Comment l’Iran a percé le Dôme de Fer : Israël sous le choc des frappes massives

Malgré une défense aérienne citée parmi les plus avancées au monde, Israël ploie sous le poids des frappes iraniennes d’une intensité inédite. L’Iran, en représailles à l’agression « soudaine » israélienne, a réussi à ébranler le célèbre système antimissile « Dôme de Fer ». Une prouesse tactique qui interroge : comment un pays comme l’Iran, pourtant loin d’égaler technologiquement Israël, est-il parvenu à percer son bouclier ?

Une tactique inspirée du front ukrainien

Selon plusieurs experts en défense, l’Iran aurait adopté une stratégie calquée sur celle de la Russie dans la guerre en Ukraine : saturer les défenses adverses en envoyant d’abord des vagues de drones bon marché, conçus pour détourner l’attention des systèmes de surveillance. Une fois ces drones en vol, l’espace aérien devient plus vulnérable, laissant le champ libre à des salves de missiles balistiques et de croisière beaucoup plus puissants et destructeurs.

Cette approche a permis à l’Iran de tirer environ 350 missiles au total sur Israël au cours du week-end dernier, causant la mort d’au moins 24 personnes et faisant plus de 100 blessés. Plusieurs bâtiments ont été gravement endommagés, un niveau de destruction rarement observé en territoire israélien.

Le Dôme de Fer mis à l’épreuve

Développé avec le soutien des États-Unis pour un coût estimé à plus d’un milliard de dollars, le système Iron Dome est opérationnel depuis 2011. Il forme un réseau invisible de défense couplé à d’autres dispositifs antimissiles, capable d’intercepter environ 90 % des projectiles, selon l’armée israélienne.

Mais cette technologie de pointe n’est pas infaillible. Lorsqu’il [le dôme] est confronté à une attaque massive et coordonnée, comme celle de l’Iran, il peut être débordé. « La défense aérienne est devenue une bataille d’adaptation », explique le chercheur néerlandais Dick Zandee. « Ce n’est pas qu’une guerre d’usure, c’est aussi une compétition entre intelligences militaires. »

Des leçons tirées du terrain

Le conflit en Ukraine a servi de laboratoire tactique. En 2022, alors que son offensive terrestre piétinait, la Russie a intensifié ses frappes aériennes pour désorganiser la défense ukrainienne. Elle a notamment utilisé à grande échelle des drones kamikazes iraniens. Aujourd’hui, l’Iran applique ces recettes sur le théâtre israélien.

Le 13 avril 2024, une attaque iranienne avait déjà mis en évidence les failles du système israélien. Officiellement peu médiatisée en Israël, cette offensive a été révélée par des images satellites montrant des roquettes ayant frôlé des cibles sensibles. Elle démontrait déjà que les missiles balistiques iraniens sont plus précis et efficaces qu’on ne l’imaginait.

Vers une nouvelle ère de la guerre aérienne ?

La multiplication de ces assauts hybrides – combinant drones, missiles et désinformation – montre que la domination technologique ne suffit plus à garantir la sécurité d’un État. L’Iran, en misant sur la saturation et l’imprévisibilité, est parvenu à défier une supériorité militaire réputée indiscutable d’Israë, la rendre illusoire et faire douter les Israéliens.

Dans ce bras de fer stratégique, la guerre ne se joue plus seulement dans les airs, mais dans la capacité à anticiper, apprendre et adapter ses méthodes. Et sur ce terrain, l’Iran semble avoir pris une longueur d’avance avec ses alliés russes, turcs, nord-coréens et pakistanais.

En effet, soutenu en coulisses par un axe informel incluant des alliés stratégiques tels que la Russie, la Turquie, la Corée du Nord et le Pakistan [3 des 4 sont détenteurs de l’arme nucléaire], l’Iran semble avoir capitalisé sur des transferts technologiques, des échanges tactiques et des convergences géopolitiques pour affiner sa doctrine de guerre asymétrique face à Israël.

Sylvie Kouamé

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