Tôt mercredi 4 juin 2025, les affidés de l’internet qui vérifient à l’aide des syntaxes éditées par la Commission électorale indépendante de Kuibiert, la présence des noms de Gbagbo, Blé Goudé, Thiam et Guillaume Soro notent avec amertume que ces leaders de l’opposition ont été ignorés. Un autre cadre du Pdci Noël Akossi Bendjo est également sur la liste des radiés. On les appelle les grands absents. A la vérité, la décision n’a pas étonné. Des bien-pensants avaient espéré que le régime qui régente la Côte d’Ivoire depuis maintenant 15 ans était capable de surprise et d’exploit au nom de la consolidation de la paix et du règne de la cohésion entre Ivoiriens. Il n’en a cure. Ibrahim Coulibaly Kuibiert le président de la Cei, le latiniste encouragé par ses mandants a fait le travail en balayant à la pelle les noms de ces leaders qui pourraient encore inquiéter le régime dans sa volonté de se maintenir au gouvernail d’un pays si docile.
Aucune mouche n’a bougé en ville en guise de protestation contre une décision qui ruine l’espoir de ceux qui rêvaient d’alternance. L’espoir de participer au choix du futur dirigeant en chef de la Côte d’Ivoire. La ville d’Abidjan, poumon de l’économie nationale est restée à son ambiance habituelle fait d’embouteillages et de mouvements de va et vient de ses habitants. Toute chose comme pour dire que les préoccupations sont ailleurs. Sonné et amèrement contrarié, le Pdci a produit dans la foulée une déclaration où son secrétaire exécutif en chef, Dr Sylvestre Emmou appelle les autorités compétentes à réinscrire immédiatement Tidjane Thiam sur la liste électorale. Une déclaration vite emportée par le vent sans rien souffler aux oreilles des détenteurs actuels du pouvoir. Au Ppa-Ci on est toujours suspendus aux lèvres de son leader Laurent Gbagbo qui n’a pas fini de préparer sa réaction. Idem chez Soro qui observe jusque-là le mutisme. Dans la grisaille, le Cojep de Blé Goudé dénonce lui, une décision basée sur du faux.
A l’intérieur du pays, pas d’échos de perturbation de l’ordre habituel. Tout est calme. Résignation, lassitude ou peur de subir le courroux des gardiens du régime ? Le temps quant à lui court. A cinq mois du scrutin, l’horizon s’obscurcit et laisse planer le doute chez les Ivoiriens sauf chez leur président Alassane Ouattara qui a fait la promesse à ses amis d’une élection présidentielle apaisée et crédible.
Du côté des démocraties occidentales naguère promptes à donner des leçons de démocratie en interpellant chaque fois les dirigeants, motus et bouche bée. Comme pour dire que depuis 2011, début du mandat d’Alassane Ouattara qu’elles ont porté à bout de bras et depuis le retrait définitif de l’Onu venue régler la crise ivoirienne à coups de résolutions et d’injonctions, le combat de cette communauté internationale en Côte d’Ivoire a pris fin et elle est passée à autre chose. Sans doute Thiam dans son désir de lutter contre l’injustice qui lui est faite, ne s’en est pas encore rendu à l’évidence. Ni la France, ni l’Onu, ni l’Angleterre, ni les Etats-Unis ne feront rien, ils ne diront rien non plus. Ouattara demeure leur poulain et ils peuvent fermer les yeux sur ses dérives autocratiques.
Comment ne pas déduire de tout cela que Ouattara est en train de gagner son pari ? Ce pari d’organiser une élection présidentielle, éliminer ses concurrents gênants, ménager les poids plumes, se faire plébisciter et s’auréoler de gloire, sans gêne ni honte. Son ballon d’essai est un succès au moment où nous écrivons ces lignes.
Aujourd’hui, plus que hier, la balle est dans le camp de l’opposition. Elle devra choisir entre se soumettre ou sonner la mobilisation. Choisir entre participer et boycotter. Un vrai dilemme cornélien se met en place. Il y a du temps pour la réflexion et la décision. Une chose est sûre, pour que vive la démocratie, elle ne doit laisser en aucun cas Alassane Ouattara seul dans l’arène. Elle doit repenser sa stratégie.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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