Présidentielle 2025 – Résistances, ruptures et reconquêtes
« Simone Ehivet GBAGBO, L’HEURE A SONNÉ », écrit Lemagnon Dounaci dans une vibrante interpellation lancée sur les réseaux sociaux. Cet appel, rédigé dans une prose militante et empreinte de références aux grandes figures de la résistance africaine – Yaa Asantewaa, Ndaté Yalla, Njinga Matamba, Sery Marie Koré – constitue bien plus qu’un cri personnel. Il traduit l’écho d’une conscience populaire à la recherche d’un renouveau, d’un leadership crédible, et d’une figure capable de relever le flambeau de la dignité nationale.
À moins d’un an de la présidentielle ivoirienne de 2025, alors que les jeux politiques semblent rejouer des partitions anciennes, cette supplique citoyenne projette une lumière crue sur le destin d’une femme à la fois mythifiée et contestée. Entre héritage militant, solitude stratégique, et soif de réparation, Simone Ehivet Gbagbo demeure une énigme vivante. L’heure est-elle venue pour elle de muer l’héroïsme du passé en une offre politique transformatrice ? La question est posée. Et l’Histoire, à nouveau, semble retenir son souffle.
Le legs d’un parcours de lutte
Simone Ehivet Gbagbo, ancienne professeure de lettres, major de sa promotion au CAPES, docteure en linguistique africaine, est bien plus qu’une simple ex-Première Dame. Dès les années 1970, elle s’est illustrée dans le tumulte des luttes syndicales universitaires et a rapidement acquis une stature de combattante intraitable face aux dérives du parti unique. Figure féminine d’une rare envergure intellectuelle, elle a fondé sa légitimité politique non pas dans les ors du pouvoir, mais dans la clandestinité, la précarité et la prison.
Avec Laurent Gbagbo et d’autres compagnons de lutte, elle co-fonde en 1982 le Front Populaire Ivoirien (FPI), dans un climat de répression féroce. Elle est alors la voix, mais surtout l’organisatrice de l’ombre, formatrice politique de base, tisseuse du lien militant, dans un pays verrouillé par la pensée unique de Félix Houphouët-Boigny. Son parcours s’enracine dans une rigueur militante, mais aussi dans une foi chrétienne qui lui inspire une dimension presque messianique dans l’action publique.
Simone Ehivet ne s’est jamais contentée d’un rôle d’épouse politique ou de figure d’accompagnement. Députée, vice-présidente de l’Assemblée nationale, mobilisatrice infatigable des femmes et des jeunes, elle fut aussi, dans les années 2000, un pilier stratégique du pouvoir présidentiel. C’est elle que l’on retrouve au front idéologique pendant la crise de 2002, appelant à la souveraineté nationale, dénonçant sans relâche l’ingérence française et galvanisant les foules.
Mais cette même détermination qui forge l’admiration de ses partisans lui a aussi valu de lourdes critiques. En ligne de mire : son intransigeance, sa proximité présumée avec les éléments les plus durs de l’appareil sécuritaire, et son silence dans certains épisodes sombres de l’histoire ivoirienne. Condamnée en 2015 à 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, elle devient malgré elle un symbole ambivalent : martyre politique pour les uns, incarnation d’un autoritarisme froid pour les autres.
Pour beaucoup, cette trajectoire hors normes s’est figée dans une posture de raideur, comme si la foi, la justice et la fidélité au passé avaient fini par occulter l’écoute du présent. L’image d’austérité, de dogmatisme, voire de ressentiment, lui colle à la peau. Pourtant, le peuple ivoirien semble encore prêt à tendre l’oreille – à condition qu’elle prenne le risque de la transformation.
L’heure est donc venue de revisiter ce legs, non pour le renier, mais pour le réconcilier avec les exigences d’un nouveau cycle politique : plus inclusif, plus humble, et ancré dans les urgences contemporaines – chômage, fracture sociale, défi migratoire, crise écologique, dérive sécuritaire.
Simone Ehivet Gbagbo peut-elle incarner cette synthèse entre mémoire et renouveau ? Le défi est immense. Il suppose de sortir de l’héroïsme du passé pour entrer dans la résonance du présent. De se dépouiller, politiquement et humainement, pour redevenir audible, même chez ceux qui n’ont jamais voté FPI. Ce n’est plus seulement une question de courage : c’est une affaire de transmission.
Une figure fracturée : du couple à la solitude politique
La trajectoire de Simone Ehivet Gbagbo est inséparable d’un nom : celui de Laurent Gbagbo. Ensemble, ils ont incarné une forme rare d’union politique et idéologique, forgée dans les souffrances partagées et la vision commune d’un changement radical pour la Côte d’Ivoire. Leur couple a été perçu, pendant des décennies, comme un symbole de résistance, de discipline militante et de complémentarité stratégique. À lui l’art du verbe et la séduction politique ; à elle la rigueur de la doctrine et la fermeté de l’appareil partisan.
Mais derrière cette façade d’unité, le temps creusait des fractures. Le divorce annoncé avec fracas en 2021 – et prononcé officiellement en 2023 – a révélé au grand jour ce que les cercles politiques savaient depuis longtemps : ce couple était depuis longtemps désuni, politiquement comme affectivement. Ce fut une rupture non seulement personnelle, mais aussi symbolique, dans un pays où la figure de la Première Dame a toujours été investie d’un rôle politique fort.
Le retour de Laurent Gbagbo à Abidjan en 2021, après son acquittement par la Cour pénale internationale, ne s’est pas accompagné d’une main tendue à son ex-compagne de lutte. Bien au contraire. La scène glaçante de son arrivée – avec Simone tenue à distance, ignorée – a brisé ce qu’il restait d’un pacte affectif et révolutionnaire. Cette mise à l’écart, crue, brutale, fut une déclaration politique autant qu’un acte privé.
Simone Gbagbo s’est retrouvée alors seule, mais pas anéantie. Loin de l’image d’une femme brisée, elle a choisi la voie du rebond. En fondant le Mouvement des Générations Capables (MGC), elle tente de recomposer une identité politique propre, dégagée de l’ombre tutélaire du « Woody de Mama ». Mais cette solitude est aussi un révélateur : sans le socle du FPI historique, sans l’appareil militant d’hier, et face à la concurrence de figures nouvelles (ou recyclées ou encore revenantes), son isolement stratégique est réel.
Et pourtant, dans cette solitude, se niche aussi une forme de légitimité renouvelée. Elle peut revendiquer un parcours indépendant, un courage rare, une constance morale dans l’adversité. Encore faut-il qu’elle sache reconstruire autour d’elle un espace de dialogue, de partage et de co-construction. Car nul ne peut gouverner seul, encore moins reconquérir un peuple divisé par deux décennies de blessures.
L’appel à la reconversion morale et stratégique
Le cri de Lemagnon Dounaci ne s’adresse pas à la Simone Gbagbo d’hier, celle des discours de guerre et des foules galvanisées, mais à une Simone à venir, appelée à se réinventer. Son exhortation à « t’humilier », à « quémander du renfort », et à « aller dans les contrées les plus hostiles » traduit une attente de mue : celle d’une dirigeante qui renoncerait à l’autorité solitaire pour embrasser l’humilité de la réconciliation.
Depuis la fin de la crise post-électorale de 2010-2011, la scène politique ivoirienne demeure profondément polarisée. Les rancunes anciennes s’entretiennent dans les quartiers, les villages, les cercles partisans. La classe politique, elle, semble prisonnière d’une logique de survie, de deals entre puissants, et de promesses sans transformation structurelle. Dans ce vide éthique, l’attente populaire d’une figure qui incarne à la fois le courage et la sagesse est réelle – mais elle ne pourra être comblée que par une conversion de posture.
Simone Ehivet Gbagbo, forte de son passé, pourrait devenir cette voix nouvelle, non plus de la revanche, mais de la réparation. Une voix qui parle à toutes les blessures : celles des femmes violées, des prisonniers oubliés, des enfants déracinés par la guerre, mais aussi des partisans désabusés qui se sentent trahis par leurs élites. Cela suppose un tournant radical : quitter le langage du combat pour adopter celui de la guérison ; quitter la verticalité dogmatique pour une parole horizontale, accessible, vulnérable même.
Mais cette reconversion ne saurait être que morale ou rhétorique. Elle appelle aussi une stratégie politique repensée. L’éparpillement actuel des forces d’opposition, l’érosion des partis historiques, et le scepticisme croissant de la jeunesse envers le personnel politique imposent une refonte de la méthode. Il ne suffit plus de convoquer les souvenirs de l’époque glorieuse du FPI ou les exploits d’antan. Il faut aller sur le terrain – pas seulement électoral, mais social, communautaire, technologique – pour construire une coalition nouvelle.
Le Mouvement des Générations Capables (MGC) doit ainsi dépasser son ancrage émotionnel et devenir un laboratoire d’idées, de solidarité et de propositions concrètes. Il lui faut investir l’économie sociale, le numérique, la formation citoyenne, l’écologie, les nouvelles aspirations panafricaines. Et surtout : il lui faut nouer des alliances avec des générations montantes qui ne veulent plus seulement hériter, mais co-construire.
Car au fond, ce que dit le cri de Dounaci, c’est que le salut ne viendra pas d’un nom, aussi prestigieux soit-il, mais d’un élan. Un élan qui redonne à la politique sa vocation première : rassembler, transformer, servir.
Réconcilier la parole et les actes
Dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire contemporaine, rares sont les figures dont le discours a été aussi constant et chargé de références morales que celui de Simone Ehivet Gbagbo. Elle parle de justice, de souveraineté, de foi chrétienne, de libération du peuple, de dignité africaine. Mais ces paroles, souvent puissantes et même prophétiques, ont parfois été desservies par des actes ou des silences qui ont laissé place à la controverse, à la suspicion, voire à la désillusion.
Simone Gbagbo n’a jamais renié son engagement idéologique. Mais à partir des années 2000, son image s’est complexifiée. Les accusations de répression, son silence sur certaines exactions commises pendant la crise de 2010-2011, son apparente proximité avec les éléments les plus durs de la sécurité d’État, ont contribué à fissurer le socle moral qu’elle prétendait incarner. De là est née une contradiction douloureuse : entre la femme de foi qui cite la Bible à la tribune et la dirigeante politique accusée d’avoir cautionné la brutalité du régime du FPI.
Or, la réconciliation entre la parole et les actes est aujourd’hui essentielle. Dans un pays où les élites politiques ont souvent utilisé le langage du peuple tout en menant des politiques de clan, de rente ou d’exclusion, il ne peut plus y avoir de place pour des postures sans cohérence. Le peuple ivoirien n’attend pas un nouveau sermon : il attend une incarnation.
Cela implique, pour Simone Gbagbo, un double geste fort :
D’abord, un retour critique sur sa propre histoire. Non pas une repentance formelle ou une posture défensive, mais un exercice de lucidité publique : reconnaître les impasses, les erreurs, les moments d’aveuglement, les responsabilités partagées dans l’enlisement du pays. Ce geste, s’il est sincère, aurait un impact immense. Il restaurerait la confiance avec une génération qui ne veut plus de héros intouchables, mais de leaders capables de se remettre en question.
Ensuite, une parole tournée vers l’avenir, mais ancrée dans le quotidien. Parler à la jeunesse désorientée, aux femmes marginalisées, aux ex-combattants oubliés, aux populations rurales qui vivent encore sans accès à l’eau, à la santé ou à l’éducation. Et pour cela, il faut que sa parole politique cesse d’être verticale et descendante. Elle doit devenir interactive, communautaire, populaire, à l’image des femmes de marché ou des jeunes de quartier qu’elle dit vouloir servir.
La réconciliation entre la parole et les actes passe aussi par des gestes politiques concrets : un gouvernement parallèle d’experts crédibles à présenter au peuple, des programmes pilotes à initier dans les zones sinistrées, un forum citoyen national avec les jeunes, les syndicats, les diasporas et les chômeurs. L’action doit suivre l’intention. L’engagement doit suivre la proclamation.
Autrement, même le plus fervent des cris de cœur – comme celui de Lemagnon Dounaci – risque de rester lettre morte, étouffé dans les archives de l’oubli politique.
Une candidature encore en sursis
Simone Ehivet Gbagbo a annoncé, le 30 novembre 2024, sa candidature à la présidentielle de 2025, dans un discours ambitieux où elle promettait de bâtir « une Côte d’Ivoire totalement transformée, modernisée et prospère ». Cette annonce a fait l’effet d’un retour, sinon d’un choc : celle que l’on croyait retirée des hautes sphères du pouvoir, assignée à son passé, se relançait dans la bataille électorale avec la ferveur d’une résistante indéfectible. Mais cette candidature, à bien des égards, demeure en sursis.
Ce sursis est d’abord structurel. Le Mouvement des Générations Capables (MGC) reste un jeune parti, encore en construction. Il ne dispose ni d’un maillage territorial comparable à celui du PPA-CI de Laurent Gbagbo, ni de l’ancienneté politique du FPI d’Affi N’Guessan. Il ne peut pas non plus s’appuyer sur une base électorale stable ou consolidée, faute de coalition formelle avec d’autres forces d’opposition. Pour convaincre, le MGC devra élargir son cercle au-delà des fidèles historiques de Simone Gbagbo, et tisser des alliances là où le terrain électoral est en recomposition : dans les zones rurales désabusées, chez les jeunes précaires, dans les périphéries urbaines sous-représentées.
Ce sursis est aussi générationnel et symbolique. Dans un contexte où la jeunesse ivoirienne exprime un profond désintérêt pour les anciens clivages politiques, le retour d’une figure associée à l’ère des années 2000 soulève autant d’interrogations que d’espérances. La figure de Simone Gbagbo, longtemps considérée comme « la lionne » ou « la Dame de fer », inspire encore une partie des populations, surtout dans les cercles religieux et les milieux populaires. Mais pour d’autres, notamment les jeunes diplômés sans avenir, elle incarne encore un passé douloureux, perçu comme rigide, voire dépassé.
La compétition s’annonce d’autant plus rude que la scène politique ivoirienne est fragmentée. Face à elle : Laurent Gbagbo, toujours inéligible mais influent ; Pascal Affi N’Guessan, qui tente de récupérer l’héritage institutionnel du FPI ; Jean-Louis Billon, entrepreneur politique du centre ; et potentiellement Alassane Ouattara ou son dauphin. Dans ce jeu complexe, Simone Gbagbo devra prouver qu’elle n’est pas simplement une survivante du passé, mais une actrice de rupture et de recomposition démocratique.
Le véritable enjeu de cette candidature ne réside donc pas seulement dans les chiffres d’un scrutin, mais dans la capacité à faire naître une parole politique nouvelle à partir d’un corps politique ancien. Elle devra convaincre qu’elle ne revient pas pour restaurer une gloire, mais pour réparer une promesse – celle d’un avenir ivoirien plus juste, plus participatif, plus enraciné dans les réalités du peuple.
D’où la pertinence et la douleur du cri de Dounaci : « HUMILIE-TOI. QUÉMANDE DU RENFORT. »
Ce que dit Dounaci, au-delà des mots, c’est que le peuple ne veut pas simplement d’un retour de Simone Gbagbo, mais d’une métamorphose. L’heure n’est plus aux discours enflammés, mais à l’écoute active, au pardon sincère, à la construction patiente d’un tissu de confiance. Son passé de femme d’État et de croyante convaincue doit s’harmoniser avec une posture de réconciliation – pas seulement nationale, mais aussi personnelle.
Simone Gbagbo peut-elle incarner une alternative morale dans une scène politique dominée par le cynisme, le clientélisme et le recyclage des élites ?
Pour y parvenir, elle devra briser son isolement et descendre de la hauteur de son rôle historique pour embrasser les douleurs quotidiennes de ceux qui, comme Dounaci, espèrent encore.
En 2018, Simone Gbagbo fut amnistiée au nom de la réconciliation. Mais la vraie réconciliation reste à faire. Elle doit commencer par une parole lucide sur les erreurs commises entre 2000 et 2011, notamment dans la gestion sécuritaire et l’exclusion politique qui ont nourri les fractures d’alors.
La référence à Sery Marie Koré dans le texte de Dounaci n’est pas anodine : elle convoque le devoir de résistance, mais aussi le sens du sacrifice éclairé, loin des postures martiales. Il s’agit de se lever, non pas pour dominer, mais pour rassembler.
Simone Ehivet Gbagbo a l’opportunité – peut-être la dernière – de se muer en matriarche politique, en figure de paix et de vérité, au lieu de rester enfermée dans la posture d’ancienne première dame militante.
Si sa candidature à la présidentielle de 2025 est actée, elle demeure fragile. Non pas pour des raisons de légitimité personnelle – son histoire la légitime – mais faute d’alliances solides, de stratégie nationale structurée, et d’un projet clair qui transcende les rancunes du passé.
Il lui faut répondre non par des slogans, mais par un manifeste audacieux, réconciliant foi et gouvernance, mémoire et projet, histoire et avenir.
Enfin, cette candidature ne pourra survivre sans une clarté morale : Simone Ehivet Gbagbo doit sortir des ambiguïtés, assumer ce qu’elle fut, et dire sans détour ce qu’elle veut devenir. Car seule la sincérité du projet, et la cohérence entre sa vie et sa vision, feront la différence dans une élection où les postures tactiques ne suffisent plus.
La fenêtre d’opportunité est étroite. Mais elle est réelle.
Conclusion : l’épreuve de la fidélité vivante
Simone Ehivet Gbagbo est à la croisée des chemins. Ni tout à fait une figure du passé, ni encore totalement une promesse de l’avenir. Elle est ce que l’histoire politique ivoirienne offre de plus rare : une survivante idéologique, marquée par le feu des prisons, des trahisons et des luttes. Mais aujourd’hui, ce n’est plus seulement de survivre qu’il s’agit. C’est d’oser renaître autrement.
La fidélité aux valeurs de justice, de souveraineté, d’émancipation populaire – que Simone Gbagbo incarne depuis les années 1980 – ne peut se limiter à la mémoire d’un combat. Cette fidélité doit devenir vivante, dialogique, renouvelée. Elle doit écouter les silences de la jeunesse, les colères contenues des femmes, les désillusions des pauvres, les doutes même des anciens camarades.
Le cri de Lemagnon Dounaci ne vaut pas seulement comme une supplique isolée. Il résonne comme un examen de conscience lancé à toute une génération d’anciens leaders : « Serez-vous capables de vous dépouiller de vos titres, de vos rancunes, de vos routines, pour devenir, une fois encore, des porteurs de destin ? » C’est à cette interpellation que Simone Gbagbo est aujourd’hui confrontée.
Dans l’arène de 2025, sa voix pourra encore compter. Mais elle devra porter non plus la verticalité du pouvoir, mais la densité du service. Non plus l’idéologie pure, mais la complexité de l’écoute. Non plus la posture du commandement, mais la vérité d’une présence.
Simone Gbagbo peut-elle encore rassembler ? Oui – si elle apprend à décentrer son regard, à se délier de son passé sans le renier, à déléguer, à tendre la main même à ses anciens adversaires. Ce n’est pas de rigidité que la Côte d’Ivoire a besoin. C’est d’une figure capable de désarmer les cœurs, sans renoncer à la justice.
Et peut-être que là, au milieu des ruines d’un vieux système, surgira enfin une parole politique transformatrice. Non plus forgée par le feu de l’affrontement, mais par l’humilité du relèvement.
Par Simplice Ongui
Directeur de Publication
Afriqu’Essor Magazine
osimgil@yahoo.co.uk
Encadré
Voix citoyenne : Lemagnon Dounaci
JE M’ADRESSE À EHIVET SIMONE,
JE M’ADRESSE À SIMONE EHIVET GBAGBO.
NANA NII YAA ASENTEWA, l’armée du colon britannique a vaincu l’armée royale,
N’DATÉ YALLA, la résistance contre l’oppresseur a pris du plomb
NJINGA MATAMBA, les hommes reculent face l’envahisseur portugais
GÉNÉRALE DES AGODJI, prends l’ultime décision.
SÉRY MARIE KORÉ, tes hommes résistants sont emprisonnés. Les autres tétanisés
REGARDE L’AVENIR DES ENFANTS DE TA NATION,
Et PRENDS TON BÂTON DE PÈLERIN.
VA DANS TOUTES LES CONTRÉES. Même les plus hostiles.
HUMILIE-TOI. QUÉMANDE DU RENFORT ET DRESSEZ-VOUS CONTRE LES FORCES AVILISSANTES.
Simone Ehivet GBAGBO, L’HEURE A SONNÉ.
Brève biographie
Lemagnon Dounaci est un citoyen ivoirien actif sur les réseaux sociaux. Panafricaniste et militant pour une responsabilisation éthique des leaders, il est connu pour ses interpellations vibrantes, mêlant spiritualité, histoire et appel à l’intégrité politique
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