Quand les discours écologiques masquent l’inaction
À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée le 5 juin dernier sous le thème « Mettons fin à la pollution plastique », le gouvernement ivoirien a réaffirmé sa volonté d’intensifier la lutte contre ce fléau écologique. Un engagement clair : aller plus loin, plus vite, plus fort dans la transition vers une économie circulaire respectueuse de l’environnement.
Un fléau mondial, un défi national
Les chiffres sont alarmants. 36 % de la production mondiale de plastique est consacrée aux emballages, et 85 % de ces derniers finissent dans des décharges, ou pire, dans la nature. Le secteur de la pêche industrielle rejette 50 millions de kilogrammes de plastique par an dans les océans. Quant à l’industrie de la mode, 60 % des textiles sont constitués de fibres synthétiques.
En Côte d’Ivoire, entre 40 000 et 100 000 tonnes de déchets plastiques sont produites chaque année. Moins de 20 % sont recyclés ; le reste est abandonné dans les rues, brûlé à l’air libre ou jeté dans des dépotoirs sauvages, avec de graves conséquences pour la santé publique et l’environnement.
Une ambition réaffirmée : bâtir une économie circulaire
Face à cette urgence, le gouvernement entend agir sur plusieurs fronts. À travers la stratégie nationale intégrée de promotion de l’économie circulaire 2023-2027, adoptée en Conseil des ministres le 16 octobre 2024, la Côte d’Ivoire ambitionne de devenir un modèle africain du développement durable et de la lutte contre le changement climatique d’ici 2027.
Cette stratégie s’appuie sur :
l’interdiction des plastiques à usage unique,
la promotion de l’innovation verte,
le soutien aux entreprises responsables,
la modernisation des systèmes de collecte et de traitement des déchets,
et la mobilisation citoyenne autour de gestes simples et efficaces.
Une législation renforcée, mais des défis persistants
Dès 2014, la Côte d’Ivoire avait interdit par décret la production, l’importation, la commercialisation, la détention et l’usage des sachets plastiques sur son territoire. Des progrès ont été observés dans certains secteurs, notamment les pharmacies, les supermarchés et les pâtisseries, qui ont adopté des alternatives telles que les sacs kraft ou réutilisables.
Cependant, d’autres secteurs tardent à suivre. Le ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique envisage donc d’instaurer des “journées zéro sachet plastique”, pour sensibiliser et renforcer l’application des mesures existantes.
En novembre 2023, le nouveau Code de l’environnement a été adopté. Il intègre désormais pleinement les principes du développement durable et consacre l’adhésion du pays aux grandes conventions internationales en matière de lutte contre la pollution plastique.
Une exigence écologique et une responsabilité générationnelle
Le gouvernement ivoirien présente cette lutte comme une obligation morale et écologique, inscrite dans une logique de justice intergénérationnelle. Il s’agit de répondre aux besoins du présent sans compromettre l’avenir des générations futures.
Cette volonté est réaffirmée chaque année à l’occasion de la Quinzaine nationale de l’environnement, du développement durable et de la transition écologique (QNEDDTE), organisée du 3 au 17 juin. Parmi les temps forts de l’édition 2025 :
la Journée mondiale de l’environnement, célébrée le 5 juin à Abidjan ;
la Journée internationale de la biodiversité, le 12 juin à Sassandra ;
la Journée mondiale des océans, le 13 juin à Jacqueville ;
et la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse, le 17 juin à Korhogo.
Une dynamique à poursuivre
Si les initiatives existent et se renforcent, le succès de la transition vers une économie circulaire dépendra de la coordination entre les politiques publiques, les acteurs économiques et la société civile. Le chemin est encore long, mais l’État affiche sa détermination à faire de la Côte d’Ivoire un pays pilote en matière de gestion durable des déchets plastiques.
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