Lettre ouverte au Président de la République: une simple loi d’amnistie pour éviter l’irréparable – par le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire »

Lettre ouverte du mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » au Président Alassane Ouattara

Monsieur le Président Alassane Ouattara, Chef de l’État,

A maintes occasions, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » vous a interpellé sur bien de dossiers de la République. Aujourd’hui encore, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » vient vous interpeller parce que l’heure semble suffisamment grave et demande des initiatives courageuses et audacieuses. Depuis 2020, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » est resté constant dans sa logique de parler à toutes les sensibilités politiques, au pouvoir comme à l’opposition, avec pour seul objectif une Côte d’Ivoire encore plus grande, plus prospère, plus démocratique et plus unie.

Quand vos différents gouvernements posent des actes qui méritent d’être encouragés, « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », bien qu’étant un mouvement de l’opposition, ne s’est jamais privé de le faire parce que, pour ce mouvement, tout ce qui est bon pour la Côte d’Ivoire et pour les ivoiriens est aussi bon pour lui. Ainsi, notre posture politique ne nous a jamais empêché de saluer toutes les initiatives de votre régime qui améliorent le quotidien des ivoiriens.

Mais, quand des politiques publiques nuisent à la vie de la Nation et au bien-être des ivoiriens, « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », fidèle à sa ligne politique, n’a jamais non plus manqué de les critiquer tout en faisant des propositions constructives pour leur amélioration et ce, dans l’intérêt des populations et de la Nation. De même, lorsque le mouvement se rend compte qu’il faut appeler à la décrispation, lorsqu’il pense qu’un geste politique est nécessaire pour un environnement politique serein, il le dit en motivant toujours sa posture.

Aujourd’hui, la Nation semble en péril, la Côte d’Ivoire est menacée de s’effondrer politiquement et socialement, et de gros nuages noirs planent sur nos têtes. Si nous avons tous la même volonté de former une Nation, de continuer à vivre ensemble dans la paix, de partager un héritage commun et la même mémoire sur les efforts et sacrifices consentis par toutes les générations d’ivoiriens pour que la Côte d’Ivoire soit ce qu’elle est aujourd’hui, nous n’avons pas le droit de nous taire face à ce qui se passe et arrive ; nous n’avons pas le droit de souffler sur les braises déjà bien incandescentes.

C’est pourquoi le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » s’adresse encore à vous pour que la conduite de la Nation bénéficie des réajustements politiques nécessaires parce qu’une sortie de route n’est pas à exclure, avec ses nombreuses conséquences inimaginables. La Côte d’Ivoire est un pays sous tension. Tout ce que tout le monde attend, c’est qui va allumer la mèche et déclencher l’embrasement général. Et, l’histoire ne retiendra que votre seule responsabilité et celle de votre camp.

La politique est faite par des adversaires qui se respectent et non par des ennemis qui se détestent à mort. Sommes-nous prêts à supporter moralement le coût social et le coût en vies humaines de cet autre affrontement à venir, avec des agressions de toutes sortes ou des arrestations en raison d’une mauvaise gestion du pays, de soutiens politiques supposés ou des origines ethniques ?

Monsieur le Président de la République, il n’est pas nécessaire de passer par la guerre pour que vous perdiez le pouvoir ou que vous la conserviez. Il n’est pas nécessaire qu’on se batte dans la rue avec des machettes, des fusils et des canons pour prendre ou conserver le pouvoir. Il n’est pas nécessaire de « clôturer » les élections pour avoir une victoire certaine, parfaite et écrasante. Il n’est pas nécessaire que la Côte d’Ivoire brûle ou se déchire à nouveau pour qu’une personne conserve ou accède au pouvoir.

Si l’on adopte la logique de raisonnement des sociologues des conflits et que l’on considère les statistiques des pertes humaines depuis 1995, il y a fort à parier que le conflit qui se prépare sous nos yeux risque d’être plus sanglant que tous les autres. Au vu de l’inimitié ambiante et de la multiplication des sources de ressentiments, tous les comptes qui n’ont pas été soldés le seront à cette occasion-là, et cela risque d’être mémorable dans l’opinion publique. Avec ça, devrions-nous aller vers cette logique malgré tout ? Le pays n’a-t-il pas assez souffert comme ça depuis 1993 ?

Monsieur le Président, sous nos yeux, on glisse lentement mais sûrement vers un affrontement qu’on peut sagement éviter avec un peu de bonne volonté et de l’amour les uns pour les autres. Les ingrédients de cet affrontement sont là, palpables et bien visibles par tous et pour tous. La Côte d’Ivoire ne mérite pas le destin funeste qui semble lui être tracé par tout ce qui se passe autour de l’élection présidentielle à venir. « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » ne veut pas se résigner à ce destin, même si tout semble nous y conduire inexorablement. Comme de nombreux ivoiriens, « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » refuse avec force ce scénario du pire imaginé dans les laboratoires politiques.

C’est pourquoi « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » vous prie de ne pas écouter les faucons de votre camp qui, visiblement, veulent l’affrontement et se sont préparés à y conduire la Nation en refusant que vous fassiez toute concession susceptible de préserver la paix et le vivre-ensemble. C’est pourquoi « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » vous prie ne pas offrir la violence ou la rue comme seule alternative aux mécontents de se faire entendre et pour être pris en compte.

Si la Côte d’Ivoire est notre bien le plus précieux à tous, s’entendre pour offrir des élections justes, apaisées, crédibles et inclusives devrait être le combat de tous. « Clôturer » (pour emprunter un mot qui aurait été utilisé par une fillette s’adressant à vous et opportunément rappelé par l’un des porte-paroles de votre parti) l’élection présidentielle n’est pas le meilleur moyen pour garantir la paix et promouvoir la démocratie.

Monsieur le Président, il n’est pas encore tard. Il est toujours possible de s’entendre pour sauver la démocratie ivoirienne, pour sauver la politique en Côte d’Ivoire et pour sauver des vies. Ne laissons pas l’obscurité de l’affrontement avoir raison de la lumière de la paix et de la fraternité.

Monsieur le Président, n’écoutons pas le chant du cygne; n’écoutons pas l’appel à la mort et à la destruction du dieu Thanatos mais soyons des artisans et des bâtisseurs de paix et des promoteurs de la vie. Cela passe par des mesures politiques fortes et sans ambiguïté que vous seul avez le pouvoir de prendre. C’est l’une des vertus de la République.

La confrontation ne servira personne, encore moins les parties en conflit qui pourraient être toutes doublées par tout autre acteur qui en aurait marre de leur toxicité pour la Nation. On n’a pas besoin d’en arriver-là ; une simple amnistie suffit pour sauver la paix et notre démocratie. Et, cela permettra de garantir une vie politique saine et inclusive en Côte d’Ivoire.

Dans la guerre des chefs, aucun chef ne sortira vainqueur, aucun camp ne sortira vainqueur. Qu’on voie ce qui se passe au Soudan. Nous avons plus intérêt à aller vers l’apaisement que vers la confrontation par la rue ou par tout autre moyen. Entre la Mort et la Vie, sachons choisir ce qui sauve et nous sauve nous-mêmes parce que, quand les balles volent, elles ne trient pas leurs destinataires. Ecoutez-nous maintenant sinon, au moment où chacun voudra écouter, il sera déjà tard.

Fait à Abidjan, le 08 juin 2025.

Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».

Le Président

Pr. Séraphin Prao

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