Guinée: Les dessous de la grâce présidentielle accordée à Moussa Dadis Camara

Le 28 mars 2025, le président de la transition guinéenne, le général Mamadi Doumbouya, a accordé une grâce présidentielle à l’ancien chef d’État Moussa Dadis Camara pour des raisons de santé. ​

Selon certains observateurs cette grâce est aussi politique. En effet, Mamadi Doumbouya qui s’apprête à se porter candidat à l’élection présidentielle à venir, a fortement besoin du soutien du sud-est forestier du pays, la région d’origine de Dadis.

Moussa Dadis Camara, qui avait pris le pouvoir par un coup d’État en 2008, avait été condamné en juillet 2024 à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité en lien avec le massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry, où au moins 157 personnes avaient été tuées et des dizaines de femmes violées lors d’une manifestation pro-démocratie. ​

Cette grâce suscite des interrogations et des réactions diverses au sein de la population guinéenne et des familles des victimes, qui expriment leur déception et leur incompréhension face à cette décision. ​

En décembre 2024, la région de Guinée forestière avait été le théâtre d’un drame majeur. Le 1ᵉʳ décembre, lors d’un match de football au stade 3 Avril de N’Zérékoré, une bousculade a causé la mort d’au moins 56 personnes, selon les chiffres officiels. Toutefois, des organisations locales de défense des droits de l’homme avancent un bilan bien plus lourd, estimant à 135 le nombre de victimes, principalement des jeunes de moins de 18 ans.

Ce tournoi était en hommage au général Mamadi Doumbouya. Selon nos sources, la bousculade avait été déclenchée par une altercation entre des jeunes opposés au général Doumbouya et des forces de l’ordre.

Cette tragédie avait suscité une vive émotion à travers le pays, entraînant des manifestations et des actes de vandalisme, notamment l’incendie d’un commissariat à N’Zérékoré. ​

Hervé Coulibaly

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