Lemandatexpress – Le PDCI-RDA organise, ce mercredi 16 avril, sa convention éclatée pour le choix de son candidat à la présidentielle d’octobre prochain. Si Tidjane Thiam est seul en lice, donc assuré de triompher, l’environnement et les critères menant à ce rendez-vous posent question.
À travers 45 localités au plan national et 5 à l’international, le PDCI-RDA va désigner, ce mercredi 16 avril, son candidat à l’élection présidentielle de 2025. Une convention éclatée en forme de plébiscite annoncé pour Tidjane Thiam, seul candidat enregistré et validé par le Comité électoral, présidé par Georges Philippe Ezaley. Cependant, même si d’autres cadres, tel que Jean-Louis Billon, qui était pressenti pour contrebalancer Thiam, ont snobé cette instance, il semble que le chemin ait été intentionnellement déblayé pour l’ancien DG du Crédit Suisse.
Cela se remarque à travers les critères retenus, manifestement assouplis. En effet, contrairement aux dispositions statutaires, faisant, entre autres, obligation à tout prétendant à la convention de fournir un certificat de nationalité de moins de trois mois, le Bureau politique du 5 avril a autorisé le dépôt de ce document administratif sans contrainte de délai. Il a également fait l’impasse sur l’attestation de régularité fiscale, habituellement requise dans ce processus. Par voie de conséquence, Tidjane Thiam, dont la délivrance d’un nouveau certificat de nationalité est suspendue par une ordonnance de la justice ivoirienne, a pu satisfaire aux conditions. Pour être, ensuite, retenu comme seul candidat.
Tout naturellement, des voix, comme celle des secrétaires de section de Dabakala, se sont déjà levées pour contester la régularité de cette convention, dont le délai même du dépôt des candidatures (du 8 au 10 avril) pose problème. Un calendrier qualifié de « précipité » par plusieurs cadres du parti doyen.
Déficit de démocratie
Journaliste et analyste politique ivoirien, Félix Diby Bony livre également une vive critique sur la conduite de ce processus. Se confiant à lemandatexpress.net, Il interprète la tournure des événements comme « un manque de démocratie au sein du parti dit démocratique de Côte d’Ivoire ». « On ne peut pas avoir un grand parti comme le PDCI-RDA, un parti qui est octogénaire bientôt (il a 79 ans), un parti qui dit avoir les viviers les plus riches du pays et aller à une convention sans qu’il n’y ait qu’un seul candidat, surtout que ce seul candidat n’est pas issu d’un consensus de l’ensemble des militants de ce parti ». Félix Bony est d’autant plus sidéré que des velléités de candidatures ont affleuré au cours de ces deux dernières années.
Selon son analyse, le mécanisme qui sous-tend le processus électoral au sein du PDCI est biaisé à la base. « On fait un bureau politique le samedi 5 avril, et la date de dépôt des candidatures est fixée au mardi 8 avril. C’est-à-dire que celui qui peut déposer sa candidature le mardi 8 avril n’a que le lundi pour réunir tous ses dossiers ; parce que le dimanche ne compte pas. Alors que, pour avoir ces dossiers, il y a des pièces administratives à réunir », fait-il remarquer. Alors, pour lui, le constat est sans équivoque : « On a tout taillé sur mesure pour qu’il n’y ait qu’un seul candidat. Et c’est une sorte de remake du congrès extraordinaire où il y avait un candidat préparé pour ravir la présidence du parti. C’est un déficit de démocratie interne ».
Une parodie de convention
Si l’ajustement des règles du jeu par le PDCI-RDA, tel que constaté dans le cadre de cette convention, garantit à Tidjane Thiam une victoire promise ce mercredi, la marche vers le perchoir de la République baigne dans une incertitude éloquente. Car les quelques conditions exigées par le PDCI pour le propulser à la convention ne suffisent pas pour faire de lui un candidat à la présidentielle. Elles ne sont pas conformes aux éléments exigés pour cette élection.
Il s’agit, comme dirait l’autre, d’une décision propre au PDCI. En effet, le Bureau politique a donné, de manière circonstancielle, des mesures spécifiques pour cette convention, qui ne le serait alors que de nom. « Une parodie de convention pour investir quelqu’un déjà préparé par un groupe d’amis, rangé derrière lui », juge Félix Bony. Il ajoute : « Ça veut dire clairement que ce candidat souffre de légitimité au sein même de son parti. Parce qu’on a fait entorse à toutes les règles, on a créé des restrictions artificielles pour que ce ne soit que lui. Or ce n’est pas ainsi que les choses se passent dans une vraie démocratie. »
M. Galé
Lemandatexpress.net
Commentaires Facebook