Pour conjurer le sort : débaptiser « la Salle des Pas Perdus » (tribune politique)

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Par Kouakou Dapa Donacien

En Côte d’Ivoire, la sphère politique semble prisonnière d’un cycle funeste où violence, exil et mort ponctuent la fin des mandats présidentiels. Ce drame, trop souvent relégué aux hasards de la politique, mérite aujourd’hui une réflexion plus profonde.

Depuis les indépendances, tous nos chefs d’État sans exception ont vu leur règne s’achever dans l’amertume, la disgrâce ou la violence. Aucun passage de témoin pacifique n’a eu lieu. Le Palais présidentiel du Plateau, lieu de pouvoir et de prestige, semble porter en lui une lourde malédiction. Son cœur symbolique, la fameuse « Salle des Pas Perdus », en est peut-être le sinistre épicentre.

Félix Houphouët-Boigny, le Sage de l’Afrique, humilié à la fin de son règne ; Henri Konan Bédié, renversé par un coup d’État ; Robert Guéï, tombé sous les balles ; Laurent Gbagbo, arrêté dans la violence avant un long exil carcéral ; sans parler de tant d’autres figures civiles et militaires disparues prématurément. Tous ont arpenté cette salle, avant de sombrer dans l’abîme.

Plus troublant encore, ceux qui y ont gravité sans accéder à la magistrature suprême n’ont pas été épargnés : Simone Gbagbo, Guillaume Soro, Mamadou Koulibaly… Tous ont connu l’humiliation, l’exil, ou la marginalisation politique.

Faut-il continuer à ignorer les symboles et leur poids invisible sur le destin d’une Nation ? Faut-il s’entêter à imiter sans discernement des usages venus d’ailleurs, même lorsqu’ils semblent nous attirer malheur et instabilité ?

Je lance ici un appel : débaptisons la « Salle des Pas Perdus ». Renonçons à ce nom funeste, hérité sans esprit critique, et remplaçons-le par une appellation porteuse d’espoir, de continuité et de paix.

Il est temps que la Chambre des Rois et Chefs traditionnels, les partis politiques, les universitaires, et l’ensemble des forces vives du pays se penchent sérieusement sur cette question. Ce geste symbolique serait le premier pas vers un changement d’esprit et une pacification durable de notre vie politique.

En conjurant ce mauvais sort, nous pourrions enfin rêver d’une Côte d’Ivoire où les élections ne riment plus avec tragédie, où la construction nationale ne sera plus interrompue par la violence, et où chaque citoyen pourra vivre et prospérer sans crainte à chaque échéance électorale.

La vie doit triompher sur la mort.
L’espérance doit remplacer la fatalité.
Il est temps de tourner la page.


KOUAKOU Dapa Donacien
Email : dapadonacien@gmail.com


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