Soro dénonce une «dérive autoritaire assumée» du pouvoir Rhdp

Avec d’autres figures de l’opposition, l’ancien premier ministre et ex-chef rebelle est exclu de la présidentielle d’octobre, condamné en son absence en 2021 à la perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ».

L’ancien premier ministre et ex-chef rebelle Guillaume Soro, exclu de la présidentielle d’octobre avec d’autres figures de l’opposition, a dénoncé une « dérive autoritaire assumée », affirmant que les autorités ivoiriennes ont « choisi l’injustice comme méthode, l’arbitraire comme politique, la peur comme stratégie ».

Dans une vidéo mise en ligne jeudi 1er mai sur les réseaux sociaux, l’opposant de 52 ans, qui vit en exil depuis 2019 et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, décrit une situation « gravissime » et des « heures sombres » à six mois du scrutin du 25 octobre. « Par une dérive autoritaire, assumée d’ailleurs, quatre grandes figures de l’opposition, représentant près des trois quarts de l’électorat, ont été arbitrairement radiées des listes électorales », a-t-il assuré.

Il faisait référence à Tidjane Thiam, chef du principal parti d’opposition, radié à la suite d’une décision d’un tribunal sur sa nationalité. Mais aussi à l’ancien président (2000-2011) Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et lui-même, tous exclus de la course à la présidentielle en raison de condamnation judiciaire.

Les autorités récusent toute intervention politique et déclarent s’appuyer sur des textes ou décisions juridiques. « Peut-on encore réellement parler d’élection dans un pays où on choisit ses adversaires comme on choisit des figurants », s’est demandé M. Soro, assurant qu’il n’« accepterait jamais » son exclusion.

En exil depuis 2019

Pour M. Soro, qui était à la mi-avril au Ghana voisin, « peut-on construire la paix sur l’injustice, bâtir la réconciliation sur l’exclusion, peut-on prétendre à la stabilité en muselant la majorité du peuple ? Non, trois fois non ».

Il a ensuite interpellé la communauté internationale et « en particulier la Cedeao », la communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, « si prompts à condamner les régimes militaires mais étrangement et curieusement silencieuse face au coup d’Etat civil ».

« Où est la Cedeao quand un président viole la Constitution, manipule la justice, exclut ses opposants et se prépare à un quatrième mandat illégal, inconstitutionnel de fait. Où est la Cedeao ? Faut-il attendre une flambée de violences pour réagir, faut-il attendre du sang pour réagir ? », a-t-il lancé.

Le parti au pouvoir n’a pas encore désigné son candidat. Mais le président Alassane Ouattara, 83 ans, président depuis 2011, s’est déjà dit « désireux de continuer à servir son pays ».

Ancien chef de la rébellion qui contrôlait la moitié nord de la Côte d’Ivoire dans les années 2000 puis premier ministre et président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro s’est brouillé avec Alassane Ouattara en 2019, année de son départ en exil. Il a été condamné en 2020 en son absence à vingt ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics » en Côte d’Ivoire, puis à la perpétuité un an plus tard pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Il est, depuis la fin de 2023, revenu en Afrique et se trouve entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, trois pays dirigés par des régimes militaires.

Le Monde avec AFP

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