La Guinée poursuit son offensive de reprise des droits miniers jugés inactifs ou non conformes. Le gouvernement de transition dirigé par la junte militaire a récemment révoqué quatre permis d’exploration aurifère appartenant à la société Endeavour Mining Plc, l’un des principaux acteurs de l’industrie minière en Afrique de l’Ouest.
Détails clés :
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Les permis avaient été octroyés en 2020, mais n’ont pas été renouvelés depuis, selon Bouna Sylla, ministre des Mines de Guinée.
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L’annonce a été faite le lundi 26 mai 2025 à la télévision nationale.
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Endeavour n’a pas commenté cette décision à ce stade.
Cette mesure s’inscrit dans une vaste campagne de « nettoyage » du secteur minier, visant à récupérer les permis inactifs pour les réattribuer à des opérateurs plus engagés ou à des sociétés d’État.
Contexte :
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La Guinée, premier producteur mondial de bauxite, pousse actuellement les entreprises minières à accélérer les investissements et à passer à la transformation locale, comme la construction de raffineries.
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Elle a déjà retiré 51 titres miniers il y a deux semaines, et vient d’annoncer la révocation de 125 permis supplémentaires, tous types de minerais confondus : or, bauxite, diamant et fer.
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Une filiale d’Emirates Global Aluminium a été menacée de perdre sa mine si elle ne lance pas rapidement une raffinerie d’alumine.
Enjeux :
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Cette politique vise à maximiser les retombées économiques locales des ressources minières.
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Elle reflète une volonté de souveraineté économique, dans un contexte où la junte cherche à consolider sa légitimité politique via des mesures populaires et structurantes.
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Implications économiques
Renforcement de la souveraineté économique
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La junte cherche à reprendre le contrôle sur les ressources naturelles pour s’assurer qu’elles profitent davantage à l’économie nationale.
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La révocation des permis « dormants » permettrait de les réattribuer à des entreprises locales ou à des acteurs étrangers plus engagés dans la transformation locale.
Risque de désintérêt des investisseurs
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Des mesures unilatérales et brutales peuvent effrayer les investisseurs étrangers, déjà frileux à investir dans des contextes politiques instables.
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Endeavour, une société cotée à Londres et Toronto, pourrait envisager de réduire ses engagements futurs en Guinée ou d’engager des actions juridiques ou diplomatiques.
Accent sur la transformation locale
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En menaçant d’autres compagnies (comme Emirates Global Aluminium) de perdre leurs concessions si elles ne construisent pas d’infrastructures de transformation, la Guinée pousse à la création de valeur sur place (raffineries, emplois, fiscalité).
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Cela s’inscrit dans une logique panafricaine croissante de « localisation des chaînes de valeur », similaire à ce que prône l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Implications géopolitiques
Affirmation stratégique sur la scène internationale
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La Guinée cherche à se repositionner comme un acteur souverain, à l’instar du Mali ou du Burkina Faso, qui ont aussi contesté la présence étrangère dans l’exploitation des ressources.
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Ces décisions traduisent une volonté de rupture avec la logique néocoloniale où les ressources sont extraites, mais peu transformées localement.
Tensions diplomatiques potentielles
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Des pays occidentaux, notamment le Canada, le Royaume-Uni ou les Émirats arabes unis, pourraient exercer des pressions diplomatiques sur Conakry.
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La judiciarisation des litiges miniers pourrait s’intensifier dans les mois à venir, via des recours auprès de tribunaux arbitraux internationaux.
Ouverture à de nouveaux partenaires
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La junte pourrait utiliser cette situation pour attirer des partenaires alternatifs, comme la Chine, la Russie ou la Turquie, souvent moins exigeants en matière de gouvernance et de transparence, mais plus enclins à investir rapidement.
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