Au Niger, le Haoussa devient la « langue nationale », le français relégué au rang de «langue de travail»

Le régime militaire du Niger, dirigé par le général Abdourahamane Tiani depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, a officiellement modifié le statut des langues dans le pays à travers la « Charte de la refondation », promulguée fin mars. Selon ce nouveau texte, le haoussa devient la langue nationale, tandis que le français et l’anglais sont désormais considérés comme langues de travail. Ce changement marque une rupture symbolique et politique forte : auparavant, le français était la langue officielle selon la Constitution de 2010.

Neuf autres langues, dont le zarma-songhay, le fulfulde (peul), le kanouri, le gourmantché et l’arabe, sont reconnues comme « langues parlées du Niger ».

Cette réforme linguistique s’inscrit dans une dynamique plus large de souveraineté culturelle et politique. Le Niger, comme le Mali et le Burkina Faso, s’est récemment retiré de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), de la CEDEAO, et a rompu ses liens militaires et diplomatiques avec la France. Ensemble, ces trois pays forment désormais l’Alliance des États du Sahel (AES), qui prône une politique d’autodétermination vis-à-vis des anciennes puissances coloniales.

Le choix du haoussa comme langue nationale reflète sa prévalence dans les régions les plus peuplées du pays, notamment Zinder, Maradi et Tahoua, proches du Nigeria, où la langue est également largement parlée. Avec seulement 13 % de la population nigérienne se déclarant francophone, ce repositionnement linguistique consacre les langues locales comme piliers identitaires dans un contexte de rupture avec l’influence française.

Ce changement survient alors que le régime militaire a prévu de se maintenir au pouvoir pour une durée minimale de cinq ans, une période susceptible d’être prolongée en fonction de la situation sécuritaire du pays, toujours confronté aux menaces djihadistes.

Avec AFP et Lemonde.fr

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