Par Denis KAH ZION – Lancement de la Coalition pour l’Alternance Pacifique (CAP) en Côte d’Ivoire: « Cette coalition ira-t-elle jusqu’à désigner un candidat unique pour la présidentielle ?
Depuis lundi 10 mars 2025, ceux qui, au sein du pouvoir RHDP, rêvaient de surfer sur la désunion de l’opposition pour organiser et réussir un passage en force après une élection bâclée, doivent avoir un réveil brutal. Le lancement de la Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire est non seulement un signal fort de ce que les Ivoiriens, dans leur grande majorité, aspirent à une élection sans tache et ouverte, mais il consacre également le sursaut qui anime les partis et groupements politiques de l’opposition quant à la détermination de lutter pour arracher les conditions d’une élection incontestable.
Baptisée Coalition pour une alternance pacifique – CAP Côte d’Ivoire, cette plateforme, faite de 25 partis et mouvements politiques, entend se donner tous les moyens légaux et démocratiques pour peser sur le processus électoral en cours et qui est loin de réunir les conditions d’une élection apaisée, inclusive et transparente.
Parmi les principales revendications de CAP Côte d’Ivoire, il y a (pour l’essentiel) la révision de la liste électorale avant la présidentielle ; l’équilibre et l’impartialité effective de la Commission Electorale Indépendante (CEI) ; l’audit de la liste électorale ; la publication des résultats, bureau de vote par bureau de vote. Toute chose que la CEI, dirigée par M. Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, refuse jusque-là.
Pour obtenir donc que la révision de la liste électorale 2025 soit faite avant la tenue du scrutin du 25 octobre, pour donner la chance à des millions d’Ivoiriens ayant atteint l’âge de voter, n’ayant pas eu le temps de se faire enrôler sur la liste en 2024, ayant changé de lieu d’habitation… de prendre part au choix des dirigeants du pays, il faut de la détermination de la part de l’opposition.
Pour obtenir que la CEI, l’arbitre, soit équilibrée et se tienne à équidistance des partis politiques et des différents éventuels candidats, il faut de la détermination de la part de l’opposition. Pour que la liste électorale soit désinfectée de tous ceux qui ne devraient pas y être (mais qui par magie y sont) afin que seuls les Ivoiriens véritables et seuls électeurs choisissent leurs dirigeants, il faut de la détermination de la part de l’opposition.
Pour éviter cette fois-ci la centralisation suspecte des résultats (source de fraudes) et afin de faire suivre par le peuple le dépouillement transparent, bureau de vote par bureau de vote, il faut de la détermination de la part de l’opposition. Le lancement de CAP en Côte d’Ivoire est ainsi le début de la mise en commun de la détermination affichée par chaque parti et mouvement politique.
Cette détermination est portée par le président Tidjane Thiam et les militants du PDCI-RDA. «Nous savons tous que nous jouons dans un match où l’arbitre a parfois marqué des buts. Malgré cela, il va nous falloir gagner et nous le pouvons, car nous avons les meilleurs joueurs, la meilleure équipe technique… L’heure n’est pas au discours mais à l’action… Ensemble allons donc chercher cette victoire en octobre 2025 », disait le président du PDCI-RDA, 24 heures avant la signature de la Coalition, qui ajoutera, hier à l’endroit de tous les Ivoiriens épris de paix et de justice : « Nous sommes déterminés à tout mettre en œuvre pour que la paix règne en Côte d’Ivoire».
Cette coalition ira-t-elle jusqu’à désigner un candidat unique pour la présidentielle ?
Cette détermination qui anime aujourd’hui plus d’un Ivoirien est la résultante d’une politique hasardeuse mise en place et pratiquée sans sourciller par le pouvoir RHDP depuis quinze ans. Le RHDP, en quinze ans de règne sans partage, aura montré au monde entier sa face hideuse en matière de gouvernance : Une dette exponentielle qui expose dangereusement les générations futures ; une paupérisation sans précédente des masses laborieuses ; la corruption à tous les niveaux de la chaîne étatique ; la lutte contre les pauvres en lieu et place de la lutte contre la pauvreté ; l’école en déclin avec son corollaire de la perdition de la jeunesse qui croupit sous les coups conjugués de la malformation, du chômage, de la délinquance, de la drogue, de la facilité ; la destruction de l’environnement à un rythme effréné par l’orpaillage clandestin protégé par des mains obscures puissantes ; les scandales financiers (détournements de deniers publics et surfacturations) dénoncés ou passés sous silence avec des enquêtes qui n’aboutissent jamais ; l’insécurité économique, l’impunité garantie pour un clan et la traque garantie pour un camp ; l’échec de la réconciliation nationale.
En somme, 15 ans de règne dont les séquelles affligeront le peuple ivoirien dans des décennies. C’est donc pour mettre fin à tout cela que l’opposition, faisant fi des clivages et des intérêts égoïstes, se met ensemble.
Maintenant que la CAP en Côte d’Ivoire renforce l’espoir que suscite une opposition unie, une question se dégage : Cette coalition ira-t-elle jusqu’à désigner un candidat unique pour la présidentielle ? C’est une paire de manches qui peut constituer une autre étape de la conjugaison des forces et intelligences.
« Les modalités de participation seront débattues au sein de la plateforme », répond Soumaïla Bredoumy, le porte-parole du PDCI. Ne dit-on pas que l’appétit vient en mangeant? L’intérêt supérieur de la nation, certainement primera le moment venu.
Avec Le Nouveau Réveil / Mardi 11 Mars 2025 – N°6819
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