Meeting de l’opposition: Mobilisation forte, mais électorat incertain

Le 31 mai dernier, la place Ficgayo de Yopougon a accueilli un meeting annoncé comme la grande démonstration de force de l’opposition ivoirienne. Pourtant, l’absence notable du PPA-CI de Laurent Gbagbo a vite dissipé l’illusion d’un front uni. Derrière les mots d’ordre partagés — dialogue politique, révision de la liste électorale, réintégration des leaders exclus, opposition à une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara — les divergences stratégiques demeurent profondes.

À distance, un duel d’influence se dessine entre Tidjane Thiam, chef de file de la coalition CAP, et l’ancien président Laurent Gbagbo, chacun aspirant à incarner le leadership de l’opposition. Le PPA-CI préfère lancer sa propre campagne contre l’exclusion de son leader, sans certitude que la CAP le rejoigne.

Si la capacité de mobilisation de certains leaders présents — Simone Gbagbo, Affi N’Guessan et Charles Blé Goudé — ne fait aucun doute, leur influence réelle sur l’électorat reste sujette à caution.

Après s’être séparé de Gbagbo en 2021, Affi N’Guessan avait tenté de prouver que le FPI n’était pas un « coquille vide ». Il avait relevé le défi de la mobilisation au Parc des Sports. Mais sa débâcle aux régionales et municipales de 2023, notamment dans le Moronou, a révélé un ancrage électoral quasi inexistant : aucun élu FPI aujourd’hui.

Simone Gbagbo avait elle aussi attiré les foules lors du lancement du MGC en 2022. Pourtant, lors des scrutins de 2023, son parti s’est montré totalement absent. Aucun candidat MGC en lice, aucun siège décroché. Elle-même a évité de se présenter à Bonoua, son fief, sans doute pour échapper à une défaite politique symbolique.

Quant à Charles Blé Goudé, s’il reste très visible médiatiquement, la question de sa capacité à transformer cette visibilité en suffrages reste entière. Être populaire dans la rue ne garantit pas une performance dans les urnes.

La réalité est que l’espace politique reste verrouillé par les trois grandes forces que sont le RHDP, le PPA-CI et le PDCI. L’électorat est cristallisé. Les électeurs indécis ou « flottants » sont peu nombreux et leur influence marginale. Même les jeunes primo-votants, estimés à 4 millions par l’ex-préfet Vincent Toh Bi, candidat déclaré à la présidentielle de 2025, risquent fort de se répartir entre les trois grands partis, influencés par leur environnement familial ou communautaire.

En somme, au-delà des démonstrations de force ponctuelles, l’opposition alternative peine encore à s’imposer comme une réelle force électorale.

Avec Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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