Face au débat juridico-politique provoqué par la radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale, Augustin Kouamé, directeur des affaires civiles et pénales (DACP) au ministère de la Justice, est monté au créneau ce lundi matin. Lors d’une conférence de presse, il a livré une dissertation juridique dense, aux tournures hermétiques, tentant de justifier ce qui casse aujourd’hui l’ambition présidentielle du leader du PDCI-RDA.
Une radiation juridico-technique, pas politique, selon Kouamé
Pour Augustin Kouamé, il ne s’agit nullement d’une décision politique, mais d’une application stricte du droit. Selon lui, Tidjane Thiam ne pouvait figurer sur la liste électorale en 2022, car il avait perdu sa nationalité ivoirienne en 1987 lorsqu’il a acquis la nationalité française, conformément à l’article 48, alinéa 1 du Code de la nationalité ivoirienne.
Cependant, l’ancien patron du Crédit Suisse, souligne-t-il, n’est pas devenu apatride. En effet, dès lors qu’il a renoncé à sa nationalité française le 19 mars 2025, il a, selon le principe du « parallélisme des formes », retrouvé automatiquement sa nationalité ivoirienne d’origine sans besoin d’un décret de réintégration. Ainsi, il peut obtenir un certificat de nationalité, simple présomption de son statut, mais qui n’est pas un titre d’attribution de nationalité.
Un discours complexe pour une réalité simple : Thiam disqualifié
Pour clore toute contestation sur une éventuelle apatridie, Augustin Kouamé rappelle la définition tirée de la Convention de 1954 relative aux apatrides : est apatride celui qu’aucun État ne reconnaît comme son ressortissant. Or, affirme-t-il, Thiam reste reconnu Ivoirien par le droit du sang, sa filiation étant intacte malgré son ancien changement de nationalité.
En résumé : si Thiam est juridiquement redevenu Ivoirien depuis mars 2025, il n’était pas en situation régulière lors de son inscription sur la liste électorale en 2022. Conclusion brutale : il est écarté de l’élection présidentielle de 2025, mais pourrait, éventuellement, se représenter à l’avenir.
Une manœuvre politique habillée de droit ?
Derrière ce long exposé juridico-technique, l’essentiel est clair : Tidjane Thiam est hors course pour 2025. Et avec un certain cynisme, l’État semble dire : « Qu’il revienne demain, le temps aura fait son œuvre, le Rhdp ne sera plus là [ou] mieux préparé pour l’affronter».
La balle est désormais dans le camp du PDCI-RDA. Va-t-il se résigner alors qu’il semblait dominer le match ?
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