Le parti présidentiel assure que Ouattara briguera un quatrième mandat

Le RHDP soutient la candidature d’Alassane Ouattara pour un 4ᵉ mandat et lance sa machine électorale, tandis que l’opposition dénonce l’absence de ses ténors.

Jusqu’à présent le président ivoirien Alassane Ouattara a déclaré, être « désireux de continuer de servir » son pays, tout en assurant ne pas avoir pris de décision au sujet de sa candidature à un quatrième mandat à la présidentielle d’octobre 2025.

La formule eût été difficilement plus limpide. Mercredi 19 mars, à l’occasion des « rendez-vous du RHDP » – prises de parole organisées chaque quinzaine – le parti au pouvoir a confirmé son indéfectible soutien à l’actuel président de la République de Côte d’Ivoire. Au pupitre, le ministre de l’Agriculture aux airs de tribun, Kobenan Kouassi Adjoumani, qualifiait l’échéance d’octobre 2025 d’« élections que nous sommes sûrs de remporter au premier tour avec notre champion Alassane Ouattara qui sera investi bientôt ».

Cette déclaration sans ambiguïté confirme la nette accélération que connaît la période dite préélectorale dans ce pays d’Afrique de l’ouest. Les communications en cascade des différents camps coïncident avec l’étape clé de relecture, correction puis validation de la liste électorale, aussi appelée « contentieux ». Un moment politique lourd de conséquences pour les prétendants qui, en dépit de potentiels recours, resteraient exclus dudit fichier.

Pour l’heure, Charles Blé Goudé (Cojep), Laurent Gbagbo (PPA-CI) et Guillaume Soro (GPS) – trois figures de l’opposition – restent évincées et donc inéligibles au motif des condamnations qui pèsent sur leur personne.

Le RHDP fait corps derrière son président

À moins de huit mois du rendez-vous fixé dans les urnes, les cadres du RHDP annoncent une tournée régionale de grande ampleur : « Nous allons bientôt envahir la Côte d’Ivoire », promettant une véritable « marée orange » (la couleur du parti). Pour appuyer la plus que probable candidature d’Alassane Ouattara, le RHDP pourra s’appuyer sur un large ancrage régional. À l’issue des dernières élections locales, ce mouvement transformé en partie au tournant de 2018, avait raflé 123 des 201 communes que compte la Côte d’Ivoire : soit une assise particulièrement confortable. À la barre, le ministre Adjoumani s’enorgueillit en outre d’une formation aux « fondations solides » rassemblant de « vieux briscards de la politique » et des « jeunes dynamiques ».

On promet également un second congrès extraordinaire du RHDP dans le courant du mois de mai. Moment qui devrait coïncider avec l’investiture officielle d’Alassane Ouattara, souffle une communicante du parti. Le président en poste depuis 2011 briguerait ainsi un quatrième mandat. Pour rappel, sa réélection de 2020 faisait suite au décès inopiné d’Amadou Gon Coulibaly, dauphin affiché du RHDP, quelques mois seulement avant le vote. Ce troisième mandat avait été rendu possible par le passage à une nouvelle constitution en 2016. Si les observateurs attendent désormais confirmation par les mots d’Alassane Ouattara, on avance au parti que la campagne de 2020 alors intitulée « Côte d’Ivoire 2030 » recelait un indice…

« Il n’appartient pas au RHDP de choisir ses adversaires », répondait aux critiques le ministre de la Promotion de la Jeunesse, Mamadou Touré. Car depuis la publication de la liste électorale provisoire, l’opposition n’a eu de cesse de dénoncer un processus souffrant d’un manque d’inclusivité et de transparence. La demande d’audit formulée par le PPA-CI de Laurent Gbagbo fût ainsi balayée d’un revers de la main. Le RHDP, préférant renvoyer l’opposition vers la Commission électorale indépendante (CEI) afin de porter leurs réclamations. « Ce contentieux est un audit populaire de la liste électorale » ; « l’occasion est donnée à chacun de venir avec ses preuves », commentent sereins, tantôt narquois, les représentants du pouvoir en place.

Un autre opposant d’envergure a par ailleurs emboité le pas aux critiques adressées à la CEI et au pouvoir d’Alassane Ouattara. Sur le plateau de France24, le président du PDCI Tidjane Thiam livrait en ces termes son ressenti : « Une élection où des candidats qui représentent des millions d’Ivoiriens ne sont pas représentés, monsieur, c’est un problème. » Celui qui est désormais libéré de sa nationalité française – tel que précisé par le journal officiel du 19 mars 2025 – s’affiche en soutien d’autres segments de l’opposition sur lesquels il devra compter pour briguer la fonction suprême. La première pierre de cette dynamique avait été posée il y a quelques jours à peine avec la création de coalition CAP-Côte d’Ivoire, placée sous l’égide du PDCI.

Côté RHDP, on répond inlassablement que l’opposition « s’abandonne à la surenchère », en vue de « retarder le scrutin ».

LePoint.fr
De notre correspondant à Abidjan, Hadrien Degiorgi
© NICOLAS MESSYASZ/SIPA

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