Conseillers Municipaux: Ces oubliés de la République !

À la suite d’un appel pressant lancé par l’Union Nationale des Conseillers Municipaux de Côte d’Ivoire (UNACOM-CI), présidée par Mey Kelassar, nous avons pris la mesure d’un scandale silencieux : celui du traitement injuste réservé aux conseillers municipaux. Ce billet d’humeur s’inscrit dans le sillage de leur cri d’alerte, pour dire tout haut ce que beaucoup préfèrent ignorer.

Par Simplice Ongui

Une inégalité criante entre élus : Une indemnité dérisoire, digne d’un autre siècle

Il est des silences qui hurlent. Celui qui entoure le sort des Conseillers Municipaux en Côte d’Ivoire est assourdissant. Dans la République, ils sont là, présents à chaque coin de rue, chaque coin de marché, chaque instant où les populations cherchent un relais, un recours, un réconfort. Et pourtant, eux, les élus de proximité, les premières oreilles du peuple, sont traités comme de simples figurants d’un théâtre politique où seuls les rôles principaux seraient dignes d’intérêt.

Pendant que nos honorables députés perçoivent une indemnité mensuelle de 3.052.000 F CFA, agrémentée d’une prime trimestrielle de 2.000.000 F, d’une prime d’installation de 10.000.000 F, et bénéficient de l’exonération de taxes sur les véhicules, d’une couverture maladie totale, et, cerise sur le gâteau, d’une pension mensuelle d’un million de francs CFA après leur mandat… les conseillers municipaux, eux, doivent se contenter d’une indemnité annuelle de 40.000 F CFA, soit 3.330 F CFA par mois ! Une somme qui ne permet même pas de remplir un caddie au supermarché.
Mais le plus aberrant, c’est que cette indemnité misérable est fondée sur une loi de 1980, soit plus de quarante ans d’injustice institutionnalisée — quand bien même cette loi a été abrogée en 2012 !
Oui, vous avez bien lu : la loi n°. 80-1180 du 17 octobre 1980, dont le décret d’application date de 1995, continue d’être appliquée en 2025, alors qu’elle a été remplacée par la loi n°. 2012-1128 du 13 décembre 2012.
Un déni républicain qui frise l’absurde, un mépris qui a trop duré.

Des serviteurs de l’État livrés à eux-mêmes

Comment expliquer que ceux qui portent les doléances des quartiers, qui assistent les citoyens dans leurs démarches quotidiennes — santé, scolarité, sécurité, solidarité — soient réduits à l’état de bénévoles déguisés ?
Comment justifier qu’au XXIᵉ siècle, des élus locaux doivent mendier pour être reconnus à la hauteur de leur engagement ?
Les conseillers municipaux ne disposent ni de bureau, ni de téléphone de service, ni de couverture sociale, ni même de reconnaissance symbolique à l’échelle de leur commune. Et pourtant, ce sont eux qui répondent aux coups de fil tardifs, aux enterrements, aux cas sociaux urgents. Ils sont le visage humain de la République, et pourtant, ils sont les grands oubliés de son budget.

Silence coupable de la République : L’UNACOM-CI tire la sonnette d’alarme

Ce déséquilibre institutionnel n’est plus une simple négligence administrative. C’est une injustice organisée.
Ce n’est pas seulement une question de traitement financier. C’est une question de respect démocratique.
Comment bâtir une République équitable si l’on oublie ceux qui, chaque jour, en incarnent la proximité ? Le silence de l’État face à cette situation envoie un message clair : certains élus valent plus que d’autres. Et ce message est inacceptable.
L’Union Nationale des Conseillers Municipaux de Côte d’Ivoire (UNACOM-CI), par la voix de son président Mey Kelassar, dénonce aujourd’hui cet état de fait, trop longtemps ignoré.
Elle appelle à l’ouverture urgente de discussions avec le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, pour revaloriser le statut, les conditions de travail et la reconnaissance institutionnelle des conseillers municipaux.
Il ne s’agit pas d’un caprice, mais d’un appel légitime à la dignité.

Il est temps d’agir, enfin !

Les conseillers municipaux ne demandent pas des privilèges.

Ils exigent justice, respect et reconnaissance.

Ce ne sont ni des figurants, ni des bénévoles : ce sont des acteurs du développement, des élus du peuple, des serviteurs de l’État. Et à ce titre, ils méritent bien plus qu’un ticket de bus annuel.

La République ne peut pas continuer à fonctionner à deux vitesses : une pour les élites, l’autre pour ceux qui se salissent les mains sur le terrain.

Il est temps que les décideurs politiques entendent cette clameur venue des quartiers, des villages, des bourgades oubliées.

Il est temps de réparer cette injustice. Il est temps d’entendre les conseillers municipaux. Il est temps, enfin, d’agir.

Simplice Ongui
Directeur de Publication
Afriqu’Essor Magazine
osimgil@yahoo.co.uk

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