Vous avez dit sondage politique ?

Ou mirage politique ?

Hier j’ai écouté la déclaration de M. Tidjane Thiam. Je n’ai pas pour habitude de me prononcer publiquement sur certains sujets politiques, mais après réflexion, j’ai décidé de réagir à froid. Le débat politique doit être nourri, certes mais il doit surtout être fondé sur des faits et porté avec humilité.

Dans sa récente intervention, M. Thiam, président du PDCI, a évoqué un sondage qu’il aurait commandité, le plaçant largement en tête des intentions de vote pour la présidentielle d’octobre 2025, devant le président Laurent Gbagbo.

Je tiens à réagir calmement mais fermement : je n’accorde aucun crédit à ce sondage. Premièrement, sur quelle base scientifique, méthodologique ou démographique a t-il été réalisé ? Deuxièmement, au moment du sondage, M. Thiam était inscrit sur la liste électorale, contrairement au président Laurent Gbagbo, dont la radiation suscitait à juste titre des doutes sur sa possible candidature.

Il est donc possible que ce contexte ait influencé les réponses : certains électeurs ont peut-être porté leur choix sur M. Thiam en pensant que le président Gbagbo ne pourrait pas concourir. Aujourd’hui que ni l’un ni l’autre n’est inscrit, je l’invite à refaire ce sondage. Nous verrons alors quel en serait le résultat.

Mais au-delà des chiffres, je parle ici en tant qu’actrice de terrain, engagée en zone rurale. Nos parents que je rencontre régulièrement dans les villages et qui votent depuis l’époque du président Houphouët Boigny, ne connaissent pas tous M. Thiam. Ils connaissent ces hommes qui ont dirigé notre pays. M. Thiam, lui, n’a encore jamais été candidat à une élection en Côte d’Ivoire.

Un sondage n’est pas une vérité absolue. Si je faisais un sondage dans mon village où 90 % des électeurs m’ont toujours soutenue, bien sûr que ce sondage me placerait favorite pour l’élection présidentielle d’octobre 2025. Mais serait-il représentatif du pays ? Certainement pas.

Une tendance sur les réseaux sociaux ou un classement Google ne remplacera jamais un bulletin dans l’urne. Et si vous êtes à la tête de CAP 2025, regroupant 25 partis politiques, il serait juste de reconnaître que ce soutien collectif contribue aussi à votre popularité apparente.

Je n’ai pas la prétention de donner des leçons, mais j’interpelle le sens de la mesure. Dire qu’on incarne « le choix des Ivoiriens » dans un contexte aussi complexe est, pour le moins, présomptueux. Le vrai choix des Ivoiriens aujourd’hui, c’est la paix. Même les militants les plus fervents le disent : nous voulons gagner, mais nous voulons surtout la paix.

Le président Gbagbo n’est pas votre adversaire, M. Thiam. Il est une figure majeure de notre histoire. Et quand on aspire à diriger la République, on se doit de respecter ses devanciers. Comme l’a si bien chanté Espoir 2000 : « Respectez les gens qui ont vécu »

Je déplore aussi l’absence de solidarité du PDCI lorsque le président Gbagbo a été retiré de la liste électorale. Le silence fut assourdissant. Pourtant, les Ivoiriens eux mêmes nous rappellent une chose essentielle : l’opposition doit rester unie.

Aucun leader ne gagne seul. Aucun sondage ne fait un président. Et aucun candidat ne devrait bâtir sa stratégie en rabaissant un autre.

Je suis peut-être novice en politique, mais je respecte ceux qui ont vécu, dirigé et souffert pour ce pays.
Je m’appelle Fleur Aké M’bo Esther, cadre d’Agboville, Secrétaire Nationale Technique du PPACI en charge de la jeunesse, et je crois que l’opposition doit rester unie, que le débat doit rester respectueux, et que les ambitions doivent rester humbles devant le peuple.

Ainsi, j’ai parlé.

Fleur Aké M’bo Esther

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