En exil au Mali Sylvain Takoué (Ruren-Ci) à Gbagbo : « Woudy, c’est comme ça que nous voulons te voir réagir et faire… »

Je salue publiquement cette sortie oratoire faite à Port-Bouët qui fait face à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny. Ce n’était pas un hasard d’avoir parlé haut et fort là-bas. C’est parce que l’aéroport international de notre pays y est, et que c’est par là que le monde extérieur peut entendre les nouvelles de la Côte d’Ivoire. 

Je salue donc publiquement cette façon d’avoir donné les mauvaises nouvelles du pays, depuis Port-Bouët. Woudy, c’est comme ça que nous voulons te voir faire et réagir. Avant cette réaction politique lancée au peuple de Côte d’Ivoire qui s’y reconnaît, tu avais, en prélude, récemment poussé une grogne d’indignation en criant : TROP, C’EST TROP !

Tu as bien fait de le dire ainsi, Woudy de Mama. On te reconnaît vrai-vrai maintenant. Tous ceux qui connaissaient en la matière le Gbagbo Laurent d’hier, savent que c’est le même Gbagbo Laurent qui a parlé haut et fort à Port-Bouët. 

Tu as dit : le 4e mandat d’Alassane Ouattara ne passera pas ! Que son ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly (paix à son âme), ne peut pas être de nouveau mort aujourd’hui, pour que lui, Alassane Ouattara, prétexte d’un autre mandat abusif. Que ce Ahmadou Gon Coulibaly dont la mort bizarre avait été son prétexte tout trouvé et tiré par les cheveux, ne peut pas être revenu d’entre les morts pour mourir encore. Que Alassane Ouattara ne peut pas se faire une Constitution pour lui seul, chaque année, pour être encore là, au pouvoir. Que tu lui as sorti la tête de l’eau en lui permettant d’être un candidat exceptionnel en 2010. Qu’il croit que le fait d’être devenu chef d’État en 2010, lui donnait la croyance de faire successivement deux, puis trois, puis quatre mandats, sans que personne ne bronche, et que cela aussi ne passera pas. Que de plus, il se permet, pour mieux assouvir son rêve d’être indéboulonnable, inamovible, de t’empêcher d’être aussi candidat en enlevant ton nom de la liste électorale, toi qui t’appelle Gbagbo Laurent, que tout le monde connaît, et qui a été Président de la République, avant lui. Que cette bagarre politique que lui et son régime te cherchent, eh bien, ils l’auront parce que tu ne les laisseras pas faire ! Qu’il te traite de braqueur de banque, et donc de voleur, alors qu’ils savent très bien que ce n’est pas vrai, et savent surtout qui sont les vrais voleurs de la République. Bref, qu’il te trouve chez toi, sur ta terre, pour te piétiner injustement devant les tiens, et que tu n’accepteras pas non plus tout cela. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas d’un tel pays foutu sur tous les plans, que toi Gbagbo Laurent, tu as toujours rêvé. 

Woudy, c’est maintenant qu’on te reconnaît bien-bien. Tu as été trop observateur. Tu as été trop mou. Tu as été trop silencieux, et les gens ont pensé que c’était parce que tu étais devenu vieux. Or, c’est vraiment mal te connaître. Remue nous donc ce pays qui dort ! Secoue nous ce régime fanfaron sans racines ! Réveille nous ce peuple trop passif ! Reviens dans ton avant-avant ! Car, tu viens de faire tomber chez tous ceux qui ont été traumatisés par la barbarie qui a mis par la force Alassane Ouattara au pouvoir, les derniers frissons de la peur et de la phobie. Car oui, effectivement, trop c’est trop !

Ceux qui sont là aujourd’hui, pensent que le pays est leur chasse gardée. Qu’ils peuvent tranquillement en faire ce qu’ils veulent sans que personne de coriace n’y réagisse. Qu’ils peuvent faire régner un pouvoir aveugle, surfait, brutal, semant partout désolation et détresse, un pouvoir orgueilleux, indifférent, insensible aux souffrances humaines et sociales qu’il cause dans le pays, au sein des masses citoyennes. Qu’ils peuvent se dire entre eux : « C’est nous qui sommes là, il n’y a personne pour nous empêcher de voler l’argent du pays, prenons tout, ne laissons rien à personne, menaçons et éliminons ceux qui s’y opposent », sans qu’un seul Ivoirien digne ne se dresse contre eux. Qu’ils peuvent ainsi tout faire accepter par la force dans ce pays, qu’ils peuvent continuer à triompher d’un règne politiquement sale, à savourer comme des truies dans la fange ce règne politique sale, et roter insolemment de suffisance au visage d’un peuple désespéré, déshumanisé, carbonisé, vitrifié, pétrifié. Qu’ils peuvent librement continuer de décider, matin, midi et soir, de vie ou de mort de chacun dans le pays, de liberté et d’emprisonnement dans le pays, d’aisance sociale des uns qui sont des leurs, et de misère humaine des autres qui ne se reconnaissent pas en eux.

Woudy, tu as parlé fort, tu as rugi, tu as vomi ce qui était longtemps en toi. Car oui,  quand un homme, un vrai, n’est pas d’accord, il dit ouvertement Non, et y tient jusqu’au bout. C’est pour ça qu’Houphouët-Boigny te respectait, parce que tu étais ainsi face à lui : un Woudy tiyi ! Un garçon d’esprit dur, qui ne se renie pas. Ce n’est pas celui qui, fanfanronnant sur tous les toits, se réclame faussement aujourd’hui d’Houphouët-Boigny, qui va y échapper.

Ce que tu as dit haut et fort à Port-Bouët, est entré dans les oreilles et les esprits. Ce sont de saintes colères. Qu’elles habitent tous ceux qui, légions qu’ils sont en Côte d’Ivoire, ne veulent plus voir les gouverner ce régime politique barbare, désespérant, désolant, dramatique, fanfaron, hautain, démagogue, mythomane.

Woudy, si tu as dit ce que tu as dit à Port-Bouët, non, ce n’est pas pour t’arrêter en si bon chemin. Tu as ressuscité des espoirs calcinés. Va jusqu’au bout. Tu as permis à cet homme, de prétendre au trône, et il s’y est assis. Aujourd’hui, il s’y est solidement vissé, au point même de croire que c’est parce qu’il y a effectivement droit. Voilà qu’il se dit aujourd’hui propriétaire à vie du pouvoir d’État, et se garantit sans gène des rentes viagères inacceptables. 

Rends enfin justice à notre Côte d’Ivoire. Oppose toi farouchement au 4e mandat de cet homme qui ne sait rien faire d’autre qu’imposer ses mauvaises volontés à tout un pays et à tout un peuple. Oppose toi à sa 4e république tout aussi bizarre, faite sur mesure par lui et pour lui. 

Reprends du service, Woudy, comme tu savais le faire, toi qui n’avais pas laissé tranquillement dormir sur ses lauriers le père de la nation lui-même, qui avait enfin fini par  reconnaître la légitimité de ton combat politique, en réinstaurant, le 30 avril 1990, le multipolarisme en Côte d’Ivoire. 

Ton cri du cœur est une révolte politique entendue et passée, 5 sur 5, dans l’opinion nationale et internationale. Woudy, il ne reste plus qu’à la faire transformer en révolution sociale, pour que le pays soit enfin libéré du chancre pernicieux qui le ronge au dedans depuis que Alassane Ouattara est apparu en Côte d’Ivoire.

Sylvain Takoué

Leader politique en exil

Président du Ruren-Ci


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