Qu’exige le FMI du Sénégal ?

Après la publication du rapport de la Cour des comptes qui a révélé que la dette du pays était bien supérieure à ce qui avait été annoncé par le précédent gouvernement, le FMI encourage les autorités à poursuivre « l’assainissement des finances publiques ». Et espère relancer un programme d’aide « le plus tôt possible ».

Une délégation du Fonds monétaire international (FMI) s’est rendue à Dakar le 18 mars dernier pour se pencher sur l’audit des finances publiques au Sénégal. Si depuis l’année dernière et la révélation par le gouvernement Sonko d’erreurs dans les données transmises par la précédente administration, le programme d’aide du FMI est suspendu, ce dernier espère bien pouvoir débloquer la situation sous peu.

Pour rappel, en juin 2023, le FMI avait validé un programme de prêt de 1,8 milliard de dollars mais seuls 770,5 millions de dollars avaient été versés au Sénégal. En cause, la volonté des autorités nouvellement élues d’auditer les finances publiques du pays. Au final, la Cour des comptes a révélé en février que la dette s’élevait en fait à près de 100 % du PIB contre les environ 74 % annoncés sous Macky Sall. La note souveraine du pays avait alors été dégradée par l’agence de notation Moody’s, passant de Ba3 à B1.

Ce que nous recommandons, c’est de prioriser les dépenses actuelles, en espérant pouvoir arriver à un nouveau programme avec le FMI le plus tôt possible qui pourra permettre de débloquer des financements », a ainsi affirmé Edward Gemayel, le chef de la délégation de l’institution internationale.

Faire des économies sur les exonérations

Pour ce faire, le FMI souhaite que l’État sénégalais mette en place « deux grandes réformes ». La première concerne l’assainissement des finances publiques, « à cause de la dette qui atteint des taux assez élevés ». Deuxième mesure : mettre en œuvre le nouveau programme économique du gouvernement « pour attirer des investissements, qui vont beaucoup aider », selon Gemayel.

Baptisé « Sénégal 2050 : agenda national de transformation », ce programme ambitieux a pour but d’atteindre une croissance économique annuelle moyenne de plus de 6 %, et de rendre l’environnement des affaires plus attractif. Le chef de la délégation du FMI s’est voulu rassurant sur l’image du Sénégal auprès des investisseurs : « Il y a un rôle très important pour le secteur public à jouer au Sénégal. Il y a beaucoup d’opportunités d’investissement. »

Autre piste privilégiée par le FMI : faire des économies sur les « exonérations » accordées par le gouvernement à des entreprises. « De ce point de vue, il y a beaucoup d’économies qui peuvent être générées au niveau des exonérations qui sont estimées à plus de 7-8 % du PIB. »

Nouvelle mission à venir

« Les autorités ont émis leur souhait d’annuler le programme actuel et de négocier un nouveau programme », a également dévoilé Edward Gemayel. Si le gouvernement a déjà annoncé une série de mesures pour diminuer le train de vie de l’État, le président Bassirou Diomaye Faye doit composer avec un « État dont les marges de manœuvre budgétaire et financière n’existent quasiment plus », a-t-il souligné.

Pour le FMI, ces mesures vont « dans le bon sens », et les autorités semblent « déterminées à prendre les réformes nécessaires et adéquates ». Selon nos informations, une nouvelle mission devrait être dépêchée au Sénégal dans les prochaines semaines pour s’accorder sur un nouveau programme. Dans le meilleur des cas celui-ci serait validé en juin, synonyme de décaissement et donc d’une bouffée d’oxygène pour les finances publiques du pays.

(Avec AFP et Jeune-Afrique)

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