Le clip d’Elie Kamano, « L’Afrique sans les Africains », a fait sensation. Tourné à Dakar sur le site du massacre de Thiaroye, ce clip puissant est devenu un hymne aux réparations que l’Afrique réclame aux anciens colonisateurs. L’artiste guinéen, connu pour ses positions panafricaines, dénonce des siècles d’exploitation et appelle à une mobilisation continentale pour la justice historique.
Ce clip s’inscrit dans un contexte politique important. En 2025, l’Union africaine fait des réparations une priorité. En ce qui concerne le Sénégal, ce pays met un accent particulier sur la tragédie de Thiaroye. Le 1er décembre 1944, l’armée française a massacré des dizaines de tirailleurs sénégalais, vétérans de la Seconde Guerre mondiale qui revendiquaient leurs droits. Après près de 80 ans, des fouilles archéologiques ont enfin été lancées afin d’établir la vérité sur ce crime.
Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a annoncé l’initiative en février 2025, soulignant son importance pour la mémoire de l’Afrique. Les résultats de cette étude serviront de base à une demande formelle de réparations, une question longtemps ignorée. Comme l’a rappelé l’expert Mohamed Goloko lors d’une conférence à Dakar en avril dernier : « La France a refusé de payer cette réparation, trahissant ainsi ses propres engagements ».
Rappelons qu’à Dakar, la capitale du Sénégal, des graffitis spectaculaires ont également relancé le débat. Réalisé par de jeunes artistes, ils représentent l’Afrique saisissant symboliquement l’Europe à la gorge, incarnée par le président français. Le message visuel, largement diffusé sur les réseaux sociaux, exige le remboursement d’une dette estimée à 50 000 milliards d’euros pour des siècles d’esclavage et de colonisation.
En effet, la question des réparations est devenue un sujet de débat international et cet élan reflète la prise de conscience croissante que l’Afrique ne peut plus tolérer l’impunité des anciens colonisateurs. Lors du récent sommet de l’UA, le Ghana et l’Algérie ont présenté une résolution demandant que justice soit rendue pour les crimes coloniaux.
À travers son clip Elie Kamano offre une plateforme artistique à cette lutte. Son message est clair : le continent doit s’unir pour récupérer ce qui lui a été volé. L’artiste panafricaniste guinéen insiste que l’Europe doit «réparer les dommages causé à l’Afrique». Comme il le dit dans sa chanson : « Maintenant on veut reprendre ce qu’on leur a donné », une phrase qui sonne comme un cri de ralliement pour la jeunesse africaine.
Par Ousmane Konaté, une correspondance particulière
Commentaires Facebook