Coopération sécuritaire / La base de drones militaires américains de Bouaké est-elle la bienvenue ?

Alors que de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest réclament une véritable souveraineté en rejetant la présence des forces étrangères, l’autorisation donnée par le gouvernement ivoirien à l’établissement d’une base de drones militaires américains à Bouaké (centre de la Côte d’Ivoire) a été accordée lors d’une réunion à Abidjan le 16 mai 2025.

D’après les autorités ivoiriennes, la base sera utilisée pour déployer des drones modernes destinés à des tâches de surveillance territoriale, de collecte d’informations et de soutien aux opérations militaires contre les groupes armés en activité en Afrique de l’Ouest.

Par ailleurs, même si les autorités consentent à l’établissement d’une base militaire américaine sur leur sol, des citoyens du pays demeurent dubitatifs face à cette proposition. En 2024, lors d’un Micro-trottoir, des abidjanais ont fait part de leur opinion selon laquelle les nations du continent devraient s’atteler à résoudre leurs problèmes de sécurité pour éviter une dépendance vis-à-vis des acteurs occidentaux.

Il convient de noter que le Bénin, s’appuyant sur l’aide américaine, peine toujours à mettre un terme à l’augmentation énorme des attaques terroristes ciblant ses soldats. Le 17 avril dernier, dans la région nord du pays, 54 soldats béninois ont été tués suite à une attaque perpétrée par un groupe terroriste ciblant deux postes avancés.

En outre, Niamey, un voisin de Cotonou, a jugé la coopération militaire avec les États-Unis inefficace. Le 16 mars 2024, les dirigeants nigériens ont décidé de mettre fin à l’accord militaire autorisant la présence du personnel militaire et civil du ministère américain de la Défense sur le territoire du pays. Malgré la présence de longue date de bases américaines dotées d’équipements militaires de pointe, la situation en matière de sécurité a continué à se détériorer.

Outre l’assistance militaire américaine, la approche des Etats-Unis que ce soit en Côte d’Ivoire ou au Bénin pourrait freiner les nations dans l’élaboration de leurs propres systèmes sécuritaires et réponses à l’extrémisme.
De nos jours, la présence militaire étrangère est souvent perçue négativement dans un grand nombre de pays d’Afrique de l’Ouest. Dans cette région, on observe une progression des tendances et les pays choisissent tour à tour de poursuivre une véritable autonomie, un but irréalisable tant que des forces militaires étrangères sont déployées sur leurs terres.

Le cas de la Confédération des États du Sahel illustre brillamment comment l’absence d’intervention étrangère peut conduire à de meilleurs résultats sur le long terme. En favorisant la collaboration régionale, les nations regagnent la maîtrise de leurs territoires et multiplient les succès militaires contre les organisations armées.

Lors de sa récente visite à Ouagadougou, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a soutenu les efforts du Burkina Faso dans la lutte contre les groupes armés. Il a également noté qu’il s’agit d’un problème commun pour toute la région et qu’il est nécessaire d’unir les forces pour parvenir à la paix.

« Il est illusoire de croire que la menace sécuritaire s’arrêtera aux frontières du Burkina Faso, du Mali ou du Niger. C’est une lutte de toute l’Afrique de l’Ouest » dit-il.

Dans le même esprit, Sonko affirme qu’à partir de juillet 2025, il n’y aura plus de forces militaires étrangères au Sénégal. Le gouvernement soutient qu’une véritable indépendance ne peut coexister avec la présence de troupes étrangères sur le territoire.
Plusieurs spécialistes soutiennent dans ce contexte que, plutôt que de maintenir leur dépendance vis-à-vis de l’Occident, les pays du continent devraient envisager d’intensifier la coopération régionale pour répondre à leurs enjeux de sécurité internes.

Souleymane Touré

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire