Le 22 mai dernier, à la journée du droit numérique organisé par le ministère de la transition numérique et ses partenaires que sont les structures sous tutelle, des chiffres effarants concernant la cybercriminalité ont été révélés. L’évolution des chiffres entre seulement 2022 et 2024 est si rapide que l’on est en droit de s’interroger sur cette appétence des utilisateurs de l’outil internet pour le mal.
Le ministre Khalil Konaté qui intervenait lors d’un panel, tout en poussant un cri de détresse a rassuré sur la volonté de l’Etat à contrer le phénomène. Là-dessus, il a prévenu en des termes très incisifs les infracteurs quant à la capacité de ses services à débusquer tout cybercriminel. Selon le ministre, le cybercriminel, d’où qu’il agisse ne doit pas penser un seul instant qu’il est caché. A l’instant t où il fait son poste, il est possible de le repérer et de le retrouver en un temps bref. Seulement, le ministre indique qu’il ne peut agir en l’absence d’une plainte. Il faut donc, a-t-il conseillé, que les victimes portent plainte.
En effet, les cybercriminels ne se donnent plus de limites dans leur sale boulot qui va de l’accès frauduleux à un système d’information au vol d’information en passant par l’atteinte à l’honneur et à l’image d’autrui.
Selon le « Rapport 2024 sur l’état de la cybercriminalité en Côte d’Ivoire » consulté par Connectionivoirienne.net, »l’analyse des trois dernières années montre une hausse continue du nombre de plaintes. Ces plaintes sont passées de 6579 en 2022 à 8132 en 2023 puis à 12.100 en 2024 soit une augmentation de 84 % entre 2022 et 2024 ».
Le rapport poursuit en établissant que ‘ »nous observons une évolution de la criminalité traditionnelle vers un usage accru du numérique comme outil de commission des infractions. Cette mutation tend à estomper la distinction claire qui existait auparavant entre les infractions classiques et celles relevant de la cybercriminalité. Les magistrats privilégient les qualifications de cybercriminalité car leur traitement repose sur des preuves plus scientifiques. L’augmentation du nombre d’utilisateurs des technologies numériques ainsi que la diversification des services en ligne expliquent par ailleurs cette progression du nombre d’affaires. Enfin la hausse se justifie par les sensibilisations actives de la Plcc qui touchent de plus en plus de personnes désormais convaincues de déposer plainte. De plus la qualité de l’assistance apportée aux victimes est un facteur de rapprochement des justiciables. »
Toujours selon le même rapport, « les escroqueries, en particulier celles liées aux faux investissements en ligne ont connu une explosion en 2024, avec des affaires médiatisées telles que Global investissement – Index technologies – Minningoracles – Coca cola et Sunpower. Cette catégorie d’escroquerie a enregistré une hausse de 178,7 % en préjudice (passant de 847.178.774 Fcfa en 2023 à 2.361.374.956 Fcfa en 2024) et une augmentation de 190 % en nombre de plaintes (de 802 plaintes à 2326 plaintes) ».
Avec des entreprises qui investissent dans la sécurisation de leur système d’information, l’on observe d’après ledit rapport une forte baisse des préjudices concernant les accès frauduleux aux systèmes d’information. De 3.302.428.287 Fcfa en 2023, on est passé à 151.845.270 Fcfa en 2024. Aussi les pertes globales de l’année 2024 sont-elles passées 6.960.903.038 Fcfa alors qu’elles étaient estimées à 9.206.106.267 Fcfa en 2023.
Les affaires les plus courantes ont été classées par les auteurs du rapport. Ainsi le top 5 s’établit comme suit :
- Atteinte à la dignité humaine…………………………. 2822 affaires
- Escroquerie sur internet …………………………………… 2326 »
- Utilisation frauduleuse d’éléments d’identification de personnes physique et morale (usurpation) …………………………………………………………………………………….. 1638 «
- Atteinte à l’honneur et à l’image……………………… 1577 «
- Spoliation de comptes mail / Facebook ………….1205 »
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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