La CEDEAO a lancé à Accra le 22 Avril dernier, les festivités de ses cinquante années d’existence. Si la cérémonie fut riche en couleurs, un détail n’est pas passé inaperçu, l’absence des chefs d’Etat. Seul le président Libérien a effectué le déplacement. La Côte d’Ivoire était représentée par le président du CESEC, et non par le vice-président ou le PM, ce qui laisse à réfléchir. Les pays du Sahel qui avaient été invités, ne se sont pas faits représentés. Certes il ne s’agissait que de la cérémonie de lancement. Des festivités doivent se dérouler dans les pays tout au long de l’année avec un point culminant le 28 Mai, jour où sera véritablement célébré les cinquante années. Néanmoins la présence des chefs d’Etat aurait donné de l’éclat à la cérémonie. Comment expliquer ce qu’on peut qualifier d’échec du président Dramani Mahama, lui qui s’est personnellement investi dans cette affaire ?
Il semble que son approche envers les pays du Sahel ne soit pas partagée sur toute la ligne par ses pairs. Tout d’abord, dès son élection, il a désigné un représentant officiel du Ghana auprès de ‘’l’’AES’’ alors que la CEDEAO n’a pas encore formellement reconnu cette organisation. On continue de parler du Mali, du Burkina et du Niger et non de ‘’l’AES’’ au sein de la CEDEAO. La présence du Chef de la junte burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré à sa prestation de serment le 07 Janvier dernier, où il a monopolisé l’attention des nouvelles autorités ghanéennes, a semble-t-il froissé les autres chefs d’Etat présents. En ne se rendant pas à Accra, ils ont peut-être voulu éviter une nouvelle expérience de ce type, le président Dramani Mahama ayant invité les Chefs d’Etats sahéliens avec beaucoup d’insistance et à grand renfort de communication.
Le président ghanéen s’est auto-désigné facilitateur auprès de ‘’l’AES’’, alors que les présidents du Sénégal et du Togo ont déjà été désignés par la CEDEAO pour mener la facilitation. Après quatre mois d’intenses consultations, le président Diomaye Fall est arrivé à la conclusion que la CEDEAO doit désormais prendre acte de la sortie de ces pays. C’est la ligne qui est suivie aujourd’hui. Aussi une autre médiation n’est plus à l’ordre du jour, on voit difficilement ces pays faire marche arrière, ils ne seraient plus crédibles vis-à-vis de leurs populations. Que cherche donc véritablement le président Ghanéen en s’accrochant à une nouvelle médiation ?
Il a visité Abidjan et Abuja, pour se faire adouber dans son nouveau rôle. Mais une fois dans les capitales des pays de « l’AES », il a parlé très peu de la CEDEAO, mais plutôt d’investissements et de coopération, mettant ses ports à leur disposition. La construction d’un oléoduc a aussi été évoquée avec le Burkina. A l’instar du Togo, le Ghana a officiellement affiché son intention d’intégrer ‘’L’AES’’. Ainsi derrière sa médiation, John Dramani vise surtout des avantages économiques par une coopération renforcée avec ces pays sans façade maritime. La CEDEAO, bien que ne prônant pas une rupture avec les pays du Sahel, n’a pas encore reconnu officiellement L’AES, ni arrêté sa stratégie vis-à-vis de ces Etats. Cette stratégie fait actuellement l’objet de discussions. En jouant une partition solitaire dès son élection, John Dramani a froissé ses partenaires du bloc sous régional. Leur absence lors des cérémonies de lancement des cinquante ans de la CEDEAO vient de là.
Enfin, en recevant l’opposant ivoirien Soro Guillaume avec certains ‘’honneurs’’ les 08 et 09 Avril dernier, alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la Côte d’Ivoire, John Dramani a peut-être brouillé les relations entre les deux pays pour longtemps. Aujourd’hui, Ken Ofori Atta, ancien ministre ghanéen des finances sous Nana Akuffo Addo, est recherché par la justice ghanéenne. Comment réagirait le Ghana si la Côte d’Ivoire lui offrait le même type d’accueil ? Une chose est certaine, Abidjan n’a certainement pas apprécié cette visite même si officiellement elle n’a trouvé « aucun inconvénient » selon les dires du ministre ghanéen des affaires étrangères. Cela va certainement impacter les relations entre les deux présidents.
Douglas Mountain
oceanpremier4@gmail.com
Le Cercle des Réflexions Libérales
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