Dans la région d’Aboisso sera mise en service cette année, une centrale électrique à biomasse. L’électricité sera produite à partir de résidus de palmiers à huile. Dans les centrales au gaz, de l’eau est portée à ébullition grâce au gaz, la force de la vapeur qui en résulte fait tourner une turbine et l’électricité est ainsi produite. Dans une centrale à biomasse, l’eau est portée à ébullition par la combustion de résidus agricoles ou végétaux. Avec une puissance de 46 mégat-watt (MW), la centrale d’Ayebo aura une production plutôt faible comparée à la centrale au gaz d’Azito (710 MW). Mais son importance réside ailleurs.
La production d’électricité à partir de la biomasse (résidus végétaux ou animaux) n’est pas une technologie nouvelle. En Afriquesub-saharienne,on a affaire à des centrales de petites tailles, qui produisent pour une usine, une ferme, ou une zone résidentielle en circuit fermé. La centrale d’Ayebo sera une première, en ce sens que ce sera la première installation de cette taille sur le continent dont la production sera directement injectée dans le réseau national d’électricité. Il ne s’agira pas de produire pour des clients isolés, mais d’alimenter le réseau national, cela fait une différence de taille avec ce qui se fait ailleurs.
12 000 petits planteurs seront concernés, ils percevront globalement 20 milliards CFA chaque année pour leurs résidus. D’autre part, du fait de leur forte teneur en potassium, les cendres issues de la combustion des résidus seront un engrais naturel qui sera fourni aux planteurs. Ainsi une économie circulaire va se mettre en place, car rien ne sera jeté du palmier à huile. Si le projet est économiquement concluant, il est prévu de le répliquer dans quatre autres zones, à savoir San Pedro, Soubré, Dabou, et au PK-24 de l’autoroute du Nord, et bien sûr dans les autres pays africains producteurs de palmier à huile (Nigéria, Cameroun, Gabon, ……) qui sans doute suivent avec attention ce qui se passe.
24 projets de production d’électricité à partir de la biomasse sont en phase d’études présentement, dont la centrale à Divo d’une puissance de 73,6 MW qui utilisera des résidus de cacao, et celle de Ferké (ou Kong) d’une puissance de 25 MW qui utilisera des tiges de coton. Ce sont les deux projets les plus avancés. Il existe également un vieux projet consistant à produire du gaz naturel (le méthane) à partir des ordures ménagères, puis dans un second temps d’utiliser ce méthane pour la production de l’électricité. On comprend alors l’importance de la centrale d’Ayebo, pour la filière du palmier à huile, mais aussi pour le futur sous-secteur de production d’électricité à partir de la biomasse, dont la Côte d’Ivoire se veut pionnière. Il est certain que la réussite commerciale de la centrale d’Ayebo va accélérer tous ces projets qui sont en attente en ce moment, dont la puissance cumulée est d’environ 1540 MW, de quoi permettre à la CI de dominer le marché de l’électricité en Afrique de l’Ouest en exportant massivement chez ses voisins.
Pourtant le chemin fut long. C’est en 2011 qu’on entend parler pour la première fois d’une future installation qui produira de l’électricité à partir des résidus de palmier à huile. Le projet est porté par BIOVEA-Energie, un consortium de trois entreprises, EDF-électricité de France (40% du capital), BIOKALA filiale de SIFCA de l’homme d’affaires Jean Louis Billon (24%), et MERIDIAN une société d’investissements (36%). C’est en 2014, trois années plus tard,que le projet est officiellement présenté à l’Etat ivoirien, représenté par le ministre du pétrole et de l’énergie d’alors, Adama Toungara.
Il s’ensuit des discussions entre ce consortium et l’Etat ivoirien via les quatre ministères concernés par le projet, à savoir les ministères de l’énergie et du pétrole, de l’agriculture, de l’environnement, et des finances, le tout sous la supervision de la primature. C’était du nouveau pour les Ivoiriens, il n’existait pas de cadre réglementaire et juridique, encore moins tarifaire pour une telle industrie, il a fallu donc tout créer. Les discussions vont prendre cinq longues années (2015-2019).
Une première étape est franchie en Novembre 2017, lorsque l’Etat ivoirien et le BIOVEA-ENERGIE (le consortium des trois entreprises) signent un accord sur le prix de vente de l’électricité qui sera produite. Elle sera vendue au prix de 62 FCFA le KWh. La production d’électricité a été libéralisée en CI, mais pasla distribution et la vente, toujours sous monopole de la CIE. Ainsi l’électricité produite est d’abord vendue à la CIE, puis celle-ci la vend au consommateur. Après cet accord sur le prix, est intervenue en décembre 2019 la signature de la convention de concession entre l’Etat et BIOVEA-ENERGIE. C’était le Ok final pour le projet, la construction de la centrale pouvait ainsi débuter.
La centrale BIOVEA est un investissement BOOT (build-own-operate-transfer) du même type que la centrale d’Azito. Le consortium BIOVEA-ENERGIE finance, construit, gère l’infrastructure pendant la durée de la concession (25 ans), puis la rétrocède à l’Etat au terme de celle-ci. D’un cout de 237 millions d’euros soit un peu plus de 155 milliards de FCFA, la centrale va fournir de l’électricité à 1,7 millions de personnes. Initialement prévu en 2020 pour une
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