre issue que la voie judiciaire. Cette
clarification est nécessaire, non par goût du conflit, mais au nom de la vérité,
de l’éthique politique, et du respect dû à tous ceux qui croient encore en un
engagement sincère pour la justice, la souveraineté et la dignité.
Car il ne suffit pas de parler au nom du peuple, encore faut-il le faire avec la
rigueur et la responsabilité que cela exige.

©Dr KOCK OBHUSU, Économiste

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire