
Depuis quelques années, l’armée de l’Air ivoirienne connaît une transformation en profondeur, marquée par une série d’acquisitions stratégiques, une modernisation de ses infrastructures et une intensification de ses partenariats militaires, en particulier avec la France et la Chine.
Cette montée en puissance marque la volonté d’ériger la Côte d’Ivoire en tant qu’acteur sécuritaire majeur en Afrique de l’Ouest, capable de répondre aux nouvelles menaces régionales, notamment le terrorisme et la piraterie maritime.
Le renouvellement de la flotte aérienne a débuté en 2020 avec la livraison de quatre hélicoptères de fabrication soviétique par la société bulgare Metalika-AB. Deux Mil Mi-24 d’attaque et deux Mi-17 de transport ont ainsi rejoint les rangs des forces aériennes, afin de répondre aux besoins opérationnels du commandement ivoirien. Ces appareils, robustes et polyvalents, ont été engagés dans plusieurs missions de sécurisation du territoire national et dans l’appui aux forces terrestres dans les zones sensibles du nord du pays.
Le 18 novembre 2023 a marqué une nouvelle étape avec la réception officielle, sur la base aérienne de Port-Bouët, d’un avion de transport Airbus C295. Conçu pour répondre à des missions multiples — transport de troupes, logistique, évacuation sanitaire — l’appareil offre désormais à l’armée de l’Air une capacité de projection régionale accrue.
Quelques mois plus tard, en mai et juillet 2024, deux Beechcraft King Air 360 ont été intégrés à la flotte. Ces appareils contribuent notamment à la surveillance maritime, avec une mission prioritaire : le renforcement de la lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée.
Le renforcement capacitaire de l’armée de l’Air ivoirienne ne s’est toutefois pas limité à l’aviation habitée. Dès décembre 2021, celle-ci s’est en effet dotée de quatre drones de reconnaissance DELAIR DT26, lui permettant d’étendre ses capacités de surveillance sur de longues distances, notamment dans les zones frontalières avec le Burkina Faso et le Mali. Cette utilisation de drones s’inscrit dans une logique d’adaptation aux nouvelles menaces asymétriques et de collecte de renseignement en temps réel.
En parallèle de ces acquisitions, un vaste chantier de modernisation des infrastructures aériennes a été lancé sous l’impulsion du Général Alfred Koffi, actuel chef d’état-major de l’armée de l’Air. Les bases de Yamoussoukro et Bouaké ont ainsi bénéficié d’investissements majeurs en équipements, en logistique et en formation, permettant une meilleure interopérabilité avec les armées partenaires et une réactivité opérationnelle accrue.
Par ailleurs, au cœur de cette montée en puissance se trouve la coopération militaire franco-ivoirienne. Historiquement ancrée, la relation bilatérale a contribué à la professionnalisation des unités aériennes ivoiriennes à travers des formations, des transferts de savoir-faire et des exercices conjoints. En novembre 2023, l’exercice TOURACO, organisé en Côte d’Ivoire avec la participation de plusieurs pays africains, a permis de simuler des opérations aéroportées complexes, renforçant les capacités d’intervention rapide de l’armée ivoirienne. Un an plus tard, en novembre 2024, un second exercice de grande ampleur s’est déroulé dans la région de Bouaké, impliquant 400 militaires français et ivoiriens. L’objectif : tester l’interopérabilité des dispositifs de défense aérienne et assurer la conformité des infrastructures aux standards OTAN.
Néanmoins, la France n’est pas le seul partenaire de cette ambition. Depuis plusieurs mois, des négociations sont en cours avec la Chine pour l’acquisition d’hélicoptères Harbin Z-9, ainsi que de trois avions d’entraînement et d’attaque K-8 Karakorum, co-développés par Pékin et Islamabad. À cette commande pourrait s’ajouter un lot supplémentaire d’hélicoptères, dont le nombre n’est pas encore précisé.
L’horizon de cette modernisation pourrait encore s’élargir avec l’acquisition envisagée de deux à trois avions de combat Mirage 2000 auprès de la France. Si cette transaction aboutit, elle marquerait un tournant décisif dans la capacité de dissuasion de la Côte d’Ivoire, qui rejoindrait alors le cercle restreint des pays d’Afrique subsaharienne disposant de chasseurs supersoniques.
La montée en puissance de l’armée de l’air ivoirienne, loin de n’être qu’un affichage symbolique, traduit donc une transformation stratégique profonde. Elle repose sur une vision claire : bâtir une force aérienne capable d’agir rapidement, de manière autonome, et d’apporter un appui décisif aux opérations de sécurité intérieure et de projection à l’étranger.
Ainsi, dans un contexte régional marqué par la montée des menaces terroristes et la volatilité des alliances, cette ambition pourrait bien repositionner la Côte d’Ivoire comme un acteur central de la sécurité ouest-africaine.
source : Cap’Ivoire info
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